Dark › Tamna voda

Le label CMP s’est toujours montré friand des musiques aux relans fusionesques (désolé pour le néologisme). Au milieu des essais de Jack Bruce, Mick Harris ou encore Michael Shrieve, on trouve ce Dark (à ne pas confondre avec le groupe hard prog psyché des années soixante-dix), quartette mené par la paire Mark Nauseef à la batterie et Miroslav Tadic aux guitares. Comme toute session jazz électrique qui se respecte, on a réussi à convaincre deux sommités à venir se compromettre dans ce projet. Il s’agit ici de L.Shankar, violoniste, et David Torn, guitariste qu’on ne présente plus. Enfin ; quand je dis se compromettre, je suis un peu dur (mais j’adore ça). Ce n’est pas que "Tamna Voda" soit un mauvais album, c’est juste qu’il a un goût de trop peu, et plus embêtant, de déjà entendu, qui ne lui permet pas de se démarquer de manière décisive, histoire d’en faire un disque incontournable. La plage en ouverture, l’explicite "Trilok", rend hommage au percussioniste d’origine indienne par le biais du violon électrique de son compatriote et une exubérance rythmique irrésistible et de circonstance. "Sacred Heart" emprunte son esthétique aux meilleurs essais de John Abercrombie alors que la plage titre semble être sortie, elle aussi, d’une session ECM en compagnie de Jack DeJohnette. Aux sonorités étranges des invités de marque, il faut ajouter aussi les parties lumineuses de vibraphone distillées par Leonice Shinneman. Ce sont eux les architectes de l’atmosphère particulière du disque. Mais cela reste néanmoins bien trop insuffisant que pour prétendre s’élever outre mesure, l’album se perdant bien trop souvent dans de grosses baisses de régime.