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Only Living Witness › Innocents

cd • 10 titres • 39:13 min

  • 1No Eden
  • 2Knew Her Gone
  • 3Deed's Pride
  • 4Placid Hill
  • 5Some Will Never Know
  • 6Strata
  • 7Freaklaw
  • 8Hank Crane
  • 9Downpour
  • 10Total Particle Reversal

informations

Enregistré en 1995

line up

Jonah Jenkins (chant), Craig Silverman (guitare), Chris Crowley (basse), Eric Stevenson (batterie)

chronique

Amateurs de grunge burné, métalleux en chemise à fleurs, et motards dans l'âme sensibles au stoner artisan : unissez-vous et formez le cercle de puissance qui aidera enfin ce ronronnant album des 90's alternatives à rencontrer ses plus féroces défenseurs. Quand j'écoute Innocents, c'est un peu le contraire de quand j'écoute Les Innocents. C'est à dire que plutôt de me boucher les oreilles en étant recroquevillé tel un koala maltraité, je suis debout, conquérant, et prêt à tenir la position "guidons-de-chopper" avec l'expression déterminée d'un croqueur de croissant. Quand j'écoute cet album, je vois le geek rédacteur en chef de magazine qui me l'a fait découvrir, tel qu'il serait, dans un monde sans papier journal : avec du papier à poncer, et une grosse carosserie à reprendre en écoutant pour se motiver "Knew Her Gone", "Deed's Pride", "Downpour" ou le tube implacable "Some Will Never Know". Only Living Witness était un groupe qui incarnait l'expression "top notch". Un groupe à la fois banal et atypique. Le charme réconfortant du 'casual', du 'regular', du 'denim', du 'classic', l'armature essentielle de nos vies simples - avec le petit plus personnel dans le feeling qui fait l'épaisseur de leur rock. Et nous appelerons ce petit plus émotion pour faire simple. Du rock américain de la grande époque, plus spécifiquement du métal alternatif. La saveur du grunge tout juste désintégré, qu'on ressent de partout. Un feeling stoner indéniable sur certains titres très "motorisés", qui lubrifie tout ça de façon naturelle. Les dernières vibrations post-hardcore se font encore ressentir dans Innocents, mais c'est désormais un groupe de rock qui est à l'œuvre, pour son dernier baroud avant le split, la der des der, le hug, vaya con dios ; on ressent cette émotion subtile sous le cuir épais et les poils, ce cœur qui veut survivre. Et quand les potards retombent un peu, d'abord avec le mignon interlude americana "Placid Hill" (qui préfigure l'album solo du batteur) OLW lâche enfin la bonne grosse ballade southern à grosses phalanges avec "Hank Crane". Voilà ce que j'appelle une vraie ballade, avec une petite saveur chamber pop à violons versant prolo ou cow-boy, costard-cravate troqués contre une veste en cuir de vachette usé. Quelques morceaux, s'ils sont ouvertement stoner, font aussi penser à du Tool primitif joué par des bûcherons ou des mécaniciens (sur le final Jenkins évoque un Maynard à gros bras). Voilà : ce dernier OLW pour le feeling c'est un peu entre du vieux Kyuss et du vieux Tool. Je passe les autres comparaisons gourmandes qui me viennent avec des groupes un peu moins populaires comme Clutch, COC ou Quicksand (mettez les pochettes de Slip et de celui-ci côte à côte, on a déjà la cohérence visuelle), préférant vous réserver le plaisir de déguster cette tranche de 90's comme il se doit, le matin au réveil encore en slip, le soir avec la clope aux lèvres et des cernes de deux kilos sous les yeux... Je vous laisse découvrir Innocents comme vous avez découvert jadis Undertow, Badmotorfinger ou Meantime. Album compact, ultra-facile à apprivoiser et pourtant pétri d'influences diverses : Only Witness Living était un groupe à la fois standard et vraiment singulier, sans faire étalage d'exhubérance. Tout passait par ce son brut de guitare, électrique ou sèche, ce feeling mélodique et sentimental dont le chant clair jenkinsien se taille la part du jaguar, en surf vocal sur ces amas de riffs virils. Le groupe qui sent le vécu, la sincérité, le quotidien, avec une fougue et un sens du rafraîchissement massivement rock (je vérifierai si ça veut dire quelque chose après avoir publié) qui survivra plus tard dans un groupe comme Torche. M'bref, autant vous dire que si d'aventure vous voyez ce disque dans un de ces bacs d'occasion crasseux, ne faites pas comme moi l'erreur de passer à côté et de le regretter des années après. Cet album me donne envie de faire l'amour avec les mains pleines de cambouis. De n'avoir pour seul décor qu'un poster, pour seul plumard qu'un vieux pick-up rouillé. Cet album me donne envie de vivre dans un garage.

note       Publiée le vendredi 17 juillet 2015

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