Franchement, moi, les groupes qui se reforment vingt ans après, font une tournée, enregistrent le live qui va avec, je ne raffole pas. Déjà que je ne suis pas plus gourmand d’enregistrements scéniques que ça à la base, j’estime qu’ils doivent plutôt sortir lorsque les gars sont au maximum de leur art, de leurs capacités, et non pas en plein trip nostalgique. Pour fêter leurs 30 ans d’existence, les Allemands de Girls under Glass ont été plus malins que ça, ils ont réédité leur première démo disponible uniquement sur cassette en vinyl. Qui se souciait encore de Girls under Glass, me direz-vous ? Pas moi. J’ai toujours apprécié cette formation mais leurs errances douteuses au cours de la seconde moitié des 90’s m’avaient fait perdre tout intérêt quant à leur progression de carrière. A tort. Quel plaisir que de les retrouver ainsi, à leurs débuts, dans leur époque la plus gothique, la plus intense selon moi. Superbe timbre grave de corbeau des cavernes, mélodies efficaces, sombres, avec une petite touche froide, quatre ans avant Garden of Delight (‘Walking on dancefloor’) et avec plus de personnalité. Une démo, c’est une carte de visite, les musiciens sont supposés mettre le paquet et c’est bien ce que font nos Allemands. Tout ici est très bon, inspiré, un peu brut dans la production et c’est tant mieux car cela renforce l’atmosphère épaisse et noire qui prévaut. Ecoutez ‘Walking on dancefloor’ et son côté évocation religieuse qui se termine par deux minutes de percussions sauvages, le gothic rock mélancolique de 'Ûnknown girl’, la cold wave torturée et existentialiste de ‘Humus’, ou encore ‘Armies walkin’ qui évoque quelques échos de Norma Loy. En guise de conclusion, nous avons une chanson live avec un son très acceptable qui confirme l’impression générale de la démo. Bien sûr, nombre de ces compositions étaient déjà disponibles sur la compilation ‘Exitus’ mais n’est-il pas plus agréable de les trouver dans leur arrangement originel, dans une belle édition vinyle (oui, oui, deux cent copies en blanc, dépêchez-vous, ne les laissez pas filer) ? Bien entendu. Merci à Brouillard Définitif pour cette merveilleuse piqûre de rappel qui me redonne du coup l’envie de me réécouter les autres albums des Girls under Glass.