Bon sang, que de changements chez Der Himmel über Berlin ! Deux chanteurs, deux batteurs (dont l’un était le premier chanteur), tout ça en trois ans et sans que ça ne perturbe l’équilibre du groupe au final. Après deux live et un album chez Swiss Dark Nights, voilà donc les Italiens qui décident de voler de leurs propres ailes en enregistrant un second LP en autoproduction totale, forts de l’arrivée du nouveau vocaliste et du nouveau batteur. J’avais beau apprécier la voix de Paolo Rossi, nulle comparaison avec celle de Teeno Vesper, nettement plus pêchue. Le style du combo s’en ressent, la production est plus claire, moins compressée, et la musique plus agressive. C’est simple, ‘Hyde’ ou ‘Alone in my room’ se rapprochent davantage de leurs compatriotes de Mescaline Babies en s’éloignant des touches gothic rock traditionnelles encore présentes sur ‘Memories never fade’. Pas question de faire totalement peau neuve, plutôt de profiter des nouveaux atouts pour explorer plus en profondeur l’aspect purement post punk des compositions et c’est très bien ainsi. Teeno Vesper a vite fait de démontrer ses qualités dans des accents colériques ou épiques comme sur l’excellent ‘Shadowdancer’. Cela n’empêche nullement le quatuor de s’aventurer sur des ambiances plus mesurées et épaisses comme sur ‘Take me home tonight’, nocturne, torve et mélancolique à souhait, idem sur ‘Falling down’ qui brille également par l’excellente performance de la rythmique, sombre, envoûtante, parfaite base pour les guitares fraîches qui s’y adjoignent subrepticement. Der Himmel über Berlin nous livre d’autres pièces pêchues flirtant outrageusement avec le deathrock mais de manière personnelle : ‘With some leeway’, ‘Something in the dark’ ou encore ‘Black dress’. Au milieu de tout ça, un instrumental plutôt froid et sinistre et en avant dernière-position, ‘A ballad’, plus progressif dans son évolution, croisant aisément froideur cold wave, agressivité post punk, quelques attaques noise, dans un séduisant jeu de cache-cache. En résumé, le groupe est bien dans ses bottes, il n’a pas renié son identité, il l’a fait évoluer en sachant se servir au mieux des acquis et des capacités des nouveaux membres. Souhaitons que cette formation soit la bonne car après écoute de ce ‘Shadowdancer’, véritable ode à l'obscurité, sa force, sa tristesse, son ambiguïté, on sent tout le potentiel qui s’en dégage.