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Brujeria › Matando Güeros

cd • 19 titres • 32:46 min

  • 1Pura de venta00:41
  • 2Leyes narcos01:08
  • 3Sacrificio01:17
  • 4Santa Lucía00:41
  • 5Matando güeros02:24
  • 6Seis seis seis01:18
  • 7Cruza la frontera01:44
  • 8Greñudos locos01:26
  • 9Chingo de mecos01:16
  • 10Narcos-satánicos01:49
  • 11Desperado02:41
  • 12Culeros00:50
  • 13Misas negras (Sacrificio III)01:20
  • 14Chinga tú madre03:11
  • 15Verga del brujo / Están chingados03:42
  • 16Molestando niños muertos02:57
  • 17Machetazos (Sacrificio II)01:27
  • 18Castigo del brujo01:43
  • 19Cristo de la roca01:11

informations

Produit par Brujeria.

Les pistes 16 à 19 sont extraites du single "Machetazos!" sorti chez Alternative Tentacles en 1992 (disponible avec un t-shirt manches longues pour un dollar à l'époque si on écrivait au label...). Ironiquement, le logo anti-drogues dures habituel qu'on peut voir dans les sorties Roadrunner de l'époque ("Stop the Madness") est bien présent en tout petit. Sorti en cd, lp, cassette. Certains éditions ont une page "censurée" comme première de couverture du livret.

line up

Juan Brujo (voix), Asesino (guitare), Güero sin Fe (basse), Fantasma (basse), Hongo (basse), Greñudo (batterie), Pinche Peach (cris), Jr. Hozicon (Directeur Diabolique).

chronique

Issu du cerveau de quelqu’un a priori dans un état tangent, un jour blafard, le démon du Brujo prit vie, à l'aube des années 1990. Porte-parole d’un vrai-faux groupe de « narcos satanicos », Juan Brujo ici va nous parler donc de Satan et de narcotiques, surfant, pour le public anglo-saxon et notamment américain du nord sur tous les fantasmes de la frontière. Juste pour donner une idée, regardez « Traffic », le film de Soderbergh tout gris tout propre côté américain et hop, tu passe le fleuve et tout devient jaune et poisseux. Même dans « Breaking Bad » qui a quand même le mérite de montrer la porosité du sud-ouest des États-Unis, les réalisateurs ont su garder cette sensation que nos pauv' zaméricains ont carrément une bouche d’égout sur leur territoire tombant direct dans le trou tout chaud qui leur fait peur, mais qui les titille quand même un peu ! Le royaume des cartels ! Voilà, je peux aussi citer « The Shield », mais aussi plein d’autres films et séries où le gringo va non pas s’encanailler au Mexique mais bien, au péril de sa vie, descendre en enfer. On peut donc voir Brujeria comme un miroir rempli d’humour noir tendu aux blancs becs du Nord dont je fais partie, leur faisant voir tout ce qui les font flipper quant à l’Amérique Centrale et le Sud en général, et tout ce qui attire aussi ceux qui s'y perdent : la défonce pas chère, les putes pas chères, les embrouilles gratos, l'Amérique Latine n'étant malheureusement pas la seule dans cette case du tourisme on va dire... non éthique... Ce discours est balancé à la tronche tout en faisant plein de clins d’œil au metal contestataire, que ce soit au niveau du son parfois bien limite, des riffs et des patterns inspirés de Napalm Death, jusqu’aux coupures de journaux montrant l’horreur de la guerre civile au Mexique, qui dure maintenant depuis un bail, tout cela sous le regard des argentiers, chefs d’entreprises et courageux entrepreneurs essorant une main d’œuvre bon marché avide de survie, rêveuse d’un eldorado hypothétique au-delà des barbelés, et, bien sûr, sous le tendre microscope des marchands d’armes et des distributeurs de coke coupée mille fois, cf. l’intro du disque et la réaction du Brujo quand l’acheteur se rend compte que c’est de la merde et qu'il l'achètera moitié prix... je vous laisse imaginer. Brrr, j’achèterais pas de la coke à Tijuana moi hein, bouh, ça fait peur la drogue. Brujeria a par ailleurs souvent été vu comme une blague, mais il contient quand même ce petit grain de sable rempli de bizarrerie qui fait la différence : les surnoms, l’histoire inventée de ce groupe et de ses membres... Il remet aussi, s’il le fallait, le grindcore et le death au pinacle de la critique sociale et religieuse pleine d’acide qu’on pouvait entendre dans les albums de Death, d’Immolation, d’Extreme Noise Terror, ou bien sûr de Carcass. Napalm Death bien sûr aussi. Etc. Cet album, premier du nom, est donc rempli d’ignominies (Molestando niños muertos ou Culeros au choix), de gore (les découpages sont fréquents, toujours à coups de machettes…), de démonisme crade (« seis seis seis », le relativement ritual ambient "Verga del brujo / Están chingados »), bourré de riffs ultra bêtes mais très bien agencés, très efficaces, transcendés par cette voix graveleuse du Brujo. Au bout du compte, voici ce qui pourrait bien donner de la graine à ceux qui veulent en moudre : c’est tellement jouissif de choper les masques des démons réels de la vie quotidienne pour en faire des idoles grotesques, comme cette pauvre tête coupée à moitié brûlée qui deviendra la mascotte du groupe, avec un nom et tout ! Bon, vous avez compris à force que je kiffe Brujeria, surtout cet album, avec ce son de mammouth qui pète, ces hits avec Matando Güeros au sommet, repris de nombreuses fois, sorte d’hymne tiers-mondiste « couteau entre les dents » ou le fameux « Machetazos », et enfin cette ambiance Grand Guignol propre à eux, impossible à recopier - bon, oué, y a bien « Asesino », le side-project du « narco-sataniste »… Asesino, mais bwof, ça reste quand même un copié collé. Brujeria, en somme, je les vois comme une espèce de commune internationale de metal extrême encagoulée, prête à dire n’importe quoi juste pour foutre le bordel dans l’état des choses existantes, adeptes de la blague de très mauvais goût, et prompts à écrire des hymnes politiques bien ancrés dans l’actuuuü - ben oui ! Finalement ils vont sortir un nouvel album d’ici peu et après la bonne impression du single sur Trump (alias « fuck you puto » si vous vouliez savoir ce qu’ils en pensent) la Narco-satanico-revolucion, avec comme étendard le caconarcodémon Escobar est toujours en marche… en fait, Brujeria a tout pour devenir populaire en brassant tout ce qui est impopulaire, on va dire, dans le mainstream de la PEUR. Anarchie ! Satan ! Marijuana. Hémoglobine et lames de métal, empaquetés dans cet album qui passe du glauquissime aux hymnes pour mosh-pits, produit parfois bien hasardeusement (la batterie qui sature sur « Machetazo », mazette), mais ça reste le cachet, le gradouble de cet énorme porc dégoulinant de sueur, dégageant de la place dans ses guts pour nous caguer depuis plus de vingt ans le même discours complètement zinzin, restant tout de même foutrement amusant quand on voit l’équivalent pratique et médiatique dans notre joli bas monde ma foi toujours aussi violent depuis 1993 !

note       Publiée le samedi 30 juillet 2016

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dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
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Un peu de groove dans la fosse commune, non mais!

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

une pochette certifiée Dead26 (malgré les couleurs naturelles)

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Bernard Envoyez un message privé àBernard

Pochette que j'ai toujours placée au niveau de celles de Blood Duster 'Yeest' et Dead Infection 'A Chapter Of Accidents' parmi les plus ragoutantes. Bon appétit!

Dead26 Envoyez un message privé àDead26

Ay Pepitooo !!!!!!

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