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Fairport Convention › Unhalfbricking

  • 1969 • Island ILPS 0102 • 1 LP 33 tours
  • 1969 • A&M SP 4206 • 1 LP 33 tours
  • 1969 • Island 849 302 UY • 1 LP 33 tours
  • 1987 • Polystar P32D-25025 • 1 CD
  • 1990 • Hannibal HNCD 4418 • 1 CD
  • 2003 • Island IMCD 293/063 596-2 • 1 CD
  • 2008 • 4 Men With Beards 4M158 • 1 CD

cd • 10 titres • 48:02 min

  • 1Genesis Hall3:35
  • 2Si Tu Dois Partir2:18 [reprise de Bob Dylan]
  • 3Autopsy4:20
  • 4A Sailor’s Life11:08 [traditionnel/arrangements Fairport Convention]
  • 5Cajun Woman2:42
  • 6Who Knows Where The Time Goes ?5:08
  • 7Percy’s Song6:46 [reprise de Bob Dylan]
  • 8Million Dollar Bash2:54 [reprise de Bob Dylan]
  • Bonus de l’édition CD
  • 9Dear Landlord4:06 [reprise de Bob Dylan]
  • 10The Ballad Of Easy Rider4:55 [reprise de Roger McGuinn]

informations

Enregistré par John Wood, Sound Techniques, Londres. Produit par Joe Boyd, Simon Nicol et Fairport Convention.

Les titres 9 et 10 sont les bonus de l’édition CD Island de 2003. Dear Landlord : titre enregistré pendant les sessions de l’album mais non-retenu pour le disque original. "Nous aurions ajouté des instruments à ce morceau de Bob Dylan s’il avait été choisi. Tel qu’en lui-même, son point fort est sa simplicité". The Ballad Of Easy Rider : "Une chanson signée McGuinn-Dylan, qu’on entend dans le film Easy Rider. Bien qu’elle ait été enregistrée lors des sessions de Liege And Lief, elle s’ajoute naturellement aux titres d’Unhalfbricking". (D’après les notes d’Ashley Hutchings, auteur des notes de pochettes pour la réédition CD de 2003).

line up

Sandy Denny (voix, clavecin), Ashley Hutchings (voix, basse), Martin Lamble (batterie), Simon Nicol (guitare, dulcimer électrique, accordéon, chœurs), Dave Swarbrick (violon sur 2, 4 et 5), Richard Thompson (voix, guitare, dulcimer, accordéon, orgue)

chronique

Voilà : Unhalfbricking. Titre imprononçable. Mot inventé. Traduction impossible. Œuvre limpide, disque rare – unique tout court autant que parmi les leurs. Une plénitude vivante. Les perfections y savent leurs revers. Des veines de feu l’irriguent. Des ombres passent. Tout bonheur se connaît furtif, s’affirme entier tant qu’il survient. On y est entre amis, entre proches, entre intimes. Les regards de ceux-là sont ceux qui voient le mieux. Ils tranchent parfois et la parole ne flatte rien, touche aux points exacts. Les drames dits sont encore prémonitoires, seulement – leur gravité saisit déjà, tout de suite. Il n’y a rien qui soit tiédeur, flou, plage sans densité. Il y a une tristesse, parfois, une amertume, même des ruminations. Rien n’est pour apitoyer. Il y a aussi chaleur et joies qui ne sont pas promiscuité… Tout, dans ce troisième album de Fairport Convention, trouve d’inédites dimensions, bien au delà de l’excellence à quoi touchaient déjà ces gens très jeunes sur les deux disques d’avant. Ce n’est plus seulement à l’aune de leurs jours – de cette époque et de ses héros communs, de part et d’autre de l’Atlantique – qu’ils brillent et se mesurent. Unhalfbricking est encore irrigué – bien sûr – d’existences pas encore figés, fixées. Mais l’innocence a comme cédé, on dirait qu’ils pressentent tout ce qui va disparaître – dans leurs vies, partout autours, aussi, la gueule de bois achevant de se profiler, s’apprêtant à tomber drue sur ceux qui y croyaient encore, parmi tous ces hippies qui pensait arrêter les guerres avec pollens et buvards. Retour sur terre, déjà – mais pas retour à l’ordre… Unhalbricking bruit, vibre plus que jamais d’aspirations, de l’amour d’un monde plus vaste, moins mesquin. Le cosmos n’est rien d’autre que cette immensité vive, cette étendue sans bornes où l’on chemine, navigue, coure, danse sans fin, en sautant toutes frontières comme de simples cordons. "Une vie de marin, c’est une vie joyeuse"… Il s’agit de tout prendre, de n’être pas de ceux qui meurent où ils s’attachent – et rien n'est nié, là, de ce que cette existence a de cruel pour ceux qui restent. Il est question aussi de ne pas craindre le temps, d’avoir confiance quand tout est là, qu’on puisse toucher, goûter, sentir, serrer, mordre. Car une fois de plus l’instant existe ; et les saisons – les rudes comme les douces ; et qui sait… Ce sont des chansons lucides et belles – ça n’arrive pas souvent. C’est une alliance – à ce moment, dans cet espace soudainement autonome – que l’on retrouve toujours intacte. Une qui n’allait pas durer – et si pleine, aussi, parce qu’elle ne pouvait pas durer. Ils y jouent comme jamais, affranchis semble-t-il de la peur d’improviser – A Sailor’s Life, encore, avec sa longue montée modale où la guitare de Richard Thompson et le violon de Dave Swarbrick tissent leurs densités, comme intoxiqués, galvanisés de musiques hindoustanies ou carnatiques ; et puis la voix de Sandy Denny, avant, fantastiques, puissantes inflexions qui frôlent les mélismes sans jamais servilement imiter, affaiblir nulle manière importée. Partout, les jeux du groupe et de ses membres – arrangements sans doute trouvés en répétant, en essayant, poussées collectives, éclaircies soyeuses, percées solistes brèves et sans défaut – trouve cette exactitude et cette souplesse, en même temps, qui ne sont d’aucune recette, pas obédiences mais intuition de la juste ligne, du juste volume, logique des timbres et de leurs analogies, de leurs contrastes, libre jeu de volontés qui savent où il faut, où elles peuvent aller. Et l’écriture s’affirme, aussi, les voix d’individus. Celle de Thompson et de Denny – chacun signant deux des quatre plages originales, sur l’album tel que sorti alors. Lui infuse toujours, déjà, encore, son étonnante noirceur – Genesis Hall et ses couplets qui sont autant de récits, brefs, fulgurants, où triomphe et s’affiche l’humaine bassesse, aliénations, revanches. Mots sardoniques. Mais c’est Sandy qui les chante – et de ces pauvres malheurs, on croit soudain qu’il faut faire fi, modeste miracle de ne point y céder comme on abdiquerait devant des preuves. Et elle – Sandy – décoche plus loin un titre nommé Autopsy. Carrément. Qui dit encore que nul ne possède quiconque ; que la liberté est dure ; que toutes les larmes sont de trop, inutiles, malvenues. C’est Thomspon, cette fois – en un solo lyrique et court, en équilibre, en basculement – qui illumine le morceau, le baigne d’une chaleur qui l’arrache à tout sarcasme. Entre les deux, il y a… Presque une pochade. Non… C’est une liesse. Bob Dylan repris en français, façon cajun ou zydeco. Et puis : rien n’y grince, c’est aussi vrai que tout le reste, ici. Ça n’est pas moins entier. Dylan, d’ailleurs, est le seul, de leurs idoles, qui soit encore présent au répertoire. Par trois fois, certes (et deux de plus si on y ajoute les plages données en bonus au CD – pour une fois tout à fait dans le ton et nullement superflues, au fait). Mais ils le reçoivent – plus que jamais – en pair. Même : c’est peut-être bien sa voix, ici, qui semble la moins forte, ce ne sont pas ses chansons qui semblent les mieux accomplies. Cajun Woman – écrite par Thompson, encore, curieusement joyeuse, cette fois – ne rend rien, dans ce registre insouciant, matois, à Si Tu Dois Partir. Percy’s Song, aussi – du même Zimmerman, avec cet agencement choral brillant que lui ciselle le groupe – est peut-être la seule plage qui puisse lasser, tourner un peu à vide (et aussi : un peu faiblement se conclure). Il y a cette ouverture, aussi, cette plage sans pareille, encore signée Sandy Denny : Who Knows Where The Time Goes. Merveille de délicatesse, de concision, qui en dit juste assez et que les autres enveloppent dans une lumière douce, claire, sur quoi ils font passer une brise qui caresse. Poème fluide, chanson profonde. D’autres la reprendraient, plus célèbres – Judy Collins, d’abord, plus tard Nina Simone, entre cent autres. À son auteure, elle donnerait au dehors un nom. Cette impromptue célébrité, fortune, ne serait pas une rupture. Et rien sur cet album ne pâlit, à côté. Le groupe, disais-je, était passé ailleurs, plus loin. Unhalfbricking n’est la fin de rien – parce que, je le répète, il se tient sans rien de tout cela : histoire comparative, anecdote, anthologies de genres. Rien de tout ça ne lui fait d’ombre. Ce disque aurait pu être – ces moyens découverts, cette entente – le début d’une longue lignée, d’un corpus. Le groupe allait reprendre la route. Un accident allait briser la course. C’est ailleurs, ensuite, que renaîtraient ceux qui n'y laisseraient pas leurs peaux.

note       Publiée le lundi 25 mai 2015

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Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

« Who know where the time goes? » qui surgit à Montréal, inopinément, suivi du Big Yellow Taxi de Lady Joni. Ça le fait. Ce disque, moi aussi, je l’ai épuisé. J’ai longtemps trouvé les moments de « détente/moindre tension dramatique» (Cajun Woman et Si tu dois Partir) placés bizarrement mais ce n’est plus le cas. Un peu comme Dioneo, je le prends comme un tout.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Toujours pas usé, ici, celui-là. Impossible d'appuyer sur PAUSE en écoutant ce disque, pour moi - avec ces quatre premiers titres particulièrement "insécables"... Mais plus largement ça reste comme à l'époque où je l'avais chroniqué, et la quinzaine d'années avant : quand je l'écoute c'est généralement de bout en bout, bonus compris pour une fois et si possible donc sans interruption. (A Sailor's Life, là, on air - on waves, si on préfère, qu'importe l'élément, ça porte fort, quoi).

Message édité le 30-06-2023 à 15:22 par dioneo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oh ben cool. Oui... C'est le genre de disque qui peut "te faire une vie". Je ne m'étend pas pour pas radoter mais voilà : à une époque je l'écoutais tous les jours, en tout cas très souvent, et il ne s'est jamais "délavé" pour moi, pour autant. Et même maintenant où je le ressors nettement moins souvent, pratiquement pas possible de ne pas l'écouter en entier une fois lancé.

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Cera Envoyez un message privé àCera

A chaque nouvelle écoute j'aime un peu plus.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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J'ai toujours une "préférence de cœur" pour Unhalf' aussi - question de circonstances de découverte, d'époques et épisodes contrastés pendant quoi je l'ai écouté sans qu'il me lasse jamais etc. ... de Genesis Hall comme entrée, oui, aussi ! Mais "objectivement", ayant à un moment, "d'un coup", écouté beaucoup Liege, j'ai fini par l'aimer énormément aussi - même si oui, ça a été nettement moins immédiat. (Je trouve qu'il paraît d'abord moins "personnel" - en partie parce que le côté répertoire trad/fonds commun paraît vite évident même si on n'a pas lu l'histoire du truc... Mais que cette impression s'estompe à mesure qu'on entend mieux les interprétations - et donc oui, ce qu'ils y mettent, eux).

(The) Pentangle... Je ne sais pas si ça fait partie des chro qui ont "sauté" (enlevées du site à la demande de leur auteur quand il s'est cassé) ou si l'un de nous a entré l'artiste dans la base en prévision de chros qu'il aurait ensuite différées pour une raison ou une autre... En tout cas pour ma part certaines - à dates indéterminées - sont prévues ! (Au moins Basket of Light et Cruel Sister... Au moins, ouais).

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