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André Campra (1660-1744) › Requiem

14 titres - 57:07 min

  • Motets «Benedictus dominus»
  • 1/ Chœur 2.31
  • 2/ Air de dessus 3.49
  • 3/ Duo ténor-haute contre 1.49
  • 4/ Air de basse 1.57
  • 5/ Chœur 2.25
  • 6/ Récit de basse 2.24
  • 7/ Chœur 2.26
  • Requiem
  • 8/ Symphonie, chœur et trio 6.28
  • 9/ Kyrie 4.12
  • 10/ Graduel 5.21
  • 11/ Offertoire 9.30
  • 12/ Sanctus 2.44
  • 13/ Agnus dei 5.09
  • 14/ Post-communion 6.07

informations

Enregistrement du 1er au 4 juin 1991 en la Collégiale de Champeaux. Prise de son : Nicolas Bartholomée. Direction générale de la production : André Poulain.

Pour les amateurs de musique sacrée baroque en général je recommande comme alternative la version de John Eliot Gardiner (erato), plus rude, moins «française». Comme cette version ci, rééditée dans le cadre de la collection économique «Accord baroque», la version de Gardiner est disponible dans une des nombreuses collections mid-price de Erato.

line up

Véronique Gens, Anne Gotvosky (dessus) ; Jean-Paul Fouchécourt (haute contre) ; Joseph Cornwell (taille) ; Peter Harvey (basse taille) ; Le Concert Spirituel ; Hervé Niquet (direction)

chronique

  • musique sacrée-baroque

André Campra écrit son requiem vers 1730. Nous sommes en plein baroque et Campra est un des représentants français émérites du genre, et très proche des puissants de son époque. Si ce requiem débute avec obscurité et lenteur, notamment par un «Kyrie» très émouvant, comme le dit si simplement le livret : «peu à peu, ce mouvement douloureux s’éclaire : l’Homme doit être convaincu de l’heureux aboutissement de ses prières…à presque 60 ans, Campra se montre ainsi dans cette messe de requiem, homme de foi, touché par la grâce, sincèrement inspiré par l’espoir d’une résurrection… ». Foi, espoir, grâce… tout cela est positif, certes, mais on va rencontrer ici des moments musicaux qui relèvent bien plus de la fête royale joyeuse et élégante que de la vision mystique. Une pièce comme l’offertoire traverse avec un déconcertant éclectisme les sentiments, les joies immenses, la légèreté, la gravité magnifique et profonde, mais aussi l’affliction. Moins dramatique dans ses ombres que celui de Biber, plus sensuel, plus intime, le requiem de Campra est aussi encore plus contrasté, divers, changeant, riche évidemment, sophistiqué c’est obligatoire, et finalement un peu insaisissable. Le compositeur sait trouver les instants mélodiques et peinés adéquates, la lenteur juste et il fait preuve d’une très grande imagination dans le domaine instrumental, variant les accompagnements, les formations, les modes de composition pour offrir une partition à la fois ombrée et chatoyante. Le sanctus est une douceur triste pour ténor et orgue flûtée… l’agnus dei une plainte bouleversante pour soliste et chœur où les violons viennent soutenir la solennité des harmonies. Mais dès la première seconde de la post-communion, on revient à la joie, on passera par la béatitude éthérée et pathétique, et on repartira dans un duo pour sopranos soutenues par un chœur radieux. Ces dynamiques dans le sentiment exprimé, finalement, existaient déjà chez Richafort, Guerrero, et on les entendaient déjà plus distinctement chez Biber. A mesure que le langage musicale s’est enrichi et compliqué, et que l’on doit aussi se conformer à une somme de règles relevant autant de la technique que d’un subjectif «bon goût», les partitions finissent par subir de véritables distorsions. A l’espoir mystique doit correspondre l’allégresse musicale, la richesse des ornements, à la gravité doit répondre une forme rythmique précise et un mode tonal unique et défini d’expression du «sombre». Cette partition montre largement dans ses détails l’incontestable talent mélodique de André Campra, ainsi que la maîtrise dont il fait preuve. Mais quelque chose commence, réellement, à disparaître, derrière les contraintes esthétiques imposées par cette musique, à cette époque. L’espoir bienheureux de l’au-delà et la peine causée par la mort se distinguent de plus en plus l’une de l’autre, se côtoient, se succèdent, mais ne se confondent plus dans ces élévations mystiques et abstraites des polyphonies anciennes. La musique parle de plus en plus de musique, et trahit quelque peu l’expression de l’artiste, si grand soit-il. A l’arrivée il s’agit d’un des requiems baroques les plus célèbres et estimés, à juste titre. Mais s’il présente encore ses instants de tristesse, il s’éloigne incontestablement de ce que l’on imagine, aujourd’hui, pour une cérémonie de mort.

note       Publiée le samedi 3 août 2002

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    gregdu62 Envoyez un message privé àgregdu62

    Très bonne découverte ! Outre l'ouverture, le Kyrie et surtout le Post-communion sont particulièrement magnifiques chacun à leur manière. En effet une alternance d'atmosphères où le "joyeux" et le plaisir purement musical sont plus prégnants que la mystique et la tristesse

    Note donnée au disque :