Gescom › Skull Snap

Gescom vit décidément dans un espace-temps différent du nôtre. Le collectif qui peut sortir trois disques en une année est tout autant capable de rester silencieux pendant six autres sans que cela n'affecte l'image que l'on s'en fait ni le son qui l'habite. Quatre ans après A1-D1, il nous livre Skull Snap, EP penchant clairement vers l'aspect rétro et urbain de leur musique. Cette fois, ce n'est pas seulement l'identié des membres qui génère de savoureuses discussions, mais aussi celle du label sur lequel il a atterri. Skullsnap Records est-il connecté avec Skam, ou est-ce encore un autre obscur label de hip-hop underground ? Il convient quoi qu'il en soit à merveille à ce Skull Snap qui retourne donc un cran en arrière en terme de sonorités, retrouvant le confort familier de l'abstract hip-hop et du funk déjà annoncé par le nom rendant hommage aux Skull Snaps, groupe de funk d'un seul album dont certains breaks ont été pillés et rongés jusqu'à la moëlle par bien des producteurs sur plusieurs décennies. On est bien là dans le Gescom de EP2 et This / That : celui d'une musique electro-funk qui ne veut pas mourir, soumise à autant d'amour que de tests d'endurance quant aux traitements sonores. 'Cake Mic' écrase et étire les samples avant des pousser à bout dans une bizarre farandole gadoueuse. 'Seventh Stone Triangle' et 'Seventh Ace Deuce', deux faces d'une même structure, hachent d'autres samples (l'un de funk, l'autre d'une espèce de foule lo-fi avec synthés mélodiques stridents) sur une rythmique hip-hop rigoureuse. Les deux derniers titres, un peu à part, poussent l'idée de l'addition-soustraction d'éléments rythmiques à bout, même sur une très courte durée ('V Take Fastroll'). J'aime cette lente déconstruction du rythme qu'ils ont entreprise depuis une vingtaine d'années, et je garde espoir qu'ils finissent un jour par collaborer avec un MC digne de ce nom.