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Bad Brains › Rock For Light

lp • 17 titres • 38:24 min

  • Face A
  • 1Coptic Times2:13
  • 2Attitude1:12
  • 3We Will Not1:40
  • 4Sailin’ On1:51
  • 5Rally Round Jah Throne4:40
  • 6Right Brigade2:14
  • 7F.V.K.1:00
  • Face B
  • 8Riot Squad2:07
  • 9The Meek Shall Inherit The Earth3:36
  • 10Joshua’s Song0:34
  • 11Banned In D.C.2:03
  • 12How Low Can a Punk Get1:56
  • 13Big Takeover2:36
  • 14I + I Survive5:18
  • 15Destroy Babylon1:25
  • 16Rock For Light1:41
  • 17At The Movies2:18

cd • 20 titres • 43:55 min

  • 1Big Takeover2:36
  • 2Attitude1:12
  • 3Right Brigade2:14
  • 4Joshua’s Song0:34
  • 5I + I Survive5:18
  • 6Banned In D.C.2:03
  • 7Supertouch*2:20
  • 8Destroy Babylon1:25
  • 9F.V.K.1:00
  • 10The Meek Shall Inherit The Earth3:36
  • 11I*1:55
  • 12Coptic Times2:13
  • 13Sailin’ On1:51
  • 14Rock For Light1:41
  • 15Rally Round Jah Throne4:40
  • 16At The Movies2:18
  • 17Riot Squad2:07
  • 18How Low Can a Punk Get1:56
  • 19We Will Not1:40
  • 20Jam*1:16

informations

Enregistré et mixé par Ian Taylor, assisté de Walter Turbitt, aux studios Synchrosound (Boston). Masterisé aux studios 52nd St. Produit par Ric Ocasek.

La liste des morceaux présentée pour la version CD concerne l’édition Caroline Records de 1991. Ceux marqués d’un « * » sont absents de l’édition LP originale, et l’ordre des titres en diffère. La plupart des autres rééditions de l’album reprennent à l’identique l’ordre et le nombre des titres de l’édition originale. Cette chronique se base sur cette version première du disque.

line up

Dr. Know (guitares, chœurs, piano, orgue), H.R. (voix [gorge]), Earl Hudson (batterie), Darryl Jenifer (basse, chœurs, percussion, synthétiseur [prophet 5])

Musiciens additionnels : Dave Id (chœurs sur Coptic Times et Destroy Babylon)

chronique

Alors non… Rock For Light n’est pas une "simple mise à jour" du premier album – de la première cassette – du groupe, avec "juste un meilleur son et un ordre de titres différents". Et puis pour commencer, ce n’est pas un détail, ce son ! C’est là qu’elles trouvent leur définition parfaite, ces chansons, sans perdre de leur grain. Tout est lisible mais rien n’est ébarbé. Les riffs de guitare, la basse, la batterie, prennent de l’épaisseur – juste ce qu’il faut de masse inébranlable, qui ancre la frappe, mais sans perdre le moins du monde en vélocité, en fulgurance – l'accélération de Big Take Over, tiens, dans cette version (après cette... foutue intro), allez donc prétendre de bonne foi que c'en serait une mouture ramollie...

C’est Ric Ocasek – des Cars – qui produit le disque mais rien ne tourne pop, élégance ligne-claire, pour autant ! Tout reste hardcore. Il faut tout jeter vite, fort, pleine face. Colère indignée, rétorque en feu continu, rhétorique rasta vertueuse – on en pensera ce qu’on voudra, de leur morale biblique (quelques-uns ne se sont pas gênés – écoutez par exemple le Pay To Cum Along de MDC…), on ne peut nier que ce soit craché avec une conviction, une exactitude, une vigueur qui fracturent l'obstacle, chopent immanquablement au colbac. Toujours furieux, vindicatif, exaspéré. Le relief est plus net… Ça n’en écorche pas moins. On entend mieux ce que fait Dr. Know à la guitare, par là. Est-il vraiment un seul ? Qu’est-ce qui lui prend, tout le temps, avec ses plans qui filent en flèche et pourtant tout tordus ? Comment trouve-t-il le temps d'être un guitar-hero quand il a trois, quatre secondes par chanson, pour envoyer son solo ? Eh bien... C'est qu'il choisit l'option jongleur de couperets, courant les yeux bandés sur le câble... Du genre qu'on ne s'avise pas de quitter de l'œil, quoi, quand il part.

Bon… Métaphores à part, l’histoire est connue : ces types étaient sur leurs instruments mieux que des brutes, des virtuoses : des fous furieux, mais alors très au fait de leurs moyens, et désireux sans relâche d’inventer sur eux, pour eux, par eux de nouvelles façon d’assaillir ; de porter, de passer l’énergie, aussi, en éclairs et boucan – rappelez-vous la pochette du fameux premier éponyme, la foudre qui tombait sur Washington, le dôme présidentiel. Il s’agissait déjà, il s'agira toujours de cramer Babylone, oui, sans doute, de la jeter à bas ; mais peut-être bien aussi d’allumer la cité, de la rendre lucide pour x paquets d’années, de l'empêcher de pioncer dans un paisible oubli, une tranquille ignorance. Lisez un peu le titre de celui-là : "Pour La Lumière", ce n’est pas pour rire…

Et puis d’ailleurs, puisqu’on parle Jah, Zion, autres fabliaux et projections et certitudes mystiques : venons en aux morceaux reggae, ceux d’ici. Ce ne sont plus les mêmes que sur celui d’avant. Ils ont toujours été – sur ladite cassette – les seuls à me sembler un peu faibles, ou plus précisément : un peu "génériques" ; les rares qui – décidément – n’y trouvaient pas tout à fait leur son. Respirations – certes – mais en eux-mêmes pas aussi forts que le reste. Ici… Je les trouve sans défaut. Avec cette profondeur dub dans la mise en espace. Mieux écrits, aussi, simplement. Il semble d’ailleurs, curieusement, que le reggae soit le "style", à ce moment de l’histoire, à quoi les musiciens se soient "mis" le plus récemment – étant par ailleurs passés directement du jazz-fusion au punk-hardcore… En inventant cette incroyable variété qui nous éclate, explose toujours à la gueule, à écouter ces deux premiers albums, avec la même vitalité brûlante, à la fois presque effrayante et absolument contagieuse dans son exultation.

Bref… Avec cette nouvelle maturité dans l’écriture et le jeu, pour ce secteur de leurs exactions – le reggae-dub, disais-je – le contraste fonctionne d’autant mieux. Le séquençage des titres, d’ailleurs – dommage, en passant, que la réédition CD de 1991 foute en l’air ces alternances merveilleusement retorses – est particulièrement sans pitié, là-dessus. Faire succéder Joshua’s Song – décharge spécialement hargneuse de trente secondes – au doux et mélancolique The Meek… ; ou Destroy Babylon et ses ondulations de voix dérangées, ses cassures rythmiques, au coulant I + I Survive (particulièrement réussie, d'ailleurs, celle-ci, avec son solo façon Junior Marvin circa Babylon By Bus – le fantastique album live des Wailers, oui – et H.R. qui… Chante ! Car en plus, ici, on entend qu'il peut chanter, crooner, même, le Grand Cinglé Grinçant). C'est qu'il fallait cogner à l’entendement, balayer les attentes…

Il fallait – encore, oui – que ça réveille. Autant vous dire que plus de trente ans après, ça ne vous fout toujours pas la paix, leurs accès de démence au cordeau, leurs poussées de maniaquerie débordantes, délirantes, leurs gnons généreux. Qu’ajouter, après ça… ? Que quelques pistes pointent, peut-être, fugitives, dans ce chaos qu’ils tiennent si ferme. Des bouts d’intros, par exemple (ces arpèges, ces accords tristes juste derrière les stries bruitées, au début d'At The movies) qui pourraient annoncer – facile à dire avec le recul, la connaissance de ce qui allait suivre – ce qu’ils allaient devenir. Quelques passages où le mordant de la fameuse guitare se prend de curieux effets, aussi, de phase, flangers, traitements… Tout ça presque planqué dans la fureur incroyable de cette musique, derrière cette voix plus psychotique, écorchée, enflammée que jamais – H.R. ne braillera plus jamais ainsi, ensuite, au moins sur les albums studio. D’ailleurs… Plus rien ne serait pareil, bientôt. Ils n’allaient pas – ils pouvaient pas, ces excités – stagner, rester sur ce qu’ils venaient de lâcher, ce définitif, cette fois pour toute, à voix pleine.

Le boulot – les changements, le passage à autre chose, les tentatives, ajustements... – se ferait longuement, sur scène, avant que ne sorte le prochain… Pour certains, ça finit là, tout court. Je ne suis pas de ceux-là ! Il est indéniable, pourtant, que ce disque clôt quelque chose – qu’on le prenne comme un sommet, un point de rupture, un indépassable ou le point de visée d'une perspective encore cachée.

note       Publiée le mardi 24 novembre 2015

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Note moyenne        13 votes

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Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

Le précédent était fondateur et définitif. D'une certaine façon, il avait épuisé un style en le mettant sur le devant de la scène. Celui-ci est bien plus une rampe de lancement. Il ouvre son lot de portes.

Note donnée au disque :       
Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

@dioneo T'as bien raison de faire des piqûres de rappel. Les 2 premiers Bad Brains, que je vénère, ont cette utilité fondamentale pour l'amateur de musique qui maraude par ici: à force d'écouter des tonnes de groupes à la pelle, j'ai parfois l'impression d'être devenu très indulgent sur la durée. Quand t'écoutes ce disque, ben tu te dis:"ah ouais, en fait, c'est comme ça qu'un groupe vraiment talentueux sonne". Et, finalement, il n'y en a pas tant que ça des groupes dans cette catégorie. C'est à dire vraiment mais vraiment au dessus de la mêlée.

Message édité le 01-03-2023 à 20:02 par Giboulou

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Allez hop, un coup de Rocher/Secousse pour la Lumière... Toujours aussi dingue ce disque, à la fois beigne parfaite du hardcore US de ces temps là - tout y est, la vitesse, le son qui claque, la concision et le côté parfaitement tenu et débordant en même temps (de rage, d'énergie...) et parsemé d'indices quant à ce qui faisait de ces mecs autant des OVNI dans cette scène là qu'un des trucs fondamentaux de ladite scène. Genre les accords jazz (magnifiques et pas "gratuits") à la fin du bien furax Sailin' On, l'intro proto-Fishbone de Rally 'Round Jah Trone - et la suite du morceau, bien sûr, reggae qui tombe parfaitement en place, dans le timing, alors que tout dit que ça devrait sonner incongru. Puis bon, le jeu de gratte pas possible de Dr. Know, la voix habitée d'HR... Mandale4life, ouais - Positive Mental Attitude en sus (oui, ça fait PMA et ça fait bizarre vu le sens que prend le sigle dans un auter contexte contemporain, je sais).

Message édité le 01-03-2023 à 16:34 par dioneo

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Eh eh... Ben d'rien ! C'est clair (je radote) qu'il ne fait pas double-emploi avec le premier, comme on pourrait croire à lire la liste des titres ! Et oui... La prod' y est pour pas mal dans la nouvelle tronche que prennent les titres en commun.

Note donnée au disque :       
Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Le Bad Brains parfait ! Bon sang, quelle merveille ! La production y est parfaite, chaque élément est mis en valeur. Dire que j'aurais pu passer à côté...Merci Dioneo !

Note donnée au disque :