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France Sauvage › Jeux Vocaux des Bords de Dronne

lp • 10 titres • ??:?? min

  • A
  • 1En sortant de mon corps avec une amie??:??
  • 2Are you greek or something ???:??
  • 3Vallée des Tartes??:??
  • 4Tu n’es pas un peu trop vieux pour faire ce genre de musique ???:??
  • 5La gourde??:??
  • B
  • 6L’enfant dilaté??:??
  • 7Dors sur la plage??:??
  • 8Cockta??:??
  • 9La dent du Guignol??:??
  • 10La génétouze

informations

Enregistré par Bertrand Fraysse à Toulouse, par Manuel Duval au Garage Mirbeau (Rennes) et par Benouze à la Cave 12 (Genève) entre 2011 et 2014. Mixé par Manuel Duval et France Sauvage. Masterisé par Mathieu Berthet.

Dessin par Anne Careil. Typo par Kate Fletcher. LP 12”. Co-production Gaffer Rec/La République des Granges/micr0lab/gran gousier/Animal Buiscuit/anarchofreaksproduction/Tomaturj/Grabuge/Les Loubards Pédés.

chronique

"En sortant de mon corps avec une amie"… Excellente idée, tiens ! S’extraire un peu de sa coque, de sa gangue. Pousser les appendices par où il fait bon, s’amuser ensemble du côté des renflements, des ourlées ouvertures… Baiser pour la joie, tiens, batifoler carrément, tranquille et fort sans se poser de questions de statuts, mariages, liens symboliques ou quoi. S’amuser mais que "ça compte", en tout cas que ce ne soit pas rien, pas en attendant. Entre deux autres moments, jouer par exemple mais pas par hasard de la voix – gorge, cordes, tissus –, triturer des potentiomètres, changer la lame de la disqueuse… Les titres de France Sauvage sont toujours malicieux, amusés – justes, aussi, pertinents quant à ce qu’on trouve derrière, dessous... Et cette musique, toujours pas de celles qu'on peut cerner. C’est heureux ! "Cerner", c’est un verbe de brigade, militaire... Un mot de flic. La France Sauvage vit hors des rangs et des histoires de places à prendre, respire librement – et c’est plein de charmes, riche en recoins, cet inventé terrain. C’est assez rare, même, que je trouve ce terme – "libre" – si adéquat, pas "par défaut". Des "jeux vocaux"... Oui. Bien sûr il y a bien plus d’appareils, appareillages, d’instruments ici à l’ouvrage que les seuls phonatoires. De l’électronique branchée-maison, connectée peut-être comme ça d’abord "pour voir", sans doute soudée-main par places, par patches. Des claviers, on croit entendre. De la guitare ou quelque chose amené en tout cas à sonner comme ça. Pas mal de rythmes, là, tapés très ferme et joyeusement. Des petits bouts de larsens qui font les zoziaux. Des glouglou, des poui-poui, des bruits de machins frottés, des samples de flotte et des bourdons statiques normalement parasites qui pour cette fois font eux aussi plaisir, vibrations placées dans un secteur du spectre qui titille les zones du sourire. Et pas mal de vocalises – on y revient. Criées tout-devant ou loin dans le mix ; comme baragouinées – en dialecte qui brouille voyelles et consonnes ; à d’autres moment chantées pour de bon. En effet, sur ces rives – comme ils disent – on aurait l’impression d’un folk créé de toute pièce... Mais pour autant pas "faux", pas canular. Et pourquoi pas ! C’est ouvert, voilà, mais il n’est pas besoin de se triturer le cervelet, de se torturer l’écoute, pour entendre que ce n’est pas informe, sans directions, sans trame ni sens ni objet – il y a sur les tables ceux qu’ils saisissent, agitent, intègrent, remettent de côté sur ce plan, étagère, établi. Certaines plages de fréquences mises en résonance de sons qui se font effets de masques, de phases, de boucles vrillées et déformées font comme des gammes hors-les-notes, enharmoniques. Les lieux et personnages de leur drôle de répertoire. Pour rire, on enjambe le dérisoire – pour passer à autre chose. ("Tu n’es pas un peu trop vieux pour faire ce genre de musique ?"...). On est loin du souci de faire du bruit méchant, violent pour la forme, cette autre sorte de quant-à-soi. L’autonomie c'est autre chose - et que le calme aussi détermine, l'impavidité au cœur du plus remuant boucan. Et puis c'est une histoire d’échanges, ici, aussi – de rencontres, d’endroits où on en vient. Soudain, une trompette, un clairon, cor, cornet – quelque sorte de corne en cuivre... Ça vous a quelque chose de terrien, terrestre, bruit tout à coup de concert dans la grange ou au fond du café. Ça vous fait sentir peuplade – une dont on ne saurait dire le nom mais dont on comprendrait l’instantanée coutume, qui nous gagnerait en danse. ("T’es grec ou quoi ?"). La Dent du Guignol... Ça pourrait être le titre d’une pièce de castelet ; ou d’une montagne, un pic dans le lointain familier aux commensaux. L’envoi, le mot d’au-revoir, aussi sera cette fois : génétouze. Allez, ça fera l'affaire. Non, mieux : ça sonne, allez, et donne envie.

note       Publiée le samedi 18 juin 2016

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    (Cimer... Ça n'aura pas servi à rien d'en (re)causer, eh eh). Je l'avais chopé en mains propres à un de leurs concerts (encore à Grrrnd Zéro, comme par hasard) ici, mais vu le nombre et les diverses localisations de labels présents dans la co-prod, j'imagine qu'il ne doit pas être trop difficile à dénicher en distros un peu partout.

    Note donnée au disque :       
    DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
    avatar

    Vous en parlez très bien, les amis ! Chouette disque, acheté direct à La Carène brestoise. Jamais regretté le petit investissement. Demain, je le réécoute.

    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Cette pochette, déjà, aurait dû me mettre sur la voie. On dirait une sorte de Cheval de Troie. Ou alors la communauté des bords de Dronne réunie, bien décidée à s'amuser des idoles du passé. S'amuser, je crois que tout est dit. Danser, chanter, faire l'idiot avec les joyeux lurons musiciens, ce disque est d'une vitalité étonnante. La porte est grande ouverte à l'imagination, avec ces bruits un peu évocateurs, qui jouent à la lisière des field recordings, ça grésille, ça fait tut tut. Et on repart le sourire aux lèvres.