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Jeff Buckley › Grace

cd • 10 titres • 51:46 min

  • 1Mojo Pin
  • 2Grace
  • 3Last Goodbye
  • 4Lilac Winereprise de James Shelton
  • 5So Real
  • 6Hallelujahreprise de Leonard Cohen
  • 7Lover, You Should’ve Come Over
  • 8Corpus Christi Carolreprise de Benjamin Britten
  • 9Eternal Life
  • 10Dream Brother

informations

Produit, enregistré et mixé par Andy Wallace. Producteur executif : Steve Berkovic. «So real» produite par Jeff Buckley.

line up

Karl Berger (cordes, arrangements), Jeff Buckley (voix, guitares, harmonium, dulcimer, tabla additionnel sur «Dream brother»), Matt Johnson (US) (batterie, percussions, vibraphone sur Dream brother), Gary Lucas (Magicalguitarness sur «Mojo pin», et «Grace»), Mick grondhal (basse) ; Michael Tighe (guitare solo sur «So real»)

chronique

Que c’est beau… que ce disque est beau ! Et que vous en dire, si vous ne le connaissez pas… que vous dire, si ce n’est qu’il est un mélange de perfection, de sincérité, de lumières et de douleurs… de rock et de folk, de blues… mais aussi, comme tout ce que chante Jeff Buckley, que cela a à voir avec le sacré. Car voilà ce que a quoi on touche dans «Grace», l’unique album studio d’un jeune homme écorché vif et beau comme un dieu, fils d’un père légende de la musique décédé prématurément, et qui à son tour, au fait de sa jeunesse, de la gloire et de l’estime que lui apporta ce «grace», fût fauché par la mort. Que vous dire si ce n’est que c’est aussi limpide que sophistiqué, aussi sombre que céleste, aussi proche de nous qu’unique… car même sans ce destin tragique, même de son vivant, Jeff Buckley était une perle… une perle d’artiste, doublé d’une perle vocale comme il en existe très, très peu dans la gent masculine. Qu’il chante l’amour, la douleur ou hallelujah, Jeff Buckley s’élève. Ses mélodies extraordinaires qui entremêlent les guitares, rock ou claires, acoustiques, la basse et les toms du batteur, les orgues, sont ensuite totalement illuminées par sa voix. Personne ne chante comme Jeff Buckley. Cette voix que l’on croit à la fois cassée, cristalline, au bord de la rupture et totalement libre et virtuose… toujours sur le fil comme un funambule, et qui n’hésite pas à donner lui-même des coups de pieds pour faire vibrer plus encore la corde, et se promener de notes en notes, cassant l’octave, poussant l’aigu sans jamais se briser… mais toujours entièrement dirigée par l’expressivité, la sincérité, son cœur ouvert. Car rien, ici, n’a à voir avec la technique, mais au contraire, et uniquement, avec l’émotion pure … ce n’est pas la virtuosité qui s’exprime, mais une sensibilité hors du commun… ces aigus de cristal, ces vibratos en fils d’or, ces sauts d’octaves en airain… tout cela n’est qu’expression et sentiments. Jeff Buckley était habité. Le doucement fiévreux «Mojo pin», et les deux fragments d’étoiles pures que sont «Hallelujah» et «Corpus christi carol» sont parmi les plus grands témoignages de cette voix si merveilleuse. Enveloppé de ses mélodies magnifiques, troublantes, Jeff Buckley chante comme on prie, comme on pleure, comme on rit, comme on aime… comme on vit. Son rock gracieux, à la fois brut et ouvragé, rythmiques folks et percussions, harmonies lacrimogènes, violons légers et aux détails de productions aussi sobres qu’intelligents, qui nous valent, en soutenance des harmonium, orgues, dulcimer, chœurs et cordes des moments sonores d’une plénitude inouïe, toute chargée de l’émotion inhérente à chaque seconde de cette merveilleuse musique, dont l’ultime «Dream brother» est en ce sens un accomplissement. Un des plus beaux disques qu’il m’ai été donné d’entendre, et dont on ressort heureux... parce qu’il nous aura fait pleurer. Chaque pièce mériterait d’être décrite dans ses moindres détails… mais même alors, on ne la comprendrait toujours pas. Car la seule condition possible à une telle beauté musicale et artistique, qui allie la spontanéité la plus directe et limpide à la richesse et le goût de l’ouvrage, c’est l’implication extatique, intime et totale d’un homme, dont la voix était capable de peindre tous les tableaux qu’il portait dans son cœur.

note       Publiée le lundi 8 juillet 2002

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allez écouter le paternel ; vous m'en direz des nouvelles...

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Sur Twitter, Jeff Buckley avait rendu hommage à Leonard Cohen à sa mort. Ca avait été repris tel quel par plusieurs sites de news. Authentique. On vit dans un monde surréaliste.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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@Kalcha : Eh eh... Doit bien y en avoir ! (Je crois surtout blague à part que pas mal de monde ne connaît d'elle que sa reprise de Brel et/ou My Baby Just Cares..., malheureusement. Ce qui fait peu vue la taille et la variété de sa disco !)

Note donnée au disque :       
kalcha Envoyez un message privé àkalcha

@Dioneo: Il existe des gens qui n'aiment pas Nina Simone?? ;-)

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Oh et puis aussi... Je me suis demandé quelquefois comment le type aurait tourné ensuite, s'il se serait défait de ce voile de séduction juvénile, du romanesque... S'il serait parti - comme Papa ; qu'il n'avait pas connu et à qui, on s'en doute, il n'aimait pas être comparé - dans quelque chose de plus personnel, moins rosée d'aurore, ailleurs. Quelques extraits d'autres disques - la version de The Way Young Lovers Do de Van Morrison tout en scat fervent et accords jazz heurtés par exemple - laissent penser qu'il en avait sous le pieds, envies et moyens... Enfin, on n'en saura guère plus. Et "légende" ou pas, ça ne fait de celui-là - loin de là - un simple lot de consolation. Il se tient toujours, sans béquilles, seul.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Ah oui, sans doute que l'effet "j'y étais" - moi aussi hein... j'avais même pu voir le mec en concert dans le beau cadre de l'amphithéâtre gallo-romain de Fourvière, sans l'avoir prévu - doit jouer mais... Même sans ça j'ai l'impression qu'il vieillit bien mieux qu'on aurait pu croire à l'époque, "l'aura" du mec de son vivant désormais souvenir ou fantôme plutôt que présence qui attend entre les notes de se matérialiser ci ou là. Beaucoup de choses qui auraient dû m'y rebuter pourtant, bêtement ou pas - le côté chanteuse-à-minettes, oui, ou tout simplement cette dimension "romantique" du type (qui, il faut être juste, devait sans doute "y croire" - je ne l'ai en tout cas jamais trouvé "poseur" là-dessus, même si évidemment c'est impossible à dire avec certitude). Le truc c'est que le mec savait faire ça avec bien plus de subtilité qu'il ne pouvait y sembler. Il y a certes quelques rares plages qui passent moins bien, chez moi (le Corpus Christi pris à Britten, en effet... que je n'aimais déjà pas à l'époque), peut-être So Real, Eternal Life qui je trouve "s'use" plus vite (mais bon... c'est une bonne chanson rock délibérément simple, pas prétentieuse, à la base - ils l'avaient jouée non loin de la reprise du Kick Out the Jams du MC5, sur scène). Quant à Hallelujah, on l'a beaucoup trop entendue à toutes les sauces (y compris je ne sais plus quelle horripilante chorale de gosses) mais à l'époque je la trouvais assez juste, pas si "pathos" que ça quand on saisissait le froid désespoir des paroles, au fond. Ah oui, et Lilac Wine est étonnamment réussie, aussi, nonobstant la respiration très dentelle-jabot-revers de la main sur le front au début - d'avoir découvert la version d'origine par Nina Simone (j'aime Nina Simone) ne me l'a même pas gâchée, tiens.

Note donnée au disque :