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Jocelyn Pook › Flood

  • 1999 • Virgin 7243 8 48150 2 8 • 1 CD

cd • 12 titres • 53:39 min

  • 1Requiem Aeternam
  • 2Migrations (1999 Mix)
  • 3Romeo And Juliet
  • 4Oppenheimer
  • 5Blow The Wind / Pie Jesu
  • 6Masked Ball (1999 Extended Mix)
  • 7Forever Without End (Solo Voices)
  • 8La Blanche Traversée
  • 9Thousand Year Dream
  • 10Goya's Nightmare
  • 11Forever Without End (1999 Remix)
  • 12Flood

informations

L'intérieur du livret indique que certains titres sont issus du confidentiel premier album, Deluge.

line up

Jocelyn Pook (chant, violon, violoncelle, claviers)

Musiciens additionnels : Melanie Pappenheim (chant), Kelsey Michael (chant)

chronique

Jocelyne, c'est un prénom que l'on peut fort longtemps trouver ingrat. Les femmes s'appelant Jocelyne que votre non-serviteur a jusqu'alors croisées sont toutes dans le profil à faire de la confiture, ou du tricot. Alors forcément, ça conditionne. Jocelyn Pook, elle, ne tricote que des merveilles sur Flood, et sa confiture est une musique de voix, avec juste ce qu'il faut d'ornementation pour sceller sa mystique pure. Médiévale, romantique, ou nomade. Religion profane. Voix qui accepte d'emprisonner ses inspirations et ses souffles, parasites devenant papillons une fois gravés. Ce n'est pas exactement Lisa Gerrard pour l'aura, moins hybride, mais on en est souvent pas très loin. Aucune affaire de niveau, que ce soit clair : les grâces sont parfaitement comparables. Comme un Dead Can Dance presque totalement délesté de ses orripeaux tribal-vaudou, Flood inspire l'humilité. Son Kyrie Eleison n'a pas l'épaisseur des plus religieuses interprétations, maugréeront les puristes, mais, dès les croassements des corvus corax en introduction, nous sommes au cœur de la mystique Pook. Le rythme est là, parfois, rare, en procession, il refait surface, mais se mue en silence la plupart du temps, ou quasi-silence, grondement, molle menace. Nettement moins calibré que le suivant Untold Things, à ce niveau : Flood est pureté. New Age ? De haute finesse, dans ce cas, tant ce terme sait passer pour péjoratif... Flood n'est pas plus vulgaire que Passion de Peter Gabriel, pour tout vous dire, même s'il n'en a pas les rythmiques massives et la somptueuse armada d'instruments. Les violons de Jocelyn, puisque c'est son instrument fétiche, ne sont que rideau transparent, à travers lequel sa mystique brille, comme sur cette "Blanche Traversée" des plus énigmatiques. La lumière et l'ombre se confondent... Jocelyn et Melanie se confondent en sopranos brumeux... Le temps se fige. Si Kubrick a choisi pour les scènes les plus occultes de son ultime film des thèmes de Jocelyn Pook, compositrice à venir de musiques pour publicités, c'est, soyez-en certains, qu'elle est loin de faire dans le new age putassier, même si "Migrations" pourrait vous faire croire un peu vite à de l'exotisme en plastique. Sur Guts, nous préférons employer l'étiquette "heavenly", qui va très bien au style de Jocelyn Pook, même si elle sait se faire hellish : "Masked Ball" est à ce propos une musique irréelle, et il y a fort à parier que vous focalisiez exclusivement dessus au premier contact, car c'est incontestablement l'un des titres les plus noirs de Jocelyn. Pour moi, comme pour tous ces groupes qui l'utilisent en introduction de concert (Killing Joke, dernièrement) cette commande pour Eyes Wide Shut est un des morceaux les plus authentiquement sataniques jamais enregistrés, sans que ce soit évidemment affiché - Satan se dissimule dans les détails, ici la cape d'une liturgie orthodoxe et un chant en crypto-roumain des catacombes - et il restera lié au souvenir de ce rituel dans les alcôves perverses de la bourgeoisie. Mais ce titre est très à part dans Flood, et ceux qui l'entourent, moins glaçants, forment un voyage tout aussi unique, ou plutôt de multiples voyages miniatures, qui nous emmènent bien loin de Eyes Wide Shut, plutôt dans des clairières hantées. De toute manière ce n'est pas elle qui est venue au monolithe du cinéma, mais lui. Tout cela résume assez bien le magnétisme de sa musique. Flood ne se chronique pas : c'est de la musique sacrée. Peu importe que ce sacré aie jailli d'une artiste liée à Hollywood : cet album se ressent, ou pas. Taisons-nous à présent, car les mots salissent ces cîmes. Et recueillons-nous.

note       Publiée le dimanche 17 mai 2015

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Note moyenne        6 votes

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SEN Envoyez un message privé àSEN

La B.O. de "L'emploi du Temps" est une petite merveille également ! Bien content de voir Jocelyn Pook débarquer sur GUTS !

Note donnée au disque :       
Alex999 Envoyez un message privé àAlex999

Je confirme ce qu'en disent la chronique et DEAD26 ! Il faut je les réécoute, mais j'ai peut-être une préférence pour le suivant Untold Things.

Dead26 Envoyez un message privé àDead26

Sublime, divin et transcendantal y'a pas d'autres mots.

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