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Cypress Hill › Black Sunday
- 1993 • Ruffhouse Records C2 53931 • 2 LP 33 tours
- 1993 • Columbia records CK 57296 • 1 CD
cd • 14 titres • 43:38 min
- 1I Wanna Get High
- 2I Ain't Goin' Out Like That
- 3Insane In The Brain
- 4When The Shit Goes Down
- 5Lick A Shot
- 6Cock The Hammer
- 7Interlude
- 8Lil' Putos
- 9Legalize It
- 10Hits From The Bong
- 11What Go Around Come Around, Kid
- 12A To The K
- 13Hand On The Glock
- 14Break 'Em Off Some
informations
line up
B-Real (MC), DJ Muggs (production), Sen Dog (MC)
Musiciens additionnels : T-Ray (production de "I Ain't Goin' Out Like That")
chronique
“I want to get hiiiiiiiiigh, so hiiiiiiiiiiiiiiiiiiigh......” Aisé de comprendre avec quelle facilité le courant à dû passer entre ce groupe de malfrats et un public qui ne demandait que ça : se défoncer au son de cette musique, que celle-ci fournisse le carburant ou bien seulement la bande-son, au fond, quelle différence ? Je vois le tableau d’ici : ce disque ne s’écoute jamais aussi bien que dans une bagnole reconvertie en aquarium, garée au fond d’un lotissement mal éclairé, tandis que s’égrènent les heures d’une nuit où tous les chats en ont pour plus d’une barre de shit sur eux et feulent dans tous les coins. En prime, cette basse modale et noireaude est issue d’une reprise déjà très grasse en taux de THC, celle de Taxman, des Beatles, par Junior Walker… Un titre d’une coolitude sans limite déniché par ce nez fin qu’est Muggs, pour cette 1ere piste à l’ambiance mystique et bien trop court. It ain’t goin out like that, seul titre du disque produit non par Muggs mais par T-Ray (producteur méconnu mais tout aussi culte), brille dans l’écrin qu’est Black Sunday tel un diamant planqué dans l’œil d’un crâne humain. Que ne voilà un morceau ravageur, qui respire bon la paranoïa nocturne, furetant sans fin dans les allées anxieuses de notre esprit enfumé tel le proverbial Pitbull, truffe à terre et œil torve, prêt à bondir et à déchiqueter à la moindre occasion. T-Ray a concocté une instru tout simplement DIABOLIQUE à rendre vert de jalousie jusqu’à son altesse RZA himself : il y a trop de bonnes idées ici… Jugez donc : une contrebasse plutôt qu’une basse, déjà… Un harmonica lugubre, mais surtout ce drone de guitare, samplé chez Black Sabbath, qui maintient l’exacte même note durant tout le titre, que je soupçonne Tom Morello d’avoir tenté de répliquer sur l’énorme Maria de Rage Against The Machine. L’instru de T-Ray révèle donc un style moins basé sur les samples que celui de Muggs, qui lui se repaît des trésors d’un crate-diggin’ bien seventies qui allait influencer toute la décennie 90. Et autant vous dire qu’il fait un carnage sur cet album… J’ignore qui de lui ou de T-Ray a commencé avec ces contrebasses et ses cris de sax free jazz qu’on égorge dans la nuit, mais il va de soi qu’ils forment l’adn de Black Sunday, et c’est aussi en cela qu’il est si mémorable. C’est donc une forme pas si éloignée de plastiquage sonore que prévoient les samples du reste de l’album, également tapissés d’alarmes qui sonnent comme autant de bagnoles fracturées à 2h du mat (A to the K, Cock The Hammer, Lick a shot où les nombreux samples de James Brown contribuent à l’ambiance assez « Public Enemy » de l’ensemble). Et que dire de When the Shit Comes Down, plus thug que nature, qui ravira les fans de GTA. Après un interlude en forme d’allusion à la protest-song “Is is because I’m Black” de Syl Johnson, surgit le massif 3 Lil’ Putos, au beat qui broie les tympans comme un tractopel, roulant des mécaniques comme un gros son de Prodigy. Tous les titres de cet album sont de cette facture, aucun temps mort, aucun point faible… Et le sommet, c’est ce Hits from the Bong qui tue sur place. Vraiment, je vous fais un dessin ? Montez moi le son, écoutez moi ce beat héroïque sculptant à vif le sample de Dusty Springfield, ici détourné pour prêcher non plus la soul de Memphis mais les joies du Bang et des douilles… Black Sunday commence à prendre des airs de 13th Floor Elevators, prêchant la fumette plutôt que le LSD. Et attendez d’ouvrir le livret… Cypress Hill a évolué, et ce qui a vraiment changé depuis le 1er album, c’est cette aura sulfureuse qu’ils cultivent désormais comme des plants de marijuana dans l’arrière du studio… De la pochette – plus proche d’un skeud de Black Metal ! – à la dureté des beats, en passant par ce titre, bien sûr, allusion au film Black Sunday de 74, inspiré des attentats de munich en 72, et qui est tombé sous le coup de la censure depuis le 11 Septembre 2001 pour son caractère un peu trop annonciateur. C’est tout à fait à l’image de cet album, hanté par le flow de corbac de mauvais augure de ce crevard de B-Real. L’équilibre est d’ailleurs trouvé entre le groove old-school du 1er LP et les divagations malsaines des albums suivants… Black Sunday est béni par une qualité essentielle aux trop rares chef d’œuvres du genre hip-hop : la compacité. Sans être tout à fait du Boom Bap, le style Cypress se pare ici d’une frontalité et de basses sévèrement burnées qui ne laissent pas les cervicales s’immobiliser une seconde... On est loin du West Coast peinard, ou des futurs pensums interminables du genre, truffés d’interludes jusqu’à y perdre ses petits. Non, ici, le seul (petit) temps mort est à chercher dans la toute fin du disque, un peu plus ancré dans un old-school plus classique, quoique rock-solid, comme disent les américains.
note Publiée le samedi 6 juin 2015
chronique
- bangsta rap
Black Sunday ou l'arrivée au seuil des limbes cannabiques, au pied de la Colline des Cyprès... B-Real, mets ton masque mortuaire. Muggs, inspire... Attends, retiens... Vas-y, expire voir... Oooouh mon salaud, mais on dirait que le froid augmente l'épaisseur de tes volutes ! Chanmax. Dès l'introduction de "I want to get high" on est déjà ailleurs, dans une aure dimension, abandonnant le tarmac très quotidien du premier album, le flow défoncé de B-Real ayant dû faire le même effet que la voix de David Thomas à ceux qui ont découvert Pere Ubu quinze ans plus tôt... Cypress débarque aux portes de l'autre monde, cette frontière ténue entre le "tu fumes" et le "t'es fumé", l'invention du C-hole, trou mental certifié satzyva dans lequel ils zonent avec une humeur toujours aussi funky que sur le premier, mais avec un sentiment de peur, de menace, nettement plus... préocuppant. Tenace. Gutsien. Le disque qui te fait rollmop asséché et qui te met dans son bain de feuilles infusées direct, un son sans pareil pour se sentir pure hyène dans les champs aveugles du Weedland. Black Sunday est à prendre comme tel : l'album-clé de Cypress, l'album-cliché-fumette certes, mais l'album que t'es obligé de sortir sinon t'as pas droit aux Temples of Boom. B-Real magrette et canarde à l'orange à mort, déjà perdu, paranoïaque et répondant mot pour mot aux samples à provenance certifiée très haut de gamme de Muggs. Qui établit son style unique, gavant de lignes de basse mortelles, de flashs furtifs (la fraction de beat à l'ancienne sur "Hand on the Glock") et de sons cramés, comme une cendre de hip-hop... Il claque instru qui tue sur instru qui tue, tube sur tube, qu'il aligne comme des bangs amoureusement disposés, achalandage salement pété qui aura aimenté plus d'un déchet dans ce bas-monde, public hip-hop ou non - voire même plus en dehors qu'en dedans... Le Cypress des plus gros hits, cools ("When the shit goes down", "Hits from the Bong", "A to the K") ou pas cools ("I ain't goin' out like that", "Insane in the brain", le ragga "Cock the hammer") tandis que le suivant sera l'évaporation inhumaine de ce son créé par Muggs. D'où une note non-maximale marquant la subtile nuance. C'qui n'empêche pas Black Sunday de rester rigoureusement indispensable. Inutile de préciser que cet artwork aura rameuté pas mal de métalleux dans le sillage de Cypress, car il faut bien le dire, bien des groupes de black-metal et de doom-death ont de quoi jalouser ces cons de latinos pour leur façades léchées. Et ça sera encore pire juste après. Black Sunday, c'est cette frontière qui marque l'adieu de Cypress Hill à la réalité.
note Publiée le samedi 6 juin 2015
Dans le même esprit, Raven vous recommande...
House Of Pain
Same As It Ever Was
la version irlandaise : tu remplaces la beu par de la guiness ou du malt triple-distillé, le B-Real par un gros flow baraqué, et t'es bon pour la boxe
Ice Cube
The Predator
inutile de préciser, la pochette est suffisament explicite...
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- GrahamBondSwing › Envoyez un message privé àGrahamBondSwing
Ecoute Live à Rock en Seine. Intro : Body Count, Black Sab', Chic et le Enter Sandman de Mémétallica bien trituré.
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Tu en fais partie quand même - HIN HIN HIN (tapote pour faire tomber sa cendre dans le cendri-crâne).
- Note donnée au disque :
- luapluap › Envoyez un message privé àluapluap
Difficile de le découvrir après Temples Of Doom, celui-là, beaucoup trop basé sur la fumette... Ambiance "moyenne". Peut-être que ça parle aux fumeurs mais je ne fais pas partis de cette secte.
- Hallu › Envoyez un message privé àHallu
Mouais s'ils ont pas demandé l'autorisation à Chris Rock ça compte pas.
- E. Jumbo › Envoyez un message privé àE. Jumbo
Il me semble que B-Real & Sen Dog ont fait partie du gang noir des Bloods, ils doivent donc avoir la légitimité nécessaire.
- Note donnée au disque :