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Peste Noire › La Chaise-Dyable

cd • 7 titres • 44:23 min

  • 1Avant le putsch02:15
  • 2Le dernier putsch05:49
  • 3Payés sur la bête06:22
  • 4Le diable existe09:03
  • 5A la Chaise-Dyable07:57
  • 6Quand je bois du vin04:51
  • 7Dans ma nuit (2e version)08:06

informations

Enregistré l'hiver 2014-2015 au studio de La mesnie Herlequin (Livradois). Batterie enregistrée au Puy-de-Dôme par NKS. Masterisé au Finnvox (Finlande).

Sorti sous forme CD et sous format numérique, disponible sur le bandcamp du groupe. *La présence de Peste Noire sur ce site ne signifie en aucun cas l'adhésion, même partielle, de la rédaction de Guts of Darkness aux idées véhiculées par le groupe.

line up

Ardraos (batterie, accordéon), Audrey (voix), Famine (voix, guitare, basse)

Musiciens additionnels : Björn Misanthropic Division (voix)

chronique

J'étais en train de lire et relire des choses sur le Velay et le Livradois : c'est ça la trentaine tassée, on se demande où se cachent les racines, et à force de les chercher on se rend compte que celles-ci se perdent irrémédiablement dans une nostalgie de l'enfance, dans un endroit perdu, celui où les rayons de soleil filtrés par les branches de ces épicéas sexagénaires tombaient sur les amanites tue-mouche et les racines des arbres. Autour de Craponne et de la Chaise-Dieu cette nature (cultivée) est dure, toute froide l'hiver, un peu fraîche l'été. Cette "nature" est surtout morte pour moi dorénavant, à m'illusionner comme les squelettes de l'abbaye le rictus aux lèvres, à force de voyages, d'éloignement, de temps qui passe, de liens familiaux qui s'évaporent... comme dirait Tibet, "DEADDEADDEADDEAD" OUAIS ! DEAD tous ces coins de nulle-part faits de trous d'eau, de tapis d'aiguilles, l'odeur de charogne dans les sous-bois ou du savon de Marseille quand on se lave les mains après le taf, la pouzzolane par terre, les tracteurs sortis du Cétacé, les inséminations artificielles des vaches, les marquages des porcelets hurlant comme dans un disque d'Impaled Nazarene, le recyclage sans fin des tas de fumier, ces bistrots improbables où je trouverai le curé, trois paysans et un pharmacien picoler du ricard, de la verveine ou du pif atomique, le carré blanc liseré noir dans "Pélerin Magazine" pour dire "Non!" quand les films programmés à la télé sont trop lestes, la harsh noise des pintades le matin, les Mirage 2000 qui pétaradaient là où l'on ne dérange personne - moins on est nombreux, plus on est tolérant c'est bien connu, etc., etc. Je rêvassais à toutes ces brumes du passé quand, magie de l'internet, je tombai sur un article traitant des syndromes d'anxiété généralisée. Et, magie de la multiplicité des onglets, je re-tombai sur une niouniouze du shobiz du metal : nouvel album de Peste Noire ! Si ce n'est pas une synchronicité faite pour écrire de suite... le nouvel album de Peste Noire s'appelle La Chaise-Dyable, alors je me dis : à quand un festival pour concurrencer le VGE Show de musique baroque ? Je n'ai quand même pas pu m'empêcher de poser une oreille attentive sur cette casadiablerie parce que, merde, le mec parle aussi beaucoup ici de son enregistrement corporel d'un coin qui règne en maître dans les replis de ma mémoire, malgré tout ce qui m'a rebuté dans le discours, la musique, les revendications, les imageries employés par ce groupe notamment dans le dernier en date : je suis loin d'être un fan de Jacques Doriot hein, surtout parce que je suis né en France avec tous les traumatismes généalogiques qui vont avec. Alors, QUOI ? Et bien après "Avant le putsch / Le dernier putsch", première partie très rêvasseuse et violente sur un lieu / pouvoir à dévaster entre frangins puis un appel à une revirilisation quasi polpotienne de la France (retour au massacre à mains nues, fini les jérémiades intellectuelles), on écoutera une succession de balades et de chansons tristes, les paroles décrivant vraiment bien ce que pourrait être une vie seule au milieu du trou - faut pas se leurrer, la Haute-Loire n'est pas faite pour les gens assoiffés de contacts sociaux divers et variés, et encore moins le plateau de la Chaise-Dieu, où cette surdose de chrétienté se heurte à la vivacité d'éléments passablement pantagruéliques, faits de cochons morts et de ténèbre poisseuse... "Y a vraiment rien à faire", donc on picole, puis, bon allez "dansons la gigue !" comme dirait Verlaine, et puis las encore, on s'ennuie donc on bosse tout le temps, la vie colle au cul malgré tous les rêves de grandeur, on se suicide, les fantasmes enveloppent le bide, mais ça va, y a rien de mieux que la solitude pour écrire, pour gueuler loin de tout et de tous. Eh ! Mais la musique est belle ici, pleine de prises de son j'imagine locales, avec chant grogné ou non, une très belle patte guitaristique comme d'hab', des ajouts d'accordéon, de voix féminines à la Rose McDowall ne prenant pas trop de place. A propos du message, ben oui, on est toujours coincé dans la nostalgie d'un espace-temps surréaliste (passé ? présent ?), et d'un "foutredieu, qu'est-ce que c'est que ce bordel contemporain" anxieux et destiné à être "jouté", décapité, souillé (avé l'accent du nord de la Loire, et le look skinhead) (et le saucisson, et la jeanlain, et le picon, etc.). Ce propos est néanmoins tellement enrobé de mise à nue de la vie des méninges solitaires de son auteur que, finalement, qu'est-ce que je pourrai y répondre ? Que la chanson est chouette de toute manière ? Ben oui, la musique ici est foutrement bien foutue ("hmmm, ça pue la branlée" nous dit Famine en introduction, comme une synthèse de son disque), que ces mots riment bien aujourd'hui dans cette bouche crachant, hurlant, rappant, déclamant, pestant (pestant noir d'alcool ?), jouissant à l'unisson d'une guest star qui elle fera grimper l'audimètre de vos voisins en deux / deux si vous écoutez le disque bien fort... Cette petite heure altiligérienne colérique décollera vraiment pour moi à partir de "Le Diable existe", où après avoir été victimes actives de ces odes à la guerre nous serons témoins captifs de la bataille cette fois interne du bonhomme (bouffe ta haine, bois un coup, le soir, il fait froid, la mort rôde, ma vie / ma nuit...). Ce mix par Peste Noire entre un metal burné comme un chant de guerre et des rodomontades solitaires zébrées de clichés fugaces d'un de mes Paradis Perdus, malgré le gouffre entre mon propre ressenti sociétal actuel (bien autiste aussi hein) et celui de l'auteur de l'objet chroniqué me livre enfin une version à peu près compatible avec mes affects, un peu comme lorsque j'écoute un personnage ivrogne parler tout seul - c'est ce que j'aime entendre exprimé ici, un long discours d'homme ivre, seul, se bouffant la tête, voyant des choses, en imaginant d'autres, accueillant les soupirs des voisins ("mais pourquoi tu t'es installé ici ?"), traquant les images de la faiblesse et les symboles de la force possible, disparue, pleurée ou encensée, la signification du haut, du bas, tout en étant chafouin tout le temps à ce sujet, un peu comme un esprit malin emprisonné dans une fiole de gnôle, grognant, hurlant et pleurant des invectives, rêvant doucement que tout aurait pu se passer autrement, ailleurs, avant, après, plus seul, moins seul, ou plus près, plus loin de cette présence écrasante. Mais de quelle présence / absence parle-t-on ? Celle de Dieu ? Du Diable ? Ou juste de leurs enfants, de ce qui est sorti de l'esprit humain, à savoir, entre autres, et en vrac, ce qui est abordé ici : l'"Europe", la ville (pas bien), aujourd'hui (pas bien bis), la campagne (qui ne ment pas elle, hein, donc bien), les idées politiques ("t'assumes, t'assumes pas ?"), esthétiques ("black metal" - étiquette encore plus rapidement givrée qu'une terrine de chevreuil oubliée dans le jardin en décembre), les points de vue sur les conflits lointains (cékilébon ? le régiment Azov dont Famine fait la promo visuelle dans le livret ? les russes ? les autres ? on s'en fout ? le dernier Drudkh ?) ? Comment vivre avec tout cela si on le refuse, ou si on l'embrasse trop, tout seul, au fond de la forêt, là où tant de gens se sont crevé le dos à labourer une terre ingrate pour pas grand chose... Comment se balader à l'aise à l'ombre de ces vieilles maisons en pierre d'un mètre d'épaisseur, atterrissant au milieu de toutes ces vieilles histoires de villages qui dominent là-bas, bien plus que celles des cités, des gargouilles, des histoires politiques, "raciales", démocratiques, autoritaires, anarchistes, télévisuelles, black-métalliques, revivalistes, survivalistes, "mouriralistes", alcooliques... Pfiou... Quoi qu'il en soit la Chaise-Dieu transformée en Chaise Dyable (duale ?) se fait matrice d'un album de chansons à boire, à manger, à tuer, ventripotentes, grasses, tristes, passéistes, misanthropes, pathétiques, et joue ses accordéons morts tranquillement en moi... DEAD. Je ne serai jamais d'accord avec plein de truc récités ici (je serais en guerre ? je dois attaquer ? j'aurais à défendre quelque chose ? je suis envahi ? je vais me retrouver dans la catapulte moi aussi ? ah bon ?) mais je ne pourrai que saluer l'audacieuse percée de lumière dans l'obscurité auvergnate effectuée dans ce recueil par ce personnage de déclassé vociférant mis en scène ici, peut-être assez lucide sur la noirceur de la vie tout en restant indéboulonnable sur des certitudes mondaines qui m'échappent. Ce ressenti de répulsion et de compassion me pousse en tout cas à vous dire que l'objet chroniqué mérite au moins, je pense, la réception d'une oreille mélomane - si on a envie, comme tant d'autres dans ces colonnes, d'aller passer son groin à l'intérieur du mal, pour danser avec lui, ou le purger avec le reste, de manière encore plus intimiste que d'habitude, un cul virtuel posé sur une chaise dans la cuisine bordélique peinte sur la pochette.

note       Publiée le samedi 2 mai 2015

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Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

Il s'est fait "virer" des débiles du Militant zone parce qu’il ne voulait pas arrêter de boire. La boisson sauve des vies !

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Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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luapluap Envoyez un message privé àluapluap

J'avais compris qu'il y passait tellement de temps qu'il y vit maintenant.

Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

Pour ça il faudrait être assez fou pour consentir à ses prix prohibitifs :)

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stickgrozeil Envoyez un message privé àstickgrozeil

Quelqu'un sait si Famine honore les commandes ou s'il s'est barré en Ukraine pour se battre? uhuhuhuh