Cobra › Traffic EP

Depuis la chronique de Nicko citée elle même par le groupe dans leur package marketing, Cobra est devenu assez populaire sur les tubes, sur les radios et les télés, les gars enchaînant interviews dadas cosmiques, jouant avec Kickback sur scène, déployant un humour qui me fait rire, se faisant les derniers témoins culturels du fond des Alpes Maritimes. Aujourd’hui, après un paquet de titres remarquables et qui ont toujours fait frétiller les orteils de votre serviteur, Cobra revient avec un single, un EP, une péninsule, suffit de regarder la France à l’envers, ça ressemble à la Crimée, il suffit de mettre la croix à l’envers, ça fait une croix à l’envers. Ici pas de trace de l’amour inspiré par leur gourou du 06, peu vraiment de satanisme, mais toujours une patience du riff répétitif, punk et produit, un EP concept, Lavilliériste : tout tourne autour de Paris, entourée par ce périphérique lumineux même la nuit, de sa population les Français, à qui l’on doit un hommage, à leur polytoxicomanie, à leur amour de la baston et à leur amour de Bernard Oulion, alias Bernard Lavilliers, ici présenté version synthépunk, mais aussi Cobrapunk dans leur propre version de ce qu'est la France de Paris, violente, électrique, comme une boule de flipper qui rebondit alors que Dédé écrase sa clope au comptoir, un coup d'œil dans la vitrine, il se rappelle New-York, l'aventure urbaine, les taxis sales et la dangerosité de sa propre vie rock, blouson, grosse boucle de ceinture. Proche du thrash parfois, très dansant toujours, rempli de slogans tapageurs, de paroles répétitives à sens giratoires et d'une confiance dans le discours, Cobra dans cet EP saura manger les oreilles des loulous qui veulent se battre et se droguer en toute liberté, qui veulent chercher l'étincelle dans le regard de l'ennemi pour ensuite se faire un tatouage sur l'avant-bras, avec une dague, et un serpent enlacé, en attendant de pouvoir se le refaire à l'intérieur du bras quand ce qui doit être fait sera fait. Cet EP saura donc légitimer une autre version de notre pays, un pays frémissant, avec de la fumée qui sort des plaques d'égout, des strobo violets dans la ruelle, des gars surin à la main prêts pour la mission. Pourquoi pas ? Moi je le sens, moi je sais, mais si toi aussi tu le sens et si toi aussi tu sais, alors chante donc avec COBRA.