Grave › Necropsy - The Complete Demo Recordings 1986-1991

Que pleuvent les anthologies de death metal ! Avec plein de démos dedans ! Vous le savez, les démos de death metal, a fortiori les démos de groupes devenus aussi cultes que Grave sont un peu les précieux des chevelus : rares, sous un format cassette souvent, ce qui amène des tas d’arnaques sur le marché - gné, süper RARE, démo Darkthrone - reçoit un truc imprimé en 2012 et copié sur une cassette de 2008. Alors, bon, on est content quelque part quand on tombe sur une compilation qui édite toutes les démos sur un seul format, accessible sans avoir à débourser mille euros dans des bouts de plastique bouffés par la poussière, sans « certificat d’authenticité », donc oui je suis bonne pâte bon consommateur quand je vois ce genre de compilations. Bref, voici aujourd’hui les vieilles démos de Grave éditées par Century Media il y a peu ! Bel objet, complet sonoriquement et visuellement, car ce qui est bien aussi dans ce genre de compilation c’est qu’il y a souvent interviews et documents d’époque qui permettent de mieux reconstruire la chose. On saura donc grâce à ce double cd que Grave s’appelait Corpse, a eu une espèce de side project bourré appelé Putrefaction, destiné à être un hommage aux groupes de grindcore anglais comme Napalm Death ou Unseen Terror. Le groupe a même eu d'autres noms auparavant (Rising Power, Destroyer puis Anguish), absents de cette compilation - aucune trace sonore en fait, apparemment tant mieux quand on lit ce qu’en dit Jörgen Sandström dans l’interview : « pretty fucking awful ». Ces mecs fans de Flick of the Switch d’AC/DC (oui, argh, et il assume toujours aujourd’hui Sandström) ont même chanté en chant clair, heavy metal à mort avant de devenir "Corpse" puis "Grave", avant de se singulariser par un thrash de plus en plus noir, violent, bourrin et morbide, pour finir par faire ce qu’on appelle du death metal. On apprendra aussi que les mecs de Grave étaient à peu près les seuls métalleux de leur bled, qu’ils vivaient quasiment toute la semaine dans leur studio de répétition, une « Yellow House » équipée à mort par un autre groupe du coin qui voulait devenir star du heavy metal. Imaginez les donc passer leurs semaine à se pinter la gueule à la bière et surtout à répéter, et surtout à enregistrer ce tas de pistes complètement cramés… le rêve n’est-ce pas ? Vivre de bière et de power chords, à hurler dans des micros avec beaucoup de réverb’ ? Avec du bon matos pas cher ? Ce qui est dingo c’est que dès le début en plus, c’est efficace - du thrash teuton qui va speeder de plus en plus pour aboutir à cette usine à catch metal que fut Grave à cette époque, la voix devenant de plus en plus gutturale pour arriver à des sommets d’ignominie notamment sur les pistes de « Putrefaction ». Les morceaux ont été remasterisés, le livret est vraiment agréable à lire avec livrets des démos reproduits, les différents logos des groupes, photos promos toutes dégueu, et tout est crédité, du photographe aux illustrateurs, plein de lyrics aussi, enfin, complet quoi. Et c’est bien tout ce qu’on demande à ce genre d’objet : qu’il soit de qualité archivistique, pédagogique, bien présenté, et on sera ensuite indulgent sur les pains et défauts techniques des démos. Quant au fan de Grave, celui-ci aura déjà dû acheter cette compilation, il se sera rendu compte que les plus grands groupes de metal ont tous commencé fort et bien parce que la plupart ont été montés par des bons musiciens élevés au houblon dès leur plus jeune âge, malgré la dureté des lois sur l’alcool en Suède. Et dire que tout un genre repose en partie sur la capacité à avoir des grands frères qui vont acheter de la picole…