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Dum Dum Boys › Pornovista

cd • 7 titres • 39:26 min

  • 1Pornovista4:07
  • 2Monotony5:51
  • 3Down4:45
  • 4(sans titre)4:48
  • 5Walking in My Head4:10
  • 6Sound Trash11:05
  • 7Sweet Sweet Rain4:39

informations

line up

Karim Badi, Olivier Nemejanski, Didier Balducci, Erik Fostinelli

chronique

Je crois que j’étais un peu amoureux de Coralie Trinh-Thi. Non. ce n’est pas le terme adéquat. Rembobinage, comme on disait à l’époque des cassettes VHS. Avant la pornocratisation totale de la société. Aujourd’hui, le cul est partout. Non, pas le cul. Sa représentation. Et l’organisation, le classement par catégories de désirs structurés par une industrie désormais racornie. Aucune idée de ce que c’est d’avoir grandit avec un accès direct et immédiat au porno tout azimut. C’est quoi le message véhiculé par son omniprésence, de l’affiche de pub la plus banale au journal culturel le plus désolant, vendant chaque été un supplément ‘porn-culture’ déjà caduque à l’époque où d’autres sites tentent une approche arty mais au final plus branleuse, forcément, qu’autre chose ? Quoi faire d’autre de cette matière médiocre où cohabitent, en un mot, toujours les visions bourgeoises de partouzes en fines-dentelles entre hommes d’affaire et leurs libertines de luxe, vieille France dorcélienne de droite à laquelle s’achoppe son pendant populo et beauf où tout corps féminin se doit d’être Überisé, les gros dégueulasses faisant répéter à qui mieux mieux leur slogan digne de celui des Mousquetaire de la Consommation de bites par des provinciales lessivées mais forcément « satisfaites » après un casting « coquin », mot-valise-euphémisme niais passant un coup de lingette puritain sur les traces de foutre, comme dans les boites à partouze ringardes où on enfile mollement de la Christiane à plusieurs sur du Magic System. La révolution pornographique des années soixante-dix m’avait déjà de toute façon toujours paru rétrospectivement un peu hypocrite et petite-bourgeoise sous couvert de libération sexuelle à tout va. Et puis se tirer la nouille sur du Pierre Bachelet, quelle vulgarité. Libéralisme sexuel oui, qui n’allait aller qu’en s’amplifiant jusqu’à l’avènement de cette foutue VHS et du porno mensuel sur Canal, la chaine du footre. Et il en reste quoi aujourd’hui ? Est-ce que si toi aussi, tu n’as pas fait ton premier gang-bang avant quarante ans, tu as raté ta vie ? En 1995, Houellebecq n’avait même pas encore écrit « Extension du domaine de la lutte ». Le meilleur était encore donc à venir, y compris et avant tout pour votre serviteur qui n’était donc pas à proprement parler amoureux de Coralie (alors sans patronyme et réduite à usage unique). Plutôt envie de baiser avec Coralie. Etrange de se souvenir de deux scènes d’un film en particulier. Les souvenirs des pornos s’effacent en général le temps de jeter le mouchoir en papier dans la cuvette. Et pourtant je me souviens un peu de celui-là, nommé Pornovista. Titre peut-être prémonitoire. En fait je me souviens vraiment de deux choses : Coralie, gardant ses lunette de soleil en double-pénétration, signe infaillible de la fille cool, et la bande-son mijotée par un groupe niçois (déjà, tu supputes le truc de pervers, qui aurait idée de faire de la musique à Nice ?) nommé Dum Dum Boys. Allusion à un fameux morceau de Iggy Pop qui n’avait quant à lui pas encore fait de campagne de pub pour les Galleries Lafayette ni enregistré de duo avec Emma de Caunes, comme quoi y aurait à boire et à manger par la suite. Oui, je suis aussi un peu amoureux d’Emma de Caunes. Mais je diverge. De la bonne musique dans un porno, ça se remarque. De la vraie bonne musique, pas de la bonne-musique-pour-un-porno. D’ailleurs le film suivait plus ou moins une tournée de cette bande-là. Du coup, comme le réalisateur, un drôle de type à face de rat, avait des idées saugrenues, il s’amusait, le con, à faire du montage alterné entre une éjac dans la bouche d’une blonde au profil aquilin et la gueule du chanteur niçois des Dum Dum Boys. Allez vous finir correctement avec un tel procédé, fallait compter sur la persistance rétinienne (déjà que le Samedi soir, on avait une chance sur trois de connaître l’extase les yeux plantés dans ceux de Philippe Vandel, c’était un risque à prendre, à défaut d’autre chose). Sans doute que lui savait que le cul, c’est d’abord dans le cerveau. Quant aux Dum Dum Boys, ils faisaient du rock. Pas du « rock français » bien sûr, non, du rock New-Yorkais avec des boites à rythme craspecs, des guitares qui crissent et un chant neurasthénique avec accent tout pété, no-wave délitée en somme, « Down ». Et puis de longues pistes instrumentales qui bouclent toutes seules, « Monotony » et « Sound Trash », entre Suicide et Neu!, ou un bonus track de Twin Peaks sans titre, retrouvé dans une poubelle du fameux club interlope dans les bois, là où Laura Palmer et sa copine faisaient des cochoncetés. Même Lydia Lunch n’y verrait que du feu. Fallait y penser. L’album sortirait aujourd’hui… et puis non, je ne dirais pas que certains journalistes en feraient des gorges chaudes, ce serait trop facile. En plus il est ressorti, en loucedé, avec une édition du film, pour ses vingts-ans, l’an dernier. Mais qui s’en souci encore, d’un DVD avec un vieux porno chelou à l’intérieur ? Avec des effets spéciaux psychés qui ressemblent à des démos sur Amiga. Et là faudrait sans doute expliquer ce que c’était une « démo ». J’en soupire d’avance. La VHS, les jeux de strip-poker en VGA, l’imagination au pouvoir, par opposition à la saturation absolue des images de cul mal branlées sur Iphone. Soupirer que le porno, c’était mieux avant, trahir un peu plus son âge. La musique des Dum Dum Boys ne laisse rien savoir du sien. Après avoir croupi dans une atmosphère de revivalisme depuis quinze ans, même leurs ballades à la Velvet, « Sweet Sweet Rain », paraissent fraîches aujourd’hui. Ils ont par ailleurs sorti une tripotée d’albums. Pardon, mon champ lexical s’égare. Une bonne poignée quoi. Ils ont qu’à les foutre sur Bandcamp, je suis sûr qu’ils y aurait des amateurs. Non, pas des amateurs. Des pro. Des pros comme Coralie. Ah oui, c’est pour ça que je me souviens de ce film. Le cul de Coralie, pris(e) au bord d’une piscine. Nous sommes faits de peu. L’excellente BO de Pornovista des Dum Dum Boys est offerte avec le DVD, sur un CD-R. Vous vous souvenez des CD-R ?

note       Publiée le jeudi 2 juin 2016

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Le gros avantage c'est que c'est un vrai groupe a qui on a demandé de jouer leur propre musique surtout. (plusieurs titres dont certains pas dans le CD, hélas, sont en fait tirés de l'album Hypnovista sorti en 94).

    Pour Magic System, je supputes, mais je pense que c'est crédible...

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Ah tiens, c'est le truc dont tu m'avais parlé dans la foulée des John Biroutteries sorties chez Rectangle, là.

    (Et dis-donc.... T'es sûr de tes sources, pour le coup de Magic System ?!)

    Faudra que j'écoute ça, tiens, vu qu'effectivement c'est pas si fréquent, la BO de X pas aussi jetable que le kleenex associé.

    (Et si c'est une incitation à me faire m'attaquer à un certain disque de Marseillaises à minous... et à celle d'un certain truc avec un rat et des bébés post-nuke et tout aussi corolophiles... Ben y'a des chances que je m'y décide un jour, ouais, de toute).