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Orient Expressions › Divan

cd • 13 titres • 64:25 min

  • 1Intro1:25
  • 2Ehmedo5:40
  • 3İstanbul 1:26 a.m.6:38
  • 4Duaz İmam4:41
  • 5Dera Sor6:53
  • 6Kerkük Divanı5:37
  • 7Interlude2:19
  • 8Dünya4:15
  • 9Beats of Pera6:42
  • 10Lodos6:51
  • 11S.O.S.6:17
  • 12Taken Live6:19
  • 13Outro0:48

informations

Produit par Orient Expressions. Enregistré à Miracleworld Home Sweet Home Studios & Orient Expressions Tünel Studios, Juin 2003.

line up

Cem Yıldız (production, bağlama, oud, cümbüş, chant (8)), DJ Yakuza (production), Richard Hamer (production, saxophone, flute, chant (10)), Murat Uncuoğlu (production)

Musiciens additionnels : Sabahat Akkiraz (chant 4), Aynur (chant 2, 5), Adile Yadırgı (chant 6), Dilek Yıldız (chant 9), Jamshid Adibi (santur 10), Saadet Sezgi Olgaç (chant 11)

chronique

  • electro-folk/nu-jazz turc

Je m’engouffre dans une petite rue du côté de Tünel, à Beyoğlu. Une entrée d’hôtel. Il faut connaître. Ascenseur jusqu’au dernier étage. J’entends déjà des percussions. Y aurait-il un orchestre là-haut ? Les portes s’ouvrent sur la ville illuminée. Je suis déjà venu là. Nul musicien. Des gens attablés rient. De bien belles filles. Des enceintes sortent un mélange bien achalandé de sonorités traditionnelles et électroniques. C’est Fatih Akın qui disait que « Istanbul 1:26am » était le morceau qui lui faisait le plus penser à Istanbul la nuit, vue d’une terrasse. Les mosquées, les vapurs sur la Mer de Marmara, les ruelles entrelacées, les avenues toujours encombrées, la foule noctambule. De là haut, c’est vrai qu’on la voit bien, de ce fameux Balkon où ce titre d’Orient Expressions, aux accents de saxo de cool nu-jazz par delà le mix percu/beats, dégage un charme panoptique. Cet héritage musical, on ne le refait pas, toute l’histoire de la musique populaire turque vient de la revisitation des traditions, incarnées ici par le multi-instrumentiste Cem Yıldız, la part organique de la formation, pinçant, frottant des cordes de toute sorte. Même quand ils le mélangent à des sons dont la modernité semble un peu trop lisse, trop facilement décorative (mais Brian Eno ne disait-il pas qu’il fallait aussi du son pour les espaces les moins authentiques ?), ça se sent que ces gens ont des racines. Alors que moi j’ai l’impression de flotter, flottement permanent, au dessus de la ville et de ma propre vie. Je n’ai plus cette paire d’yeux verts où me perdre alors je me perds dans les verres en écoutant les chants de la sublime chanteuse Kurde Aynur Doğan, dont la complainte « Ehmedo », elle aussi entendue dans le « Crossing the Bridge » de Fatih Akın, trouve ici des ornements synthétiques pour des nuits sans fin. La grande plainte, c’est l’histoire de l’humanité, et Orient Expressions, même si ils produisent du son pour emplir des bars chics, ne l’oublient pas. Ils reprennent à leur compte une poignée d’anciennes chansons folk aux auteurs anonymes, avec juste l’équilibre qu’il convient entre une électro groovant à la cool, presque du côté d’un abstract hip-hop instrumental à la DJ Krush, d’ailleurs un des producteurs de la formation s’appelle DJ Yakuza, et un savoir faire instrumental authentiquement folk, avec cette touche jazz apportée par les cuivres et bois de Richard Hammer. Et des vocalistes de grande classe, Aynur qu’on retrouve dans un « Dera Sor » cette fois invitant à faire descendre des cocktails en compagnie de jeunes turques élégantes, ainsi que Sabahat Akkiraz, folkeuse réputée qui finira quelque années plus tard au Parlement, dans le parti d’opposition, forcément. Comme si, toujours, de près ou de loin, on retrouvait cette portée politique, contestatrice, dans toutes les évolutions venant du folk turc. Mais ne pas pousser le bouchon trop loin, ou ce sont mes pensées qui s’embrouillent, deviennent fumeuses alors que la voix enchanteresse de Adile Yadırgı ondule sur « Kerkük Divanı », encore une adaptation d’un de ces chants ancestraux ici s’exflitrant du passé en volutes électroniques, se perdant dans les lumières lointaines. Plus la nuit s’étire, plus les beats se font insistants, une envie de pousser les corps à s’activer enfin. J’offrirais bien un cocktail irisé à cette fille en face, son profil d’aigle et ses jambes nues que je vois maintenant se balancer aux rythme des sensuels « Beats of Pera », son corps pris de secousses magnétiques sur les vibrations presque drum & bass de l’excellent « Lodos » où se mêlent les éclats d’un santûr, l’équivalent iranien du kanun, cette cithare extraordinaire, et d’une flute virevoltante. Mais un autre homme arrive qui la prend par la main, plus beau. Socialement plus acceptable aussi, sans aucune doute. D’ailleurs cet endroit est trop lounge pour moi. Et puis quand ça chante en anglais, cela trahit cette tentation du trip-pop trop propre sur lui. Je n’ai plus qu’à sortir ma carte de la Ziraat Bankası, payer mes verres, seul, et rentrer à mon hotel, à quelques rues de là. Peut-être en tibutant légèrement, j’entendrai encore les échos plus ténus, de là où je me situe alors, bien en bas, de ces orchestres apocryphes, sur les élégantes terrasses d’Istanbul.

note       Publiée le samedi 30 avril 2016

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Ces gars-là sont des jön turkler modern.

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    marrant, cette pochette rappelle celle d'un disque de Marc Seberg...