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Toad › #3

  • 2014 • La Nòvia NÓV 005 • 1 LP 33 tours

lp • 2 titres • 35:21 min

  • 1Marche de Chabaud/Marche de Roussel/Bourrée de l’Anglars16:36
  • 2Bourrée de l’Arabe/Bourrée de Mouret/Marche de l’Arabe18:45

informations

Non renseigné.

LP, pochette sérigraphiée. L’intégralité de l’album est en écoute libre depuis la page bandcamp du groupe (voir lien plus haut).

line up

Pierre-Vincent Fortunier (cornemuse béchonnet 11 pouces, violon), Yann Gourdon (vielle à roue, boîte à bourdons, pieds), Guilhem Lacroux (guitare)

chronique

Celui-là commence en toute lenteur. Ce ne sont que deux plages. Suites de danses, encore, selon les titres. Mais longues, cette fois, comme étirées. La pochette, elle, n’est que masses – ou surfaces, texturées de noir et de blancs. Est-ce… L’intérieur d’une grotte, comme prise en négatif ? Un ciel constellé, vu d'un sommet, d'un haut plateau loin de toute source de lumière électrique ? Ce disque… Sera-t-il la nuit, le cauchemar, le délire de leurs musiques ? Les ont-ils cette fois pour de bon hallucinées ? Il est certain, en tout cas, que le trio, sur celui-là, tient encore mieux son art des vitesses, des débits, des inflexions, aussi – des techniques et pratiques, des intuitions saisies par quoi rien de tout cela ne diffère terme à terme, par quoi ceux-là s’apparentent chimiquement plutôt qu’ils ne s’imbriqueraient en simples assemblages. Aucune hâte, disais-je. Les cycles prennent leur temps. L’emplissent, l’agrandissent à mesure. Le pas n’est toujours pas mesurable. Les montées, pour autant, attrapent encore davantage. La moindre nuance – ralentissement, accélération ; basculement, presque rupture qui fait relance – se ressent ici avec une infinie précision ; chaque changement, chaque progression, est physiquement imprimée, musique qui frappe au corps, le traverse, sonne dans ses volumes, musique qui elle-même est un corps ; l’entraîne, encore… mais il me semble que ce disque-ci, plus que les deux premiers – alors même qu'il est le seul des trois où l'un des musicien y batte des pieds (c'est Gourdon, je crois, sur une planche amplifiée par des micros-contacts) – se prête aussi à une écoute plus contemplative, qu’il suscite même cette concentration, tout de suite, une expérience différente de celle à quoi convie le groupe lorsqu’il joue en concert, où la ronde, toujours, prend – et presque d’emblée. Le début de la deuxième suite, en particulier – fréquences oscillées, tenue cinq minutes durant, incroyablement frémissantes et captivantes, avant que la guitare n’amorce le motif en giration – "installe" une atmosphère, l’instille, nous plonge dans la matière son ; la charge de chacun de ses atomes ressentie dans l’instant où sa masse attire les particules autours, les amalgame sur elle, dans elle ; ou bien au contraire, les repousse, s’y effrite, se subtilise ; où les longueur d’ondes sont chiffres moléculaires – loin de toute abstraction, variations de courant, infimes ou violent basculement d’un monde aux vibrations concrètes. Cette plage est… J’allais écrire "fascinante" ; mais alors qu’on m’entende : aucunement au sens où on y entendrait – y réussiraient-ils – une tentative d’épater, de bluffer, la démonstration faite d’un système. Je l’entends comme émanée d’un champ incroyablement libre. Je crois qu’il est une part, l’un des accomplissements d’une démarche exigeante, travail en plein cours et pas fait – pour le moment, au moins – pour se clore. En lui même, pièce d’une rare intégrité. Disque assez incroyable. Le temps qu’il joue, absolument indéniable. Un temps qu’il ne souligne pas, n’emprisonne pas. Le temps qui – ce temps là – cesse d’être dimension isolée, compte à part qui grève, et cloisonne. Temps libéré qui ne suspend pas – qui est peut-être le contraire d’une suspension.

note       Publiée le samedi 13 juin 2015

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Oué, gros arrivage ! C'est cool... "En attendant" - de pouvoir les revoir en vrai. (D'autant plus que là on y était, et que c'était foutrement bien, d'y être, dans ces bois de conifères).

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    On ne peut pas dire que la Novia ait été silencieuse en 2020, mais les r'voilà!, on a notre cadeau 2021 avec les lives de Toad et de Maintes fois à la Pinatelle en 2019: https://la-novia.bandcamp.com/album..., https://la-novia.bandcamp.com/album.... Tout ça plus les derniers Jéricho et le Soleil ni même la Lune qui font chauffer la platine et danser dans les chaumières.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Tournée dans le nord tres prochaine : l'accueil froid nuke Amiens le 23 janvier; le CCL Lille 24, chez Antonin et Oonagh Dunkerque le 25, OCCII AMsterdam le 26, le barlok Bruxelles le 27, le vecteur Charleroi le 3 février et le diamant d'or Strasbourg le 4. et on attend impatiemment sortir de ce voyage.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    C'est le plus ultime celui-ci, mais je ne cracherai pas sur le #2 et ses couleurs bigarrées.

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Ecouté en prévision d'une nuit dans une église. Il coule tout seul, là où le #2 est quand même beaucoup plus brut-chargé. Là c'est du drone à vielle qui danse et c'est presque doux derrière l'acidité. Superbe.