Charles Mingus › The clown

Dans la foulée de "Pithecanthropus Erectus", Mingus semble être inspiré et livre encore une session extraordinaire pour le label Atlantic. S'il fallait encore des preuves supplémentaires certifiant que Mingus conçoit ses compositions comme des histoires plus qu'autre chose, alors il me paraît essentiel de considérer le cas de "The Clown", l'album, mais surtout le titre, où l'aspect scénarisé à outrance est exemplifié ponctuellement par la narration de Jean Shepherd et où tout le sens de la dramaturgie est mis en évidence. Avant d'atteindre ce point de chute, nous aurons au préalable été confrontés à deux classiques de son répertoire : "Haitian Fight Song" où le trombone de Jimmy Knepper surplombe majestueusement les sections les plus enlevées, et "Reincarnation of a Lovebird" dont l'introduction reste d'une incroyable modernité, empruntant sa structure aux auteurs contemporains les plus farouches. Certains titres de cette session avaient été écartés mais publiés bien des années plus tard sous l'intitulé "Tonight at Noon" auquel on rajouta d'autres titres des sessions "Oh Yeah". Dans le cadre de cette réédition de luxe, on retrouve deux de ces morceaux ici en bonus et, c'est peut-être paradoxal, si l'album est déjà en soi très bon, il se trouve que ces titres, "Passions of a Woman Loved" et le dynamiquement irrépressible "Tonight at Noon" aux mille couleurs et dissonances, se montrent être peut-être les titres les plus impressionnants du lot. Encore un grand disque.