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Abigail › Intercourse & Lust

cd • 9 titres • 39:28 min

  • 1A Witch Named Aspilcuetta4:32
  • 2Confound Eternal4:10
  • 3The Crown Bearer2:49
  • 4Attack With Spell4:09
  • 5Strength Of Other World7:02
  • 6The Bonehunter2:29
  • 7Mephistopheles5:13
  • 8Intercourse & Lust1:26
  • 9Hail Yakuza7:38

informations

Enregistré par Mr Vamanda au studio On Air, 1996.

line up

Yasuyuki Suzuki (basse, voix), Youhei (batterie), Yasunori Nagamine (guitare)

chronique

Curieux plaisir, drôle d’impression. Celle de se ramasser plein-gosier, buffet, pleine-face, un assaut basique, primaire… Mais en même temps tout grouillant et piégé, piégeux, étrange. Apparemment d’un bloc mais – vu de l’intérieur, une fois happé dedans – infiniment tordu, chaotique, vicieux. Vicieusement direct et plein de sales replis étonnants et délicieux… En un sens : le truc "orthodoxe" ; mais autrement : complètement fou, insoucieux de quelque dogme que ce soit, seulement désireux de tout arracher en fonçant le plus vite, le plus fort, le plus con possible. Aussi punk que les tout-premiers groupes de black metal – vous savez, ces bandes de types de quinze ans qui en Angleterre, en Amérique du Sud, en Norvège ou en Suède, un peu plus tard, avaient crachées ces musiques incroyablement brutes et inventives, crétines et brillantes, méchantes et passionnées – avaient pu l’être. C’est à dire, certes : aussi brutal et stupidement provocateur ; mais également : aussi peu gêné, pour dire ce que ça veut, mener chaque idée jusqu’au bout, par le "ça ne se fait pas", voire le "mais ça risque de ne pas marcher"… Raison pour laquelle ça prend si bien, sans doute, ça captive. Abigail, ici – sans que jamais vraiment on puisse se départir de l’impression qu’un black metal poisseux, empoisonné, poison "pur", même, nous est dégueulé, déversé, déferlé dessus, tout du long – ne se refuse aucune incongrue rupture. Aucune voix off grotesque qui, par effet d’exagération encore poussée, de dilatation de ce procédé ridicule, parvient à installer une sorte de malaise hilare, là où elle devrait tomber à plat, sonner seulement farce. Aucun sample d’émeute, de panique, (de guerre ?) qui ne parvienne pas, ce coup, à déstabiliser les compositions déjà glissantes, tout en revirements secs, en épingle, en ralentissements soudains et poussées de soli en invraisemblables piqués, vrilles, volées de lames de hachoirs. Tous les thèmes chers à Abigail, à sa tête pensante (...), Yasuyuki Suzuki, y sont déjà, oui – oh, faciles à recenser, à vrai dire : le cul (rien que le titre – "Rapports sexuels et luxure"…; et les deux faces de la réédition vinyle se nomment "Wet" et "Pussy"… les faces "Chatte" et "Mouillée", donc, s’il fallait préciser ; encore plus en subtilité, oui… je les soupçonnerais presque d’avoir voulu en faisant ça désamorcer un peu de la bizarrerie de celui-ci pour coller mieux à l’image de déconne totale qu’ils s’acharneront à entretenir plus tard) ; Satan et ses noires œuvres… Pourtant, à ma connaissance, aucun autre disque du groupe – j’avoue cependant ne pas les avoir tous écoutés ; c’est encore l’une de ces discographies où pullulent les EP/splits, les albums live, les cassettes introuvables… – ne semble atteindre à cette démence de forme, à cette audace dans le dans-le-mur, l’éternel, continu cabrement. D’autres albums fileront sans doute encore plus vite mais… Toujours droit, finalement, variations à chaque fois, dosages assez simples de genres fonceurs et rudes – celui-ci plus thrash à l’ancienne, celui-là davantage heavy tendance gasoil-goudron, un autre, voire, légèrement plus enclin à déconner crust. Souvent, les pochettes – la plupart du temps ratées, à mon sens, ceci-dit – pousseront bien plus loin dans le registre ne-pense-qu’à-ça, avec leurs pinups les plus vulgaires possibles, les seins en avant, rouges et roses porno-cheap ; ou dans le grattage de fresques à démons et tas de monstres, trait approximatif, sans doute volontairement mal foutus, manqués, torchés… Mais c’est bien sous ces estampes – plus ou moins sobres selon qu’il s’agisse de l’édition CD première (celle aux amants tous les deux humains), ou des versions ultérieures (la Dame au Poulpe… donc) – que se trouve le véritable coup de génie, celui du moins qui dépasse de loin la simple blague et l’allégeance aux vieux initiateurs du primordial bordel. Tout ça est biscornu, à vrai dire, on se paume, on ne comprend pas, aux premières écoutes, ce qui va nous tomber dessus au bout de tel ou tel riff. Et bien plus tard, on peut continuer de trouver impossible un morceau comme Hail Yakuza, celui qui nous éjecte du disque. Tellement foutraque, changeant, cyclothymique… Passant d’une espèce d’allégresse comme droguée à une percée de guitare héroïque, ton stupidement épique à quoi pourtant on se prend à trouver une véritable beauté… Puis à la fin ralentissant, avec ce riff superbement sans fin, alenti, et cette batterie derrière, ces cymbales qui semblent convulser, comme touchées au bulbe par la décharge, dernier chant affolé du rythme, égaré par l’ultime revirement… Drôle de disque, donc. Anomalie, chez ses auteurs. Typique, en quelque sorte, de ce qu’on aurait aimé les voir devenir. Réjouissons nous toujours de pouvoir l’entendre, l’inexplicable.

note       Publiée le vendredi 13 novembre 2015

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    vargounet Envoyez un message privé àvargounet

    Du bon black metal bien énervé en effet avec des influences punk et crust, je lui trouve une énergie un peu similaire au premier Black Witchery. C'est pas l'album du siècle car il manque un peu de temps forts sur la longueur mais dans le genre c'est particulièrement haineux et inspiré.

    Dead26 Envoyez un message privé àDead26

    Pour les thrashers de tout poil (pubien) et pour ceux qui voudraient voir la bande à Yasuyuki investir le sol français en bordel live (après Sabbat & Metalucifer l’année dernière) Abigail sera au Fall Of Summer cette année le 2 ou 3 septembre 2016.

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    Dead26 Envoyez un message privé àDead26

    FSMB est beaucoup plus décomposé dans la partition des riffs qui tuent, moins black, moins dans la touffe underground bm qu’était ce 1er album mais avec un meilleur son. L’esprit reste le même certes mais plus rien ne sera comme avant... dommage !

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Bah, j'ai fini par bien l'aimer aussi, Forever Bitch... Enfin, de temps en temps. Je lui trouve une certain fun du "essaye trop fort" qui se transforme en "n'en ont surtout rien à battre, en fait, probablement", moi, qui est venu au cours des écoutes... Mais rien qui me le fasse autant que ce premier, c'est sûr.

    (En passant... C'est peut-être pas si étonnant que la musique ait changé entre les deux. Le groupe n'avait rien sorti sous son seul nom entre celui-là - en '96 donc - et 2001... Et pour cette année là, juste un EP - avec deux reprises de Bulldozer en live, sur six titres. Et ensuite, surtout des splits, jusqu'à Forever... Parfois entre Abigail et l'un ou l'autre des autres projets de Suzuki, toujours plutôt du côté Barbatos de ses trucs, quoi, thrashos-blackos-débilos... Mais ouais, dommage qu'il n'y ait rien d'autre du niveau d'Intercourse and Lust, je dis pas, donc... Faut pas y chercher la même chose, quoi).

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Vrai que c'est pas la meme la suite , je suis meme un peu gené, c'est pas fun ni sombre en fait sur forever bitch; la fin de l'album releve la tete quand meme

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