PJ Harvey › Rid of Me

Annoncé par le farouche "50ft Queenie", le second album de Polly Jean Harvey allait enfin réaliser toutes les promesses qu'on lui souhaitait. Et "Rid of Me" est parfaitement à la hauteur des espérances que l'on avait placé en elle. Pour cela, elle a su entretemps se trouver un allié de choix en la personne de Steve Albini. Qui d'autre que lui est plus à même de nos jours à déployer sur disque la puissance d'un rock décharné au bord de la rupture ? "Rid of Me", c'est tout simplement "Dry" à la puissance dix. La tension est omniprésente, et ce dès la plage d'ouverture. Et tout ne sera que contrastes entre attente sourde et explosion de colère. Le trio est toujours aussi en verve, si pas plus qu'avant ("Missed", "Legs", "Snake" mais pas seulement). Albini oblige, un sérieux coup de projecteur est balancé sur le jeu de guitare de PJ Harvey, rythmiquement abouti et bien des fois incisif.
Étonnamment, l'accueil du disque fût plutôt mitigé, et même considéré comme un cran en-dessous de son premier album. Faut dire qu'Albini n'est pas en odeur de sainteté. La déception toutefois semblait partagée puisque l'artiste publia quelques temps plus tard un mini album intitulé "4-Track Demos" qui, comme son nom l'indique, propose des ébauches des titres ici présents avant que le producteur américain y mette son grain de sel. J'avoue que cet épisode m'a particulièrement troublé et l'étape suivante ne fera qu'apporter de l'eau à mon moulin. En attendant, moi je n'ai de cesse à me délecter de l'énergie brute de titres comme "Yuri-G", "Man-Size" ou le fabuleux "Ecstasy", conduit par une slide guitare enivrante.