Godflesh › Decline & Fall

Avant d’avoir été un poil déçu par le retour du Godflesh, il y eut cet EP qui passa like a candle dans le vent... vite, tel un bolide, et « tiens, c’est vrai, il n’avait rien sorti depuis 10 ans sous ce nom-là, mais je l’ai vu jouer il y a peu des choses qui ressemblent à du Godflesh dans son Jesu ». Ici, donc, contrairement à la grosse bourrinade du World Lit Only by Fire, la binarité est un tout petit peu plus soft, Justin Broadrick chantonne comme un moine qui a du mal à tenir ses notes et hurle avec parcimonie, c’est à dire comme il le faisait déjà depuis longtemps avec l’autre projet du nom de la chair de Dieu mais sans S, vous suivez ? Putain, en fait j’ai encore vachement délié le discours, retardé la mise à l’allumage parce que je n’ai jamais eu grand chose à dire sur cet EP... Merde ! Godflesh ce sont des chansons, qui restent en tête, du genre on l’entend pour la première fois et il y a un Saisissement... Souvenez-vous la première fois que vous avez entendu « Like Rats »... Moi, depuis, ce truc reste en tête et se déclenche quand il veut entre deux JJ Goldmann et trois Michel Jonasz... L’art de la musique répétée en tête quand on fait la queue au supermarché... et, ici ? Ici, ça ne chantonne pas au fond du cervelet, la première chanson reprend des rythmiques maintes fois entendues (ces petites accélérations en fin de morceau pour conclure, moui), ça chantonne comme un moine, voilà, le petit grelot qui fait le métronome pour nous dire que la ville c’est moche et que le monde vivra sans nous. La deuxième, deuxième morceau édité, et écrit depuis 2001 ? Je crois déjà l’avoir entendu dans les variations hip hop du groupe, quand ça syncope un peu, tranquille le chat. En parlant de ça donc Dogbite mord un peu plus fort la couenne, reste d’une efficacité un peu plus tordue, un peu plus godfleshienne, car c’est quand même une musique qui sentait pas bon le vice parfois, dans sa manière de balancer des hanches comme un sicaire post-apocalyptique avec en toile de fond des cheminées qui fuient, au sol des égouts qui suintent et au-delà le rêve d’une campagne à revivifier. Mais... si le morceau avait eu moins de prétention (bon dieu ce break avec la basse qui fait Moulinex)... si il avait été un peu moins long... peut-être aurait-il moins donné l’impression d’être une transition pour...Playing with Fire, qui non plus ne me marquera jamais. Quel pisse-froid ce Rastignac. Un peu tatillon. « Les vieux pots, les vieilles soupes ». Les vieilles grimaces aussi ! Encore une fois cette voix qui joue à chanter faux les yeux fermés à réciter de la poésie avant de hurler comme un gars qui en a gros sur la patate, mais, comme dans la fable de Pierre et le loup, ça ne marche plus, on connait ! On se fera pas avoir deux fois ! Ce que je pourrais dire également à propos de Decline & Fall qui avait été le premier morceau à sortir ou fuiter, et comme les trois autres j’avais oublié pareil. Ce renouveau, ce retour, me laissa donc dès la parution de cet EP quelques mois avant l’album de 2014 une pénible sensation de déjà-vu, de patinage dans la semoule, de non précision dans l’attaque, d’arrivée trop tard, de départ raté, de redite pas utile. Oui, je suis dur, mais ça fait mal là où ça passe, qu’est-ce que vous voulez, on est consommateur ou on ne l’est pas...