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BaBa ZuLa › Gecekondu

cd • 11 titres • 60:19 min

  • 1Abdülcanbaz5:19
  • 2Kelebekler Kuşlar4:13
  • 3Efkârlı Yaprak6:12
  • 4Hopçe Açış1:06
  • 5Hopçe8:20
  • 6Le furet dans la forêt en feu4:54
  • 7Temptation4:30
  • 8Hayde Hayde9:08
  • 9Komşu Açış0:41
  • 10Komşu4:49
  • 11Temptation (Enstrumantal)11:06

informations

Produit par BaBa Zula, enregistré à Stüdyo Seniki Maslak, Istanbul.

Dessins : Mengü Ertel d'après ses décors pour la pièce "Ballad of Ali Keshan" de Haldun Taner et mise en scène par Engin Cezzar.

line up

Levent Akman (cuillères en bois, def bendir, cymbales, gong, machines), Murat Ertel (saz electrique, divan saz, cura, tanbur féminin, guitare, chant, percussions), Coşar Kamçı (darbukas turques et égyptiens, bendir, talking drums, percussions), Elena Hristova (chant)

Musiciens additionnels : Tod A. (chant 7, basse 7, 11), Bugge Wesseltoft (synthétiseur 8), Cem Yıldız (cura 4, 5), Dr. Das (basse 1, 10), Serra Yılmaz (chant 1), Julie Loi (chant 6), ALCALICA (musique 6), Leon Dane (santur & machines), Titi Robin (guitare 8, bouzouki 10),

chronique

  • folk-rock-psyché-dub oriental

Après une nouvelle bande-originale de film et un album plus minimaliste renouant avec les improvisations de l’époque ZeN, BaBa ZuLa reviennent avec leur album le plus dense. Voire le plus danse. Le tout dans une très belle pochette à fenêtres, illustrée d’après un décor de théâtre. C’est que la formation de Ertel & Akman a toujours été liée aux arts visuels, c’est ainsi qu’elle a débuté. Pas si étonnant alors d’y trouver deux hommages au grand dessinateur Turhan Selçuk, alors tout juste décédé, à commencer par le premier titre de l’album, un modèle du folk-psyché-dub nommé d’après le personnage légendaire du cartooniste, l’ « Incroyable Turc » Abdülcanbaz, le gentleman défenseur du peuple aussi connu en Turquie que Lucky Luke de par chez nous et dont la claque ottomane n’a d’égal que les baffes gauloises d’Obélix. Et pour apporter la saveur dud indispensable, c’est ici Dr. Das, le bassiste d’Asian Dub Fondation, qui rejoint le groupe jamais à cours d’idée de collaborations précieuses et toujours plus international dans l’âme, la chanteuse macédonienne Elena Hristova ayant rejoint le line-up, touche vocale balkanique dramatisant des morceaux comme « Efkârlı Yaprak » lui aussi dédié à Turhan Selçuk, rythmique dub creusant les ornières dont s’extirpent parfois en échos les percussions multiples de Akman & Kamçı. Sur l’instrumental « Kelebekler Kuşlar », c’est tout en acoustique que ça vibre, dans un retour aux sources à la fois fidèle et libre de toute orthodoxie, presque bluesy quand les cordes prennent la mouche. Cette référence à la tradition, elle se laisse deviner aussi dans cette forme de courtes intros séparées notées « açıs », comme il se doit, de deux morceaux dont le fantastique « Hopçe » qu’introduit le solo de cura de Cem Yıldız, ancien folkeux désigné de Orient Expression revenu à une musique plus organique depuis la séparation du groupe. Inspiré d’un zeikek (une danse traditionnelle), avec ses gongs réverbérés, son interminable transe ponctuées d’appels/réponses et ses lignes de saz électrifiés virant psyché, « Hopçe » faisait une irruption remarquée dans le merveilleux film de Deniz Gamze Ergüven, « Mustang », alors que les quatre soeurs se rendaient en loucedé au stade de foot dans un bus rempli uniquement de filles enfin lâchées par la férule des hommes. De là à dire que Gecekondu (qui signifie un habitat construit vite-fait mal-fait dans la plus totale illégalité, dans une certaine idée de liberté, en marge des critères sociaux traditionnels) est l’album le plus « classique » de BaBa ZuLa, ce serait sans compter sur sa seconde moitié. D’abord une étrange comptine bien sombre chantée en français de la voix androgyne de Julie Loi, du groupe berlinois-grec ALCALICA, mélangeant santur et bourdonnements électroniques en tapis d’orient pour cette étrange litanie où il est question de « bombes » et où nous sommes « tous dans la tombe dès qu’on est né ». Autre versant des goûts de BaBa ZuLa pour une certaine noirceur, « Temptation » et sa lourde basse post-punk comme ses vocaux masculins quasi gothiques, tous deux assurés par Tod A., ex leader du groupe indus Cop Shoot Cop. Quand revient en réponse la voix crystalline de Hristova, un vague souvenir des Sisters of Mercy avec la diva israélienne Ofra Haza affleure, même si ici le rythme se fait beaucoup plus mid-tempo et hypnotique, toujours le glacis du dub, avec un saz qui grince parfois du côté du noise-rock. Tout aussi surprenant quand l’aérien « Hayde Hayde » prend un envol en douceur avec la guitare jazzistique de Titi Robin, familier du jeu à la gitane, à l’arabe, enfin à ce qui respire l’Est et les rencontres fortuites, avant que le groupe, en voix harmonisées sussurées ou portées vers le ciel ne soit illuminé par les synthés aux ondulations cosmiques de Bugge Wesseltoft. Après les transes du corps, la redescente au pays des rêves iridescents, le chant foutrement balkanique de la macédonienne Hristova faisant son office en guide spirituel à travers cette musique des sphères de l’Orient. Et c’est toujours sa voix démultipliée qui nous entraine chez le voisin, le « Komşu », pour une dernière louchée de ce dub oriental à basse bien épaisse, bien ronde sur laquelle peuvent rebondir les mots et les cordes dénouées d’attaches, saz et bouzouki de concert. Jamais avare de leur énergie, suffit de les voir en concert, une version « enstrumental » de dix minutes de « Temptation » pas superflue pour qui veut en remettre une couche de transe percussive vient clore cet album chiadé, un des derniers de l’aventure du label Doublemoon, majeur durant les années deux-mille. Peut-être bien l’aboutissement de BaBa ZuLa.

note       Publiée le samedi 13 août 2016

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    Tallis Envoyez un message privé àTallis

    Un contenu aussi chaleureux et convivial que son superbe contenant. Baba Zula semble pouvoir inviter la terre entière avec un naturel parfait (étonnant comme l'association Titi Robin - Bugge Wesseltoft sur la piste 8 semble évidente après coup). Gros coup de cœur pour "Le furet dans la forêt en feu"...

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Oui, moi aussi je le conseillerais comme porte d'entrée au groupe. Y a tout ce qui est excellent chez eux (sauf Brenna).

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Avec sa pochette sobre mais parfaite... Le premier baba zula que j'avais ecouté il y a quelques annees, et c'est toujours un immense plaisir. Non seulement l'aboutissement mais il peut aussi servir de porte d'entrée ideale au groupe. Le son est au poil, la base par exemple est un regal, bien equilibrée elle ressort, chaude, sur Komu B -> hop, tres prochaine commande.

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