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Bruit Noir › I / III

cd • 10 titres • 42:15 min

  • 1Requiem3:26
  • 2Joe Dassin3:33
  • 3L'usine4:17
  • 4Joy Division6:12
  • 5Je regarde les nuages2:29
  • 6La province4:37
  • 7Manifestation3:33
  • 8Low Cost4:02
  • 9Sécurité sociale4:06
  • 10Adieu6:00

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Pascal Bouaziz (textes, voix), Jean-Michel Pires (musique)

chronique

Le passé, c’est lourd. Alors faudrait éviter de tomber dedans trop souvent. Vu que c’est facile, en plus. Hop, on tourne la tête, on est tombé comme dit Pascal. C’est une bonne formule ça. Il en a plein des façons de dire des trucs qui restent en tête Pascal. Dans sa tête, et puis dans la notre vu que Bruit Noir, c’est un peu un branchement sur son flux de conscience. Ce volume I, c’est déjà du passé. Pascal l’ouvrait sur son propre requiem. Toujours le mot pour rire. Portrait d’un artiste en… euh… en mec qu’a disparu, qu’avait changé, qu’avait pris du poids et qui ressemblait à Carlos. Il se faisait pas de cadeau déjà, son narcissisme avait un arrière goût de cendre. Pires non plus fait pas de cadeau pour l’accompagnement musical. Il est comme un homme orchestre qui aurait oublié tous ses instruments sauf les percussions et quelques cuivres. Avec ça faut bien comprendre que ça va pas donner de la musique de fanfare non plus. Post-punk gris et lancinant, partout. Les histoires de Pascal sont pas bien rigolotes non plus, mais la lucidité, c’est la blessure la plus proche du soleil comme disait le poète. C’est vrai, c’est quoi qu’il reste après une histoire d’amour ratée ? De beaux souvenirs ? Non. Non non, pas vraiment. C’est bof. Mais ça n’empêche pas de ratiociner, d’y retomber dans le passé, c’est moche tout ça. Pascal aussi a des idées qui le traversent sur la société. Parce qu’elle est toute grise aussi, un peu. Sans faire d’agit-prop, ni de petite morale, il mâchonne ses réflexions sur « L’usine » avec un dégout lointain, le dégoût d’une horreur qu’il a la chance de ne pas connaître, et nous non plus d’ailleurs. C’est comme un documentaire morose qui défile. On sait que ça existe mais on n’y pense pas, c’est plus pratique. Précision, toujours : l’usine c’est un abattoir. Précision, encore : c’est bien dénombré pour donner une idée de l’échelle de l’abomination, un truc à rendre fou. Même Morrissey avec « Meat is Murder », il m’avait pas donné autant envie de devenir végétarien. L’abattoir des animaux, l’abattoir de son humanité, y a que quelques pas entre les deux. Le monde de Pascal, c’est le notre, parfois c’est plus rigolo, enfin si on veut, l’humiliation, ça consiste juste à crever en low-cost comme un con. C’est vrai que voyager sur EasyJet, c’est moche, même si avec Pascal dans le casque, au moment du décollage, ça devient tragi-comique. Le lien là-dedans, c’est qu’on nous trimballe à droite à gauche comme les boeufs à l’abattoir, d’une façon ou d’une autre. Les labyrinthes sans solution de la « Sécurité sociale », avec son énumération obsessionnelle sur ce fond de post-punk qui grince, c’est du Kafka. La conclusion de Pascal est sans appel : c’est fait exprès. Mais bon, de toute façon, les gens, ils sont pas non plus très fréquentables. La haine de toute « Manifestation » et sa misanthropie toute agoraphobique mène à un seul cri, au-delà du malthusianisme : la fin de l’humanité. Les mecs en premiers parce qu’ils sont les plus cons. C’est vrai qu’il faudrait toujours manifester tout seul, comme Desproges, étant donné qu’au-delà de quatre on est une bande de cons. Bon Pascal n’aime personne en fait ? A Paris à la limite, et encore, mais en province… Y a pas que le post-punk qui grince. Pascal est un grince-sans-rire. Ahhhh, sa façon de dire « A dix minutes en voiture, c’est, c’est bien à dix minutes, t’es au centre ville. Mais pourquoi t’irais au centre-ville ? Y a rien. » Vous connaissez Saint Nazaire ? Non je demande comme ça. Salutation à Jean-Luc le Ténia au passage, Bouaziz ironise à peine, même pas besoin. Les noms sont choisis avec une délectation infecte. Niort. N.I.O.R.T. Ca sent pas le bon film de Délépine et Kervern ça ? J’espère qu’un jour Bruit Noir fera un morceau sur les aires d’autoroutes, ils ont la fibre pour ça. C’est aussi dégoutant que drôle, surtout les petits blips et blops qui ressemblent à des bouchons de Villageoise qui sautent. En tout cas c’est plus drôle que Bouaziz qui imite le bruit du tazer dans l’abattoir. On y revient, tout le temps. Mais y a encore plus fort, plus terrifiant aussi. Y a le passé, toujours lui, celui qu’il faut fuir à tout pris. Nique sa mère la psychanalyse. Faut refermer la porte de la chambre d’enfant. Que ce dernier morceau est terrible. Un secret comme ça, ça se chuchote en tremblant. Cette fois, Pires sort un vrai requiem, pas un pour de rire, avec des cuivres qui bourdonnent comme une migraine et des cymbales mortifères. On voudrait que ça s’arrête, cette histoire, c’est abominable, ça te cloue sur place. Alors le passé, faut pas retomber dedans. Faut refermer la porte, une bonne fois.

note       Publiée le dimanche 15 septembre 2019

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    M-Atom Envoyez un message privé àM-Atom

    ma femme qui est originaire de chartre apprécie ! sinon le dernier titre est effectivement monstrueux...

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    A.Z.O.T Envoyez un message privé àA.Z.O.T

    Enfin vu à la maroquinerie la semaine dernière, je ne soupçonnais pas le côté stand up du pascal qui a passé plus de temps à parler avec le public qu'à faire ses morceaux.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    "même le jour c'est toujours la nuit en province". arf

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