Joe Panzner › Tedium

La turbine d’avion au décollage. Le bug informatique qui fait déconner l’affichage tête haute. Le fil qui danse le saint guy au pied du pilote. Le tachymètre s’affole, les écrans se brouillent. La sueur des passagers près du hublot. La sueur de ceux qui sont en train de vomir. L’hôtesse qui continue de sourire. Les verres valsent, les plateaux aussi. L’air produit un bruit près de la porte d’évacuation : le bruit d’une bombe, mais dans la cabine. Les moteurs en surchauffent, y’en a un qui vient de péter à l’instant. Ça penche. La fumée se mêle aux nuages. Le copilote essaye de dire quelque chose au micro, mais ça crépite, du bruit blanc, de la friture, des consonnes crachotantes, des voyelles crépitantes. L’avertisseur de décrochage s’enclenche. Celui de proximité du sol embraye. Dans le cockpit ça s’agite. La porte claque, le regard en croise un autre, et l’engin s’écrase à pleine puissance sur le flan d’une falaise. Le choc est sourd mais brutal. Les débris roulent, la boite noire crie. L’avertisseur n’est pas mort dans l’accident, à l’inverse de tout les passagers.