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Hubert-Félix Thiéfaine › De l'amour, de l'art ou du cochon?

cd • 8 titres • 38:26 min

  • 1Psychanalyse du singe
  • 2Groupie 89 turbo 6
  • 3L'amour mou
  • 4Scorbut
  • 5Comme un chien dans un cimetière
  • 6De l'amour de l'art ou du cochon ?
  • 7L'Agence des amants de Madame Müller
  • 8Vendôme Gardénal Snack

informations

Sorti sous le nom Hubert, Félix ou Thiéfaine?

line up

Gilles Küsmérück (claviers), Claude Mairet (guitare, guitare acoustique, chœurs), Jean-Pierre Robert (guitare, clarinette, chœurs), Jean-Paul Simonin (batterie, percussions, trompette), Hubert-Félix Thiéfaine (chant), Gilles Michaud Bonnet (flûte, saxophone), Alain Carbonare (piano, chœurs)

Musiciens additionnels : Céline Attelly, Patricia Nagera, Véronique Gambet (chœurs)

chronique

De l'aveu même de l'intéressé - et on le croit - ce troisième album a été enregistré un peu à l'arrache, son auteur étant à ce moment concentré sur l'écriture de Dernières Balises, qui se révèlera nettement plus peaufiné. Un Thiéfaine probablement dépressif, n'en ayant plus rien à cirer, pas encore mûr et pas encore émancipé de l'aura expérimentale de son maître Ferré. Et pourtant, je me suis un peu attaché à ce disque aussi inventif que débile, et sans limites de mauvais goût. Comme une Autorisation de délirer bis, ou prise au mot. Sûrement pas le meilleur des trois premiers - d'où ma note, mais surtout à prendre comme une non-note déboussolée ! - mais pas le moins gutsien ! Thiéfaine était alors un vrai gars de la province, pas encore associé aux bad trips urbains et absolument pas vendeur avec sa musique-machin et son groupe du même blase... Et il faisait des albums d'artisan, de bouilleur de cru précisément, comme passant de chaumière en chaumière pour glâner son inspiration et chantant absolument toutes les conneries qui lui passaient par la tête. Du reste cette pochette est assez explicite : De l'amour de l'art ou du cochon (avec Hub' dans sa période look José Bové, assez courageux !) est un disque-n'imp, sans tenue, créé avec un je m'en-foutisme évident dès son intro gentiment blasphématoire et sa "Psychanalyse du Singe" satirique tenant autant de Frank Zappa que d'un progressif périmé depuis belle lurette... S'il faut l'écouter, ça n'est pas tellement pour les couillonnes chansons de la face A avec le tube SM "Groupie 89 turbo 6" (Thiéfaine et les chiffres, longue relation) et son final-épectase, ni ce goût ambivalent pour la paillardise (qu'on retrouve dans l'artwork intérieur avec la jeune fille arrosant un phallus) qu'on oublie souvent à propos du jurassien, ou ce "Scorbut" folklo-malsain franc-comtois aussi osé que "La Cancoillotte" dont il est en quelque sorte la suite version cantique pour beuverie de marins à quai... Mais bien pour l'un des morceaux les plus inclassables et tripants de l'ami Hub' : "L'Agence des amants de Madame Müller" ! Huit minutes de bad trip surréaliste sur un rythme funky. Porte ouverte au délire comme les 70's-early 80's (et la France) pouvaient en voir fleurir de partout, et plus précisément ouvertes à des visions comme on en avait plus savouré depuis la retraite de l'Homme à tête de chou. Un de ses titres les plus gutsiens incontestablement, et, comme "La chanson du fou", un bon moyen pour faire tousser de gêne ceux qui ne voient en Thiéfaine qu'un chanteur à karaoké. Assez manifeste d'un talent pour l'humour tordu typiquement français - "je rentrerai mes gosses dans le ventre de ma femme" - "messieurs de la police, je ne suis qu'un pauvre musicien, je joue de la chasse d'eau dans un groupe de free jazz !" : Thiéfaine y allait à fond le nimp', en effet, jusqu'à un final d'asile psychiatrique pas piqué des vers. D'autres morceaux ne sont pas à jeter, tel ce reggae (bien en vogue à l'époque) croisé science-fiction (?!) sur "Comme un chien dans un cimetière" (paroles là encore ultimes ou totalement ridicules selon la sensibilité, musique tenant autant du simili-reggae de Lavilliers que de la fanfare au village), mais là ça sera un peu plus désuet - ou cocasse, tout dépend comment on accueillera la chose... Le titre épo plus délicat et chuchoté en mode nostalgique-glauque n'est pas ce qu'il a fait de mieux dans le style, au passage, malgré les corbacs en invités et ces paroles encore une fois pas très variété-compatibles ("tu étais douce comme les roubignoles d'un nouveau-né", hum hum), le final avec cette flûte magique est meilleur, "Vendôme gardenal snack" restant une des perles méconnues de Thiéfaine, très très étrange... Album complètement à l'ouest, que seuls les purs accros à HFT écoutent encore avec bonheur, car je doute qu'il soit la porte d'entrée idéale dans l'univers du jurassien. C'est même le dernier de sa grande époque que je conseillerais pour commencer... œuvre gribouille à traverser comme une friche à toxicos ruraux lâchés dans la ville, avant le fameux périple chez les péripatéticiennes et les dealers. Thiéfaine passe de la campagne à la ville, de l'OMNI façon Ovale des poètes fugueurs au rock nocturne envoûtant... Oui, on cause bien du disque d'une transition. Une transition assez malsaine, pour tout dire.

note       Publiée le vendredi 12 juin 2015

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    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    La période fucked-up. Grandiose. Brut de staïle. Potion magique.