Mais comment font-ils ? Comment, avec trois sons et demi, arrivent-ils à produire des pièces aussi fascinantes ? Ce n'est pas tout de jouer de la répétitivité, encore faut-il trouver LES sons à assembler, définir une hiérarchie et un ordre d'entrée, penser la dramaturgie ; en bref, savoir composer. Comme sur Envane et Anvil Vapre, les rythmiques ont ici plus à voir avec des mécanismes d'horloges ou des robots travaillant à la chaîne. On est définitivement chez Autechre ici, et même si la base de travail est electro comme souvent chez Gescom, le résultat est entièrement dans la veine de Chiastic Slide. Je vais faire mon snob, mais là, il faut vraiment écouter l'objet en vinyle tant les textures prennent vie, le duo (oups, collectif) sachant très bien exploiter le son analogique pour rendre ses textures aussi palpables et granuleuses que possible. Les mélodies douce-amères sont aussi beaucoup plus définies qu'à l'accoutumée, donnant un sentiment d'inéluctabilité à ces quatres organismes qui n'ont que huit ou onze minutes à vivre – le dernier différant légèrement, sacrifiant ses cinq dernières minutes à un final comme seul ces gars-là peuvent nous en faire ; cinq minutes sur quatre notes, qui s'étirent jusqu'à affaissement total. On ne s'est pas senti aussi bercé depuis Garbage, et au final, on se dit qu'on n'aurait jamais du quitter cet immarcescible cocon métallique. Le travail sur les voix toujours inintelligibles finit de nous achever.