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ZeN › Suda Balık

cd • 14 titres • 59:14 min

  • 1Çok Su İçtim1:15
  • 2Suda Balık3:50
  • 3Aman Dur Bekle3:30
  • 4Seslen Bana3:46
  • 5Ses Nefes2:00
  • 6İnkilap Vapuru5:33
  • 7Caktır8:40
  • 8Karşılama3:35
  • 9Acıklı Ama Aldatıcı4:32
  • 10Plaj Havası4:32
  • 11Dadidi3:50
  • 12Yalı Çiftetellisi4:16
  • 13Bu Yol Hiç Bitmiycek6:30
  • 14[Hidden Track]3:25

informations

Produit par Murat Ertel. Enregistré à Plaj Stüdyosu.

line up

Murat Ertel (chant, guitares), Merih Öztaylan (voix, percussions), Okan Özpoyraz (batterie, percussions), Burak Aktay (guitare électrique), Mehmet Övünç (bandes), Remzi (darbuka), Adil Sadak (guitare électrique) Esat Başak (ombres et lumières), Nazım Dikbaş (voix)

chronique

Aveu : je n’ai jamais pris de drogue. Illégale j’entends, je prends des antidépresseurs sous ordonnances comme tout le monde. Mais pas une petite taffe d’un petit spliff. C’est pourtant pas les occasions qui ont manqué. À peine quelques fumerolles en aspirant passif. Non pas que je sois particulièrement à cheval, surtout vu ce que j’ai picolé, mais le côté « break on through to the other side », ça m’a toujours paru être des conneries de hippies. Et puis en plus, y en a qui se chargent de la prendre pour moi. Ou d’en reproduire les effets. Quand j’écoute le premier album de ZeN, par exemple, j’ai vraiment l’impression d’avoir gobé un truc pas clair. Sans doute qu’eux l’avaient fait, ou s’échinaient juste à faire comme si. Tout à l’air distordu. Faut dire qu’avec cette gueule de chaman de Murat Ertel aux commandes, y a pas de fumée mauve sans feu herbacé. ZeN, c’était un peu le retour à ces délires psychotropiques à laquelle l’Anatolian Pop s’adonnait dans les années soixante-dix, avant d’être bouffée par le prog-rock puis de s’évanouir complètement après le coup d’état de 1980 qui met un terme à bien des envies, y compris autres que musicales. Seuls restent encore quelques vieux maîtres à la ramasse ou tournés définitivement vers la turkish-pop la plus consensuelle, quand ils ne sont pas tout bonnement exilés pour raisons politiques. Bien sûr il y a aussi un ou deux francs-tireurs comme Serdar Ateşer qui bricolent des choses étranges dans leur coin, mais le retour à cette musique turque traditionnelle comme matrice d’expérimentation, c’est avec ZeN qu’elle commence à repointer le bout de son nez. Formation protéiforme issue de Beşiktaş, sur la rive européenne d’Istanbul, assemblée autour du grand manitou Murat Ertel que viendra vite rejoindre Levent Akman, déjà présent aux remerciements, un duo terrible qui va connaître le succès quelques années plus tard sous le nom de BaBa ZuLa. Pour l’instant, Ertel gratouille sa guitare électrique, entouré d’une bande de musiciens probablement louches au vu de cette musique qui semble plus improvisée qu’autre chose, comme si ils s’étaient posés au bord du Bosphore avec du matos, et pas que des amplis si vous voyez là où je veux en venir. Inutile de chercher de belles mélodies, ZeN fait de la musique en creux, sur le fil du bordel, des paroles jetées en l’air loin de micros improbables, dont on entend parfois le souffle. On est pas si loin de « Purge & Slouch » de Giant Sand. On établi un rythme, un groove et on fonce, ou se défonce, dans le flou, c’est d’ailleurs rarement frénétique et souvent semble au ralenti, folk-rock électrique pâteux, un « Acıklı Ama Aldatıcı » pris dans la glue fluorescente, dont les échos orientaux sont à saisir dans les percussions et les accords de la guitare de Ertel. Pas loin parfois d’un krautrock minimal et aléatoire, avec d’étranges bruits sur bandes qui surgissent et disparaissent, des lignes de chants et des lignes de basses désaccordées par de fausses perspectives. «  Suda Balık », ça veut dire « Poisson dans l’eau », bien nommé, il y a justement une atmosphère liquide qu’on ne retrouve pas que dans l’étrange « İnkilap Vapuru » entre field-recording d’un vapur (les bateaux-bus d'Istanbul) à l’arrivée, bricolage électronique et folk comateux mais aussi dans les percussions mouillées de « Seslen Bana », bonne à danser dans la brume. Y aurait de quoi se remuer toute la nuit en face des lumières de la rive orientale, « Caktır » dépliant son groove viral sur plus de huit minutes, s’achevant sur des bruits de mitraillettes, peut-être des jouets, peut-être pas. On n’est jamais loin d’un dérapage là-bas, la violence est concrète. « Karşılama » ou « Ses Nefes » trahissent cette étrangeté inquiète, des ambiances bizarroïdes et des voix chuchotées. ZeN fait référence à la tradition, voire les titres comme le fabuleux « Yalı Çiftetellisi », musique de danse pour yalı, ces grandes demeures de bois au bord du Bosphore dont la plupart ont cramé avec les âges, mais rien ne semble ici vraiment tourné vers le passé, Ertel et sa bande expérimentent des sauces nouvelles, se cherchent dans des prémices imprécis mais duquel « Bu Yol Hiç Bitmiycek », entre autres, montre une voie vers ce krautrock oriental bientôt teinté de dub. Restez ZeN, le meilleur est à venir.

note       Publiée le dimanche 8 mai 2016

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    J'ai mis le temps aussi à cause du dépouillement. Bon, ils sont pas tournés vers l'Orient eux, ils y sont. Enfin sauf quand ils sont "auf der anderen Seite", évidemment.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Je le trouvais d'abord plus perché que perchant (c'est tout de meme moins chargé-cramé que les Sun city girls, reference peut-etre trop evidente, comme freak folk tournée vers l'orient). Je n'accroche pas a tout pour l'instant, un peu trop depouillé. Meme un jour comme aujourdhui ou marcher en trainant son manque de sommeil convient tout a fait a l'ecoute de ce Suda Balik.

    Note donnée au disque :       
    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    Grand groupe de psyché. Pour le coup là c'est vraiment la dwogue qui parle, bien plus que chez Erkin Koray.