Howls of Ebb › The Marrow Veil

Après un premier album remarquable, étant donné la fraicheur de l’inédit exprimée par ces maléfiques trublions tendance noir de jais, Howls of Ebb prolonge son contrat de confiance avec le très bon label « I, Voidhanger », spécialiste des extrémismes qui se prennent la tête pour sortir du lot, cf. Spectral Lore, Midnight Odyssey, Mare Cognitum, Ævangelist, etc. Un mini album qui marque un beau saut qualitatif. Enfin, un mini mais costaud, trois morceaux encore bien arlequin, où se marient grandes plages ambiantes, paysages musicaux prenant le temps de s'établir via grand riffs solennels, solos sur fond de thèmes répétés et marches martiales dont le grotesque rabelaisien, fumant, crachant, où le chant grogné s’imagine rapidement sortant de la gueule d’un lieutenant Orc menant son armée en déambulant tel un fonctionnaire du ministère des démarches ridicules - la grosse différence étant dans le soin plus minutieux à balancer un son plus ample, plus riche en minéraux dans la chambre de l'auditeur. Les mouvements sont nombreux, se lient les uns avec les autres comme le phrasé d’un fou récitant des comptines dans le désordre, faisant de ces titres longs des sortes de déroulements de pellicules faisandées où seraient restituées les rituels dont les protagonistes du groupe semblent friands, rituels désignés comme "gardiens" par la propagande du groupe, dont il faut laisser librement exprimer leur travail dans votre esprit, dont il faut volontairement laisser pousser les graines dans votre vie - pas de service après-vente pour un résultat pas vraiment, non plus, indiqué dans la notice. Dans la mise en œuvre de ce programme à l'issue incertaine, le groupe semble préférer les rouleaux aux livres format codex, le propos ne s'écoute donc pas de gauche à droite, ou de droite à gauche, mais de haut en bas, du haut des oreilles au bas du cul, passant à travers tous les petits tuyaux et fourmillements de votre corps, et quand on arrive au bout, on remonte ! Enfin, le propos général reste étrangement calme pour une musique aussi sombre, en somme pas d’esbroufe malgré la complexité des arrangements et de la composition, ce qui est assez rare pour le remarquer dans une scène black ou death ou black death ou death black ou [ABRÈGE !!!]… euh, oui, ouais, d'accord, j'y arrive. Ce disque est bon, encore meilleur que leur premier jet, encore plus immergeant, méditatif, malin, vicieux… surtout vicieux, ça rentre dans les orifices, on se laisse faire facilement et on aime ça. Ben oui, c’est quand même vachement sexuel la musique : se faire pénétrer le trou des oreilles et le reste du corps, à distance, par des vibrations de l’air, et en éprouver une satisfaction charnelle vous en rêviez ? Eh bien Apollon l’a fait. Je m’amuse donc, parfois, à me mettre à la place de ces auteurs de musique malfaisante et les imaginer kiffer tous les doutes, sentiments, démangeaisons que procurent leur production sur les individus, ça doit être orgasmique ! Tout ce vice, dans la tête des gens, dans leur ventre, dans leurs petits bras. Miam.