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Devo › Duty Now For The Future

lp vinyle • 13 titres • 38:56 min

  • face A
  • 1Devo Corporate Anthem 1:14
  • 2Clockout 2:45
  • 3Timing X 1:11
  • 4Wiggly World 2:42
  • 5Blockhead 2:58
  • 6Strange Pursuit 2:42
  • 7S.I.B. (Swelling Itching Brain) 4:28
  • face B
  • 8Triumph Of The Will 2:16
  • 9The Day My Baby Gave Me A Surprize 2:41
  • 10Pink Pussycat 3:08
  • 11Secret Agent Man 3:35
  • 12Smart Patrol/Mr. DNA 6:02
  • 13Red Eye

informations

Produit par Ken Scott - Ingé-son : Ken Scott - Enregistré et masterisé à Chateau Recorders, Hollywood, de Septembre 1978 à début 79.

Design par Donny Phillips

line up

Mark Mothersbaugh (guitares, claviers, chant), Bob Casale (guitare, claviers, chant), Gerald V. Casale (claviers, chant), Bob Mothersbaugh (guitare, chant), Alan Myers (batterie)

chronique

  • zolo > harder / better / faster / strong

Aïe !! Mais Aïïeuhhh !! Ecchymoses, plaies et bosses, BLAM dans ta tronche. Ceux qui pensaient se contenter du premier album, bêtement sanctifié par la présence de saint-Eno l’intouchable, ceux-là en seront pour leur frais. ok, Duty Now For The Future fait rendre les armes. Duty Now For The Future est le Devo le plus brutal. Il ne fait pas de prisonnier, il s’écoute à donf, speede dès la première seconde comme un dératé, et tabasse l’auditoire avec un bel écusson d’agent assermenté tout neuf sur l’épaule (celui qui leur donne bizarrement des envie de péter quelques côtes et dents supplémentaires, comme ça pour la route). J’ai déjà exprimé à quel point l’affaire Devo avait forcément perdu de son impact politique et visuel passé ce fameux premier essai de 78. Mais musicalement, il semblerait que le groupe ait volontairement gardé de côté quelques classiques de son répertoire lors de l’enregistrement du dit premier essai. Beaucoup de titres ici présents furent joués depuis 74-76, années où le groupe rôde clandestinement sa mécanique, avant de débouler comme la peste sur le pauvre monde en 78 et de devenir l’un des groupes de "New Wave" (eh ouais, on appelait ça New Wave à l’époque, pas encore post-punk !) les plus marquants, avec les Sex Pistols.
Là, c’est tendu comme un slip kangourou rembourré posé sur une salopette blanche, bande de droogs ! L’intro donne le ton : c’est un hommage aux "Corporate Hymns" du film Rollerball, joués avant chaque match. C’est le doux parfum pollué des 80’s, leur jungle capitaliste de béton, les réunions au 87ème étage du World Trade Center, les rails de C bien rectilignes et les grands toboggans 100% PVC qui propulsent le tout à 100 Km/H. Obsolète le rock’n’roll, affectueusement désarticulé sur la reprise de Secret Agent Man (une reprise de Johnny Rivers, et l’un de leurs plus vieux morceaux), mais obsolète désormais. Ici, les vrais tubes sont bien des originaux, et leur efficacité est bourrine, précise et galvanisante. De grand shoots de produit dopant dans les cathéters, qui exploseraient presque sous la pression… Devo, c’est le petit rabougri du fond de la classe qu’on enferme pendant 4 ans dans un labo, et qui en ressort démultiplié, cloné façon balai dans l’apprenti sorcier, puis procède à la conquête du monde avec 4-5 de ses sbires attifés en chirurgien/ouvrier, tous avec une forme de T1000 et des voix de crécelles complètement sous coke. Ça souque tellement ferme et dur que personne ne pense à rigoler, à remarquer à quelle point ce comique de répétition dans les refrains est lourdingue, à quel point ces synthés outranciers sont ridicules, à quel point ces rythmiques spasmodiques sont exagérées… Non, on est trop occuper à danser, à shooter dans les meubles, à ligoter chat, chien, femmes et enfants avec du gros scotch en faisant la chenille tout seul, tandis que les voisins essayent d’appeler les flics, mais pas de bol vous aviez sectionné tous les cables 5 minutes avant. La face A enchaîne les tueries : Wiggly World et son riff mortel, ses paroles faussement consternantes… "They say the fittest shall survive / Yet the unfit may live”. Humm... Cortex et Minus se sont trouvé un job et leur motivation est carabinée. Blockhead porte très bien son nom de boss final de Tetris Attack, c’est une machine infernale, la rigueur de Kraftwerk mâtée par la ferveur rock’n’roll sous amphets des B-52’s, le tout pouvant donner de sérieuses leçons de raideur à sa majesté les Talking Heads. Si vous voulez une définition de la notion, aujourd’hui plus repassée que les cravates à Raffarin, de "tube post-punk", la voilà. Ça taille les angles, ça discoïse dans les coins, ça séquestre votre capacité de concentration, la concentre et la compacte sans rien lâcher pendant 3 minutes, avant de placer un refrain final bien fascisant à en faire glousser de plaisir Kim Jong-Un dans son treillis col mao 1929. Non, vous n’êtes pas chez Gang of Four, vous n’êtes pas dans un album mineur qui serait inférieur au précédent (au diable les anthologies), non ce n’EST PAS LA FÊTE, C’EST PAS DU DISCO, C’EST PAS DE LA GAUDRIOLE… C’est plutôt ce goût chimique dans votre gorge au moment où vous ouvrez les yeux, et que le loustic de droite au regard de cabillaud vous réajuste votre masque à oxygène et vous réinjecte discrétos une dose de synthétinine, tandis que votre conscience anesthésiée remarque à peine les convulsions en rythme de votre corps désormais livré à lui-même. Bien sûr, c’est beau comme la rencontre du scalpel glacé et de la chair fraîche sur le dancefloor, qui est la table d’opération de notre fine équipe d’équarisseurs à froid. Triumph Of The Will, qui arrive plus loin, prend le temps de bien nous asséner son message dégueulasse : celui d’un mec qui justifie un geste peu ragoûtant (qui ressemble bien à un viol mais le truc n’est pas avoué), le tout emballé sous un titre piqué au plus fameux film de propagande nazi. Youpi !! Et le pauvre Bobowie qui a du se justifier de son petit salut ambigu deux ans avant… Les temps changent vite, la tolérance aussi, surtout quand cette maladie de New Wave se répand et devient impossible à contrôler. Pink Pussycat remet ça en mode Zolo ébouriffé vivelle dop, les "paroles" sont quasiment du Red Hot dans leur vilénie ("Petite chatte rose, miaou miaou miaou", oh hé oh là on se calme les mioches), sauf qu’entre les deux est passé cette petite chose adorable et ovni dans l’album qu’est The Day My Baby Gave Me A Surprise. Incroyable : les hommes-duracell ont un cœur, ils se révèlent tendres sur ce titre qui parle d’enfant dans le dos avec une maladresse touchante. C’est bien le seul ilôt de non-roublardise dans cet album de pur yuppie cocaïné, qui incarne à lui tout seul la ligne dure reaganienne que l’Amérique allait faire bouffer au monde entier par des millions d’entonnoirs mécaniques dans les années à venir. "I Got All The Secretaries / Down On Their Knees". Endette-toi maintenant pour le futur, jeune padawan.

note       Publiée le lundi 24 août 2015

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Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

Par le Doigt du Grand Galactus!

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Raudus Envoyez un message privé àRaudus
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Totalement décomplexé celui-ci, ça tire au pistolaser dans tous les sens.

Note donnée au disque :       
mangetout Envoyez un message privé àmangetout

Contrairement à ce qu'en avait dit la presse à l'époque (mais ces messieurs se comportent couramment comme des perroquets paltoquets) ce deuxième album de Devo est excellent, la nervosité névrotique, l'intelligence débridée et la déconnade sérieuse n'ont jamais été aussi inutilement efficace. On peut retrouver je crois, certains titres de cet album (et du premier) dans des versions "demos" sur les compilations "Hardcore Devo", c'est à dire dans leur jus crasseux, rythmiquement psychopathique et sans leur camisole productive, j'adule Eno, mais il a foiré leur premier album, à mon avis, en voulant "enossifier" leurs propos "devolutifs".

merci pour le fusil... Envoyez un message privé àmerci pour le fusil...

Smart Patrol/Mr. DNA en live, gros morceau de mongolo-dance.