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Cecil Taylor › Conquistador!

2 titres - 37:11 min

  • 1/ Conquistador (17:54)
  • 2/ With [Exit] (19:17)

informations

Van Gelder Studio, New Jersey, USA, 6 octobre 1966

Import japonais

line up

Andrew Cyrille (batterie), Henry Grimes (contrebasse), Jimmy Lyons (saxophone alto), Alan Silva (contrebasse), Cecil Taylor (piano), Bill Dixon (trompette)

chronique

  • free jazz > avant garde

Enregistré à quelques mois d'intervalles, "Conquistador!" est la seconde et dernière livraison de Cecil Taylor pour le label Blue Note qui ouvrit ses portes un temps à des musiques à teneur plus avant-gardistes. Avec Taylor, ils ne pouvaient être que comblés, et son passage, bien que de courte durée, aura son influence. Lancé à corps perdu dans deux batailles flirtants allégrement avec les vingt minutes, ce nouveau disque voit le groupe se recentrer sur un sextet. Henry Grimes et Alan Silva maintiennent leurs rôles de contrebassistes, mais seul Jimmy Lyons reste en charge des parties de saxophone alto, la trompette étant confiée au non moins déméritant Bill Dixon. Étonnamment, l'absence d'un septième élément perturbateur, tel un électron libre, confère au disque une atmosphère somme toute plus apaisée, sans commune mesure avec les assauts répétés d'"Unit Structures". La plage titre, comme "With (Exit)", possèdent leurs moments de haute mélodicité, pour l'un tantôt inspirée de l'école jazz modale, tantôt, pour l'autre, comme issue d'une sonate de piano digne de l'école Viennoise. Pour autant, les recherches percussives de Taylor sur son instrument de prédilection restent plus que jamais d'actualité et, couplée à cette approche atonale récurrente comme la suggérait déjà Schönberg, contribue à l'éclatement pur et simple des harmoniques en un feu d'artifice de pièces éparses où chaque note a sa couleur, mais aussi sa place, aucune ne prévalant sur l'autre. Car la liberté du free jazz n'a jamais tendu vers l'anarchie, que du contraire ! Il s'agit plutôt d'une restructuration, d'une redistribution des rôles qui tend à l'équité. Pour peu, on pourrait croire que "Conquistador!" fait office de disque plus introverti. La palette sonore y est toujours aussi riche mais, indéniablement, elle n'a pas la vitesse d'exécution et l'énergie de son frère jumeau, paru un peu plus tôt dans l'année. Non, "Conquistador!" est peut-être seulement plus grave dans le ton, plus sévère, plus sombre aussi et peut-être même plus réfléchi dans son approche systématique du dynamitage en bonne et dûe forme des structures conventionnelles. L'un comme l'autre sont pourtant les mêmes facettes d'un même homme. Seule la perspective est différente.

note       Publiée le jeudi 19 septembre 2002

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    darkmagus Envoyez un message privé àdarkmagus

    J’avoue que si j’ai eu du mal au début avec « Unit Structures », ce disque là se laisse apprivoiser bien plus facilement, et comme le dit justement Coltrano, le Taylor intimiste est considérablement méconnu. Pour ceux qui voudraient découvrir Cecil Taylor sans heurt, ou approfondir cette approche soft, deux disque référence en plus de « Conquistador » : « Love for Sale » et « The World of… » ce dernier, que l’on trouve aussi sous les appellations « Air » ou « Port of Call », se déroule même dans un climat particulièrement calme.

    Note donnée au disque :       
    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile
    Moins féroce que son prédecesseur, dû en partie au changement de couleur qu'amméne le remplacement d'Eddie Gale par un Bill Dixon moins intense mais plus aérien, et à la soustraction d'un soufflant, "Conquistador" pourra paraître plus abordable ou plus classique à certains mais ferait presque office de curiosité pour les fans de Taylor. Taylor démontre à ceux qui en doutaient qu'il n'est pas que bruit et fureur. Un bien beau disque.
    Note donnée au disque :