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SoapKills › Cheftak

cd • 8 titres • 29:47 min

  • 1Aranis3:55 [Koullou Ndif reprise de Omar El Zenni]
  • 2Cheftak3:53
  • 3Tango4:08
  • 4Kasdoura5:26
  • 5Marco Slow1:48
  • 6Wadih3:53
  • 7Dub4me3:02
  • 8RnBullshit3:34

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informations

line up

Yasmine Hamdan, Zeid Hamdan

chronique

  • trip-hop en arabe

En arabe et uniquement en arabe sera désormais la voix de Yasmine. Elle a trouvée la sienne, comme son duo avec Zeid qui laisse de côté ses influences les plus marquantes. Plus de singularité dans leur trip-hop minimaliste, planant, sombre et rêveur, dont les premières traces de beats métalliques étouffés viennent étoffer une ancienne chanson de Omar El Zenni, s’extrayant de la douce mélodie de « Aranis » entamée sur une simple guitare acoustique. Comme une caresse. De l’arabe pour une scène underground libanaise, Beyrouth a besoin de tripper. C’est que va lui offrir SoapKills avec quelques boites à rythmes et quelques claviers, dégotés et fagotés tout à la main. De la lounge de fête interlope, en planque, sur « Cheftak », sexy sans débauche de moyens, la voix sensuelle de Yasmine suffisant à enchanter les scansions sèches des machines de Zeid, chant doublé en soul orientale, en diffusion de parfum interdit. Une production encore bien bricolée qui s’efforce de faire sonner des boucles vocales irréelles sous des rythmiques héritées de la jungle ou du dub, une odeur de terre chaude, de paysages urbains encore peuplés de ruines dans lesquelles on peut se dissimuler, des vestiges et des échos qui reviennent en fantômes. Un lyrisme plein de spleen, la mélopée de « Kasdoura » qui s’étire avec une langueur en volutes, le temps de laisser agir les substances, un trip-hop qui a encore du sens, qui déforme les perspectives incertaines de territoires où rien n’est donné. Il serait tardif en banlieue parisienne, mais de Beyrouth il sonne contemporain, nécessaire, médicamenteux, une prescription sous le manteau, une pulsation qui ne se fait encore entendre que la nuit. Et si parfois Zeid se lance dans des expérimentations de découpage d’orientalisme qui en rappellent d’autres, les instrumentaux « Marco Slow » ou « Dub4me » évoquent ce qui se fait à quelques kilomètres de là à Istanbul chez Orientation par exemple, c’est toujours la tessiture de Yasmine, frottant délicieusement en fond de gorge, qui infuse la touche magique comme sur « Wadih » et ses synthés fragmentés et agressifs comme des flashs, perçants à travers le planant. Mais jamais rien de spectaculaire, le son est toujours fait pour résonner dans de simples caves, comme cet électro minimal bien rugueux au nom sarcastique de « RnBullshit ». Avec SoapKills, le savon est de récup et derrière la peau qu’on imagine parfumée de la chanteuse, y a toujours quelque chose d’un peu aigre-doux, voire une menace qui vient de l’extérieur, une intranquillitée permanente. C’est de la musique cool dans des environnements pas cool. Pas étonnant d’ailleurs que pour sa comédie noire et absurde « Intervention Divine », le réalisateur palestinien Elia Suleiman (futur compagnon de Yasmine Hamdan) ait pioché dans cet album, histoire d’ajouter une touche de sensualité et de mélancolie d’un seul coup de baguette magique. L’underground Libanais était bien là-dedans, pourvoyeur de vapeurs noctambules.

note       Publiée le vendredi 9 septembre 2016

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