Jerry Goldsmith (1929-2004) › Planet of the Apes

Sans conteste un des compositeurs de musiques de films des plus prolifiques, Jerry Goldsmith a su, tout au long de sa longue carrière, s'adapter à merveille aux propos qu'il était sensé illustrer. Lui, le génial concepteur de la musique titre de "La Quatrième Dimension", nous prouvera à maintes reprises qu'il est un des maîtres absolus des musiques de films d'anticipations et de fantastiques. Avant la bande son glaciale d'"Alien" en 1979, celle de "Capricorn One" en 1978, ou celle plus effroyable de "La Malédiction" en 1976, il nous avait concocté - on l'oublie trop souvent - celle de "La Planète des Singes", sans doute l'ancêtre de ses travaux les plus obscurs. Dès le premier titre, il se vautre dans l'atonalité avec délectation, procédé infaillible pour traduire un "autre" possible, un "ailleurs" perverti, différent, que seules quelques similitudes avec nos canons esthétiques rend familier. Les cordes sont lâchées pour représenter avec fracas les fortes émotions ressenties par le personnage de Taylor au gré de ses pérégrinations sur une Terre qu'il croit inconnue. Le reste n'est que réverbération, phrasé de flûtes énigmatiques, piano préparé, clameur des percussions, métalliques ou faites de bois, tôles froissées, silences insoutenables, cor et trompettes qui éructent des signals de chasse que l'on devine sans merci... La bande son de "La Planète des Singes" se prête à merveille aux images du film, qu'il sauve plus d'une fois du ridicule dans lequel il pouvait à tout moment plonger, surlignant la profondeur du propos évoqué et stimulant avec maestria ce sentiment d'effroi dont il se veut le véhicule. Pari gagné.