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Ride › Nowhere

cd • 11 titres • 52:06 min

  • 1Seagull
  • 2Kaleidoscope
  • 3In A Different Place
  • 4Polar Bear
  • 5Dreams Burn Down
  • 6Decay
  • 7Paralysed
  • 8Vapour Trail
  • 9Taste
  • 10Here And Now
  • 11Nowhere

informations

Les trois derniers titres sont des bonus de la version CD

line up

Mark Gardener (chant, guitare), Andy Bell (guitare, piano, chant, harmonica), Steve Queralt (basse), Loz Colbert (batterie)

chronique

Le shoegazing pour ceux qui n'aiment pas beaucoup la shoegaze ou n'en ont pas grand chose à faire, pourrions-nous gazouiller... Même si ça reste à affirmer avec précaution, tant ce disque semble avoir été enregistré dans l'urgence avec toute la vigueur aveugle de la jeunesse, la blancheur d'âme et l'innocence qui rendent d'autant plus attachante sa "tranquille intranquillité", comme dirait l'autre. Tant cet album développe son énergie famélique mais dense, de pop corrodée, de rouille pâle, avec ses climax noise capables d'une violence sans méchanceté assez rare (le final du premier morceau, ou les décharges électriques hagardes de "Dreams Burn Down" atteignant le Glenn Branca-level), sa vitalité aussi terne qu'évidente, son énergie de matin sans fin, la sensation qu'ils se fichent de la valentinerie aussi, avec leur candeur pop folk légèrement psychédélique... Merci aux guitares ? Merci au batteur, plutôt, qui se lâche par endroits dans du martelage bien vigoureux à la John Bonham, tout en œuvrant subtilement sur d'autres. Et merci à ces solos acidulés et à cet extatisme abruti de lumière et de rosée, engourdi de partout. Fluide, aussi. Très fluide. Peut-être même tellement que ce disque semble m'échapper au moment où je le réécoute, me fuir, comme refusant de me laisser l'observer, je n'ai pas le temps ou plutôt pas la possibilité de le contempler, à la façon des chutes d'eau déformant le paysage vu à leur travers, fuyant par toute fissure. Comme l'eau entre les doigts. Shoegaze est rock insaisissable semble-t-il, non ? Et s'il ne devait y avoir qu'un point commun entre Nowhere et un certain Loveless, ce serait cette sensation d'avoir affaire à un grower éternel, un disque avec lequel on n'en aura jamais vraiment terminé... Je crois que mon morceau préféré est "Decay" avec sa mécanique d'horloger assez imparable (et ses paroles seules de l'album auxquelles je prête attention - "we die", ça doit être ça oui, "we die"), ou ce "Paralyzed" encore plus blafard et lézardé d'éclairs, mais je ne sais pas vraiment ; c'est flou... L'atout de Ride pour attaquer la roche, c'est bien la rythmique décidément, comme des spasmes qui secouent ce jeune homme léthargique à coups d'électrochocs. Effet assez oxymoresque mais charme certain. Groupe qui ne regarde pas ses pompes mais qui se laisse couler sans réfléchir. Tout ça fait de Nowhere un disque d'une vigueur et d'une fraîcheur très choutes, qui le placent en toute logique dans les favoris d'un style amalgamant finalement comme le grunge un peu tout et n'importe quoi (je ressens d'ailleurs Ride comme un Screaming Trees anglais par moments), le point commun évident étant - plus que le son des guitares qui varie sensiblement d'un groupe à l'autre - la présence quasi-systématique de chanteurs absolument transparents, volontiers classables dans la catégorie 'Morrissey pour pucelles' (ou 'Liz Frazer pour puceaux', si vous avez la chance d'avoir une chanteuse - et si ces deux-là ne sont pas déjà les idoles desdits tout bien considéré). Et Ride n'échappe pas à la règle avec le microphoniquement inoffensif Mark Gardener, chanteur falot et pâlot qu'on imagine végétarien, assexuel et non-fumeur. Mais qui se rachète avec ses cordes, six, ou douze comme sur le "hit" final de la version LP (celui achevé à la musique de chambre), qui est selon moi loin d'être le passage le plus délectable... Après, détailler, disséquer ce rock liquide... on parle de shoegaze quand même, il s'agit donc de saisir la matière globale d'une musique de bruine et de gaze. Et pour celui-ci je dirais que la pochette est à imaginer avec un beau galet éclaboussant tout ça - bien entendu gravé aux initiales de Loz Colbert. Un album dont la lividité me parle, et que je ressors avec plaisir quand je suis d'humeur frivole.

note       Publiée le jeudi 11 juin 2015

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Note moyenne        20 votes

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Rikkit Envoyez un message privé àRikkit

J’en peux plus de ce skeud pleins de casseroles avec des gamins qui chantent comme des ieps, c’est juste ultime. Je m’en lasse absolument pas, et comme Walter Smoke, premier album de shoegaze, et comme le fait remarquer WS, il poutre Loveless pour la simple raison que c’est un vrai album de pop avec un songwriting de batard.

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Walter Smoke Envoyez un message privé àWalter Smoke

Ce disque est, aussi loin que je m'en souvienne, mon premier skeud de shoegaze. Et je savais que ce genre allait me plaire, ou plutôt m'irait comme un gant (ou chaussure, hahaha). Et Nowhere, en plus de poutrer Loveless, c'est un enchainement indécent de pépites fabuleuses qui réduisent le continuum espace-temps tellement il est jouissif.

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allobroge Envoyez un message privé àallobroge

Je préfère nettement "Going blank again" et ses maxis. A noter que la rééditon 2012 remasterisée contient "Grasshopper" l'instrumental bombastique d'1/4 d'heure et de loin leur meilleure chanson ainsi qu'un concert video d'anthologie.

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Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Meilleur, ça dépend du point de vue de chacun (et plus accessible forcément, puisqu'il n'y a pas de noise).

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zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

D'accord avec le post de Fryer, pour le côté ( peu ) accessible

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