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Phurpa › The Sound of Dakini Laughter

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informations

Enregistré live à l’Ex:Libris, auditorium de la bibliothèque Tourgueniev, Moscou en février 2009 ; production Aspherical Asphyxia.

Photo : Ulrika Merk.

line up

Dmitry Globa, Alexei Tegin, Eduard Utukin, Andrei Grekov

chronique

Encore des repères déplacés, les certitudes court-circuitées, bloquées à l’une ou l’autre frontière, perdues en chemin entre les lignes… Ceux qui allaient devenir les membres de Phurpa gravitaient au départ – à Moscou, vers le milieu des années quatre-vingt-dix – en collectif d’artistes, musiciens, expérimentateurs alors portés, nous dit-on, sur les manipulations électroacoustiques, le travail des bruits industriels. Le désir les avait pris, nous racontent-ils, à ce moment de leur parcours, de recentrer leur ouvrage autour d’autres civilisations, de rituels encore pratiqués ou dont ne subsistent que des traces – en Égypte, en Iran, au Tibet. De là, resserrant encore – un certain Alexei Tegin poussant les recherches dans ce sens – ceux-là avaient fini par se consacrer à plein temps à l’exploration de la tradition Bön – pratiques, cérémonies… –, culture qui avait précédé puis continué de travailler le bouddhisme tantrique de sa région d’origine (le Tibet, donc), laissant "avant" des marques, des formes profondes, sensibles.

Difficile, partant de là – vu d’Europe occidentale ; la scène d’où viennent ces gens, le milieu, mal connu de la plupart d’entre nous (de la mienne, en tout cas...) – de déterminer ce qui dans leurs disques et performances tiendrait de la recréation, de l’adaptation ; de biais ou d’accents infléchis volontairement ou non par ces musiciens mués de leur propre gré en officiants de cette voie choisie.

Ce Son du Rire des Dakinis – divinités féminines capables de se déplacer en volant, qui appellent en criant ou en battant des peaux ; leur forme courroucée, souvent, est représentée munie de crocs, la peau écarlate, et s’abreuvant de sang – en tout cas, saisit immédiatement, nous plonge au cœur du lieu qu’il vibre. Clairière de troncs gris dans un sol gelé, comme semble le suggérer la photo de pochette ; ou bien entrailles d’un de ces monts immenses qu’un ciel béant, pourtant, semble écraser ; ceci reste, bien sûr, à l’imagination de chacun. On reconnaît bien, certes, dans ces deux pièces, des traits et modes, des timbres entendus dans d’autres enregistrements, réputés, certifiés "authentiques" – le volume Ocora consacré aux moines de Gyütö, par exemple ; celui des Explorer Series, chez Nonesuch, consacré à ceux de Khampagar ; ces disques ont rendus vaguement familiers à nos oreilles, au fil des décennies, ces traits au départ si "étrangers" : ces voix de ventre, bien sûr, grondées comme au-dessous du sol, bourdons énormes et longs ; les cymbales et gongs en charivari, fracas, "voix du tonnerre" – certains saints, fondateurs de communautés sont ainsi nommés, d'ailleurs, semble-t-il. Les trompes, aussi, interminables cornes au souffle porté loin, longuement, si fort qu’il en devient pratiquement matériel.

Quelque chose diffère, pourtant – question de lumière, densité de l’écoulement. Les sonnailles en grelots n’élèvent pas ici les rideaux d’or qu’ailleurs elles épandent. Elles sont plus disparates, simplement plus lentes. Les tambours encore plus sporadiques, le pas qu’ils marquent comme distendu. Et ce ne sont pas – surtout – les chœurs de dizaines d’hommes qui récitent des mantras. Ils ne sont que quatre, là. Leurs voix nous sont rendues tout-proche – détachées mais graves, mattes, masse en mouvement moins scandé, pas vraiment psalmodiées. Quelque chose dans l’allure, au vrai, de franchement animal – de souple et de ramassé, qui avance et qui tourne comme en rasant le sol… Bête, oui ; démon peut-être – ou guide, qui déroule ses lignes dans l’obscurité, à mesure qu'elle épaissit. Tout paraît presque immobile. On se sent moins assuré, encore, que si c’était le tumulte. On distingue à peine où – dans ces phrases longuement exhalées – voyelles et consonnes articulent des pivots, nouent des liaisons. La prise de son, il faut dire, le mixage, n'enveloppent, ne magnifient rien, accentuent cette sensation de tout percevoir à hauteur d’homme mais comme d’un angle mort, aux creux aveugles des reliefs.

Ce peut être un trou d’herbe ou la bouche d’un antre, d'un puits. Un espace indéniable, en tout cas – émané du mont Yungdrung Gutseg ou d'un sous-sol moscovite.

note       Publiée le mardi 28 juin 2016

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