Ryoko Ono › Alternate Flash Heads

Make A Jazz Noise Here (And There). Voilà comment une référence à Zappa pourrait résumer le ressenti provoqué par ce premier CD de la saxophoniste japonaise Ryoko Ono. Pas grand-chose à voir avec la poppy veuve Lennon : suite à de premières passes d’armes sous le ciel psychédélique du groupe Acid Mothers Temple, la voilà partie former avec Yoshida Tatsuya le farouche duo Sax Ruins. Un side-project auquel Alternate Flash Heads doit beaucoup sur le plan esthétique, jusqu’au mandala caché derrière le disque. Solidement accompagnée par "la tornade" Talow derrière ses fûts, Ryoko Ono balance pendant une demi-heure un authentique déluge de phrasés criards au saxophone alto, bouclant des pistes en moins de cinq secondes. Les couches sonores s’entassent, un esprit zornien au féminin fait vite surface ; mais c’est bel et bien du côté d’Otomo Yoshihide qu’il faut tourner sa réflexion. Palindromes de poche, les titres des 99 morceaux se veulent le reflet d’un concept plus général, paraphrasant l’idée développée par le fondateur de Ground Zero avec The Night Before the Death of the Sampling Virus (qui ne proposait "que" 77 pistes). Car ici encore, on nous invite sans détour à jouer son disque compact en mode shuffle pour recréer sans cesse une infinité d’arrangements : "ceci est un album de courtes pistes expérimentales explorant les possibilités d’altération quasi-permanente de l’expérience d’écoute dans son ensemble." Cela dit, à la différence de son aîné baignant dans le bruitisime violent, et malgré ce que pourrait laisser croire la présence de l’omniprésent Jojo Hiroshige à la prod, l’empreinte carbone du jazz nous est clairement administrée à petites doses savamment bouclées. Les 99 phrases de cette chanson instrumentale en chantier perpétuel se mêlent au lourd parfum jazz-noise dégagé par ce duo de doux-dingues, solidement ancrés dans leur univers avant-prog nippon. Çà et là : bonjour le raffut dans les chaumières.