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Rage Against The Machine › The Battle of Los Angeles

cd • 12 titres • 45:10 min

  • 1Testify
  • 2Guerrilla Radio
  • 3Calm Like A Bomb
  • 4Mic Check
  • 5Sleep Now In The Fire
  • 6Born Of A Broken Man
  • 7Born As Ghosts
  • 8Maria
  • 9Voice Of The Voiceless
  • 10New Millennium Homes
  • 11Ashes In The Fall
  • 12War Within A Breath

informations

line up

Tim Commerford (basse), Tom Morello (guitare), Brad Wilk (batterie), Zack De La Rocha (voix)

chronique

Ah, nostalgie ! L'album par lequel j'ai découvert RATM, étant trop minot à la sortie du premier. Et il m'a fait, j'imagine, l'effet qu'avait fait le premier sur mes aînés, je bloquais méchamment sur ce gros feeling hard rock hip-hop et les petits sons bizarroïdes de Morello, le guitariste le plus alien des années 90, qui vire encore au psychédélique l'air de pas y toucher. Le son de Battle of L.A. est massif, organique, plus catchy que jamais : " Feel the funk blast ! " Un peu trop stéroïdé et propret dirons-nous pour chipoter, puisqu'il n'ajoute absolument rien aux deux premiers, étant leur pendant radiophonique, impeccablement lustré. Un Rage Against The Machine au son carré, un peu trop carré, donc, avec des effets de mix un peu plus propres comme sur les couplets de "Born of a Broken Man" ? C'est un défaut au crépuscule, une qualité au petit matin : rien n'est vraiment à jeter, dans cet album monstrueusement zoukant. C'est le nouveau son, le même que l'ancien. "Mic Check", dans l'esprit c'est du pur hip-hop à l'ancienne, mais dans l'effet c'est du Dälek, bordel. LOURD. Le hip-hop organique devrait toujours ressembler à ça. La B.O. de Judgment Night est pliée direct ! Le reste de Battle Of L.A., c'est une version plus hard rock, voire stoner ("Sleep now in the Fire") du premier album, finalement... ou un Evil Empire délesté de son côté "post-hardcore abstrait" pour sonner plus hard rock, plus gras, plus tubesque aussi. Selon l'angle. Mais j'aurais des difficultés à être le plus juste possible concernant cet RATM, vu que je ne suis pas de la génération de l'épo au moine flambé, mais de la génération néo-metal. La sale génération des nés trop tard en effet, celle qui a esquissé un petit sourire en entendant RATM à la fin de Matrix, et non via les concerts politisés et tout le discours post-marxiste rêveur de Zack La Rocha, qui croyait réveiller les consciences à l'intérieur du système, avant de réaliser qu'un groupe de rock avait autant de chances d'égratigner ce système que n'importe quelle autre marchandise. Au moins aura-t-il réussi quatre albums, dont celui-ci, leur plus consensuel et en même temps leur plus baraqué avec le suivant. Morello est rôdé comme Angus Young période Back In Black qui serait coaché par Steve Albini, il se fait plaisir, jusqu'à la caricature cheesy parfois (le riff reprenant John Carpenter sur "Ashes in the Fall"), Brad Wilk bûcheronne à la John Bonham, et le casse-pieds au micro fait son rap conscient habituel, agrémenté d'un storytelling à l'occasion ("Maria"), flow vindicatif-pontifiant et aspiration révolutionnaire dans le carcan douillet d'un gros label qui les sait très vendeurs. Comme Public Enemy, Rage Against The Machine c'était la colère révolutionnaire par des adulescents prisonniers du grand et beau pays de la Liberté, mais le groove du son était trop puissant pour qu'on en aie quelque chose à foutre de lire les paroles. Encore moins à foutre qu'avec le hip-hop pur, laissant plus de place aux mots, du moment que la musique prenait les baffles d'assaut. Le spectacle les a intégrés, digérés, jusqu'à les placer dans des blockbusters hollywoodiens, ultime étape froidement logique, aussi prévisible que les reconversions politiques des jeunes rebelles de mai 68. La guerilla n'aura jamais lieu : elle a été transformée en rock, pour que les puceaux rêvent de tout péter, en serrant les dents, mais bien sûr sans le moindre risque de représenter une quelconque menace. Calmes, comme des bombes désamorcées.

note       Publiée le lundi 25 mai 2015

chronique

Ce Battle of L.A. représente, pour autant que je m’en rappelle, la toute première fois où je découvris l’excitation de la sortie du nouvel album d’un groupe adulé. La nouvelle s’était répandue comme comme une fine traînée de nitroglycérine (on était 2-3 max à connaître) dans la cours de récré du collège : "T’as vu, y’a un nouveau Rage !" - "Il est bien ?"… Rictus immédiat de respect mêlé de stupéfaction semi-terrorisée du pote plus âgé, assorti de sifflement et froncement de sourcil… Il était forcément énorme, ce nouvel album. Le troisième seulement depuis 92, pensez donc. Forcément, ce devait être leur plus violent, leur plus implacable, leur plus métal, le plus gros son etc… Pour mettre la raclée à Limp Bizshit et les autres bouffeurs de Big Mac (pas les Deftones, ni SOAD, ni Incubus). Pensée totalement caduque aujourd’hui, où il apparaît à la réécoute que les RATM, qui n’ont jamais joué dans la même cour, devaient s’en taper comme de leur premier ampli grillé, de cette nouvelle vague émo qui ne disait pas son nom. "Testify", "Calm Like A Bomb", passés à volume suffisant (faut que le bruit de ventilo géant qui ouvre le skeud fasse vraiment du vent dans la pièce), ça rendait stérile tout le néo-métal (néo quoi ? métal ? néo-fusion, ouais !) en deux coup de cuillère à pot. Et en prime on peut zouker dans sa chambre sur cette musique. Je ne suis pas de ceux, nombreux, qui outrekiffent Sleep Now In The Fire, son riff 70’s inhabituel pour le groupe, sa dynamique start-stop un peu trop prévisible, son clip signé Michael Moore qui réussit à faire fermer Wall Street avant l’heure, pour la première fois depuis le krach de 29 (c’est aussi la première fois que le groupe fait de l’humour!) Nan, parlez-moi plutôt de Calm Like A Bomb, sa ligne de basse en forme de berceuse en intro, son break question-réponse furieux, sa montée d’encore un cran lors du refrain… Mais avant de céder à l’évident mojo made in RATM, disons-le : cet album est leur moins bon. De pas beaucoup, mais c’est déjà énorme. Même dans ses meilleurs moments (oui Testify est une claque qui s’assoit sur les concepts de mélodie et de progression et ça fait du bien par où ça passe), Battle of L.A. n’égale pas le hardcore funk à tiroirs du premier épo, ou bien les chausse-trappes les plus venimeuses d’Evil Empire. Sur Mic Check (l'une des plus grandes réussites de Rage), tout a déjà été dit. Je rajouterais juste que le solo de Morello est l’un de ses plus déjantés, ce qui n’est pas peu dire, et qu’il s’agit pour moi du morceau-patron d’un hip-hop électrique, post-indus et bétonné qui reste à inventer (Dälek groove moins, ou alors groove statique et pataud), aux côtés d’un Diesel Power de Prodigy/Kool Keith ou dans une moindre mesure de certains Beastie Boys. Jamais compris depuis l’époque pourquoi RATM était classé au rayon rock, Beastie en rap et Prodigy en techno… La même chose pourrait être dite de Maria, autre pur hip-hop déguisé, à l’arrangement tout aussi audacieux, basé sur une basse à la Flea galopant sur un drone-tapis roulant qui semble prolongé de façon cornemuse sur le morceau suivant, Voices of the Voiceless… Mais on est déjà dans les titres mineurs de ce skeud, qui souffre de compos moins rôdées que les précédents albums. On a l’impression que De La Rocha a plaqué ses raps a posteriori sur les structures déjà écrites par Morello, qui commence d’ailleurs à un peu trop recycler les mêmes accords dans ses riffs. Guerilla Radio, c’est un peu le premier opus en moins bien quand même. War Within A Breath, c’est un peu Year of Tha Boomerang en plus routinier. Born of a Broken Man c’est Settle for Nothing en moins touchant. Ashes in the Fall (ce titre), malgré ses breaks géniaux (lâcher de bombes hendrixien, cloches de l’enfer au loin, ambiance de tuerie), c’est Snakecharmer en … Aaah, en presque aussi bien, tiens ! Reste qu’aucun autre putain de groupe ne fait de vos enceintes une bataille de Saïgon permanente, avec messages en morse, parasites radio, hurlements des machines défigurées, fracas des balles sur le blindage… Pas étonnant que le titre fasse référence à un épisode de bombardement sur ennemi invisible de 1942, même si le groupe choisit d’y calquer les émeutes raciales de L.A. de 1992 (Rodney King), façon de rappeler que la mégalopole est aussi une cocotte-minute qui menace de péter. Puissant, homogène, honnête, assez remonté tout de même, Battle of L.A. serait presque l’entrée idéale dans le son Rage avant de découvrir les deux autres… S’il n’y avait pas Renegades.

note       Publiée le lundi 25 mai 2015

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