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Gert Blokzijl › Interaction

cd • 2 titres • 69:58 min

  • 1Interaction I 17:24
  • 2Interaction II 52:34

informations

On peut avoir des informations supplémentaires sur cet album, de même qu'entendre des extraits, en visitant le lien suivant: http://gertblokzijl.bandcamp.com/album/interaction

line up

Gert Blokzijl (Synthés numériques, analogues et traitements de logiciels de synthétiseurs)

chronique

Qu'est-ce qu'un classique ? Je dirais que c'est un album qui laisse résolument ses empreintes, ses influences sur le temps et ainsi que sur beaucoup d'artistes qui continuent de s'en imprégner bien des années plus tard. Mirage de Klaus Schulze! Son long mouvement minimaliste porteur d'harmonies électroniques rêveuses sur une structure en délicate permutation est ce genre d'album. Et c'est l'essence même des charmes de ce dernier album de Gert Blokzijl. Synthésiste Hollandais autodidacte qui a découvert les nombreuses possibilités de la musique électronique minimaliste dès l'âge de 4 ans après avoir fait la découverte d'un harmonium brisé dans une grange familiale. Depuis il n'a cessé d'élaborer une MÉ inspirée par l'art visuel ; les films, les photos et la peinture. Des années 90 à aujourd'hui, Gert Blokzijl a composé et produit près de 20 albums qui se sont bousculés sur les plateformes de téléchargement depuis 2011. Son style s'accroche aux influences de la Berlin School avec les repères de Klaus Schulze et Tangerine Dream, alors que pour les moments d'ambiances ses influences vont de Steve Roach à Biosphere. Klaus Schulze et Biosphere sont au cœur de “Interaction”; un très bel album qui simplifie à l'extrême le mouvement minimaliste et où la photo de la Pendule de Newton sur la pochette est plus que significative.
Une brise sibylline, maquillée de délicats tintements, de crépitements et amplifiée par de sourdes implosions, flotte sur les deux premières minutes de "Interaction I". Une première ligne de séquences émerge de cette brève et nébuleuse phase astrale. Les ions sont limpides. Ils sautillent et se poussent dans le dos, serpentant en file indienne un parcours minimaliste qui dessine un longiligne mouvement sphéroïdal. Une délicate ligne de basse pulse en retrait. Son pouls ajoute un autre tracé rythmique parallèle qui rappelle un mouvement de Tubular Bells. D'autres séquences s'ajoutent. Cette fois-ci les ions papillonnent comme des feux-follets trappés dans l'œil d'une tornade. La basse accélère la cadence et les ombres de feux-follets s'excitent tout autant. Magnétisant, le mouvement simpliste et très charmeur de "Interaction I" s'enveloppe d'une lourde et ondoyante nappe de synthé dont les arômes de vieil orgue tracent des harmonies vampiriques aussi angoissantes que séduisantes. Les charmes de ces harmonies flottent à contre-courant sur le mouvement alors que les percussions qui tombent ajoutent juste un peu plus de vélocité à "Interaction I" qui continue son ballet giratoire minimaliste jusqu'à ce que les séquences manquent de souffle et que le mouvement se réfugie dans les ambiances de son intro. Cinq minutes d'ambiance pour douze minutes de rythmes ambiant et minimaliste ; "Interaction I" est le genre de truc qui accroche et obsède les sens. C'est aussi le même pattern pour "Interaction II" qui offre 4 superbes phases de rythme embourbées dans du magma sonique et les sombres ambiances à la Biosphere.
Le tout débute par une ligne de basse qui palpite sournoisement, éparpillant ses pulsations qui dessinent un imparfait mouvement ascendant. Des séquences tintent tout au côté du mouvement. Elles scintillent et volettent alors que le 1iere phase de "Interaction II" prend de l'ampleur. Mais le tout reste statique. Si les ions font des cabrioles harmoniques en dessinant des figures rotatoires un brin saccadées, le mouvement reste paisible. C'est comme entendre une nuée de balles de caoutchouc pétiller dans un bocal trop petit. Des lignes de synthé libèrent de furtives mélodies qui peinent à s'imposer. Elles rappellent Klaus Schulze avec des lignes nasillardes au doux parfum arabique. Peu à peu, cette 1ier phase se voit enterrée par de lourdes lignes bourdonnantes et des brises creuses qui garnissent les ambiances pour un petit 3 minutes. On y entend des claquements et des tintements, amplifiant un sentiment d'angoisse, de claustrophobie qui plane tout autour des phases atones de “Interaction”. Si le premier mouvement a tracé la voie de la curiosité, celui qui émerge vers la dix-septième minute nous amène tout droit dans les meilleurs moments de l'union Klaus Schulze et Pete Namlook dans le The Dark Side of the Moog IX. Le rythme est lent. Il chevrote avec une batterie dont les coups se répercutent dans un écho maquillé de souffles et de cliquetis fantomatiques. Le mouvement est hypnotisant et nous entraîne sur une douce pente soporifique où l'art minimaliste affiche un ornement sonique absolument envahissant. C'est pas trop long, pas trop court. Un beau 7 minutes où Gert Blokzijl nous amène aux portes de l'audiophilisme. Une violente tempête de vents, de wiish et de whoosh s'abat sur nos oreilles à la barre des 25 minutes. Nous avons là le plus long passage d'ambiances de “Interaction”. Les vents hurlent et crissent avec des tonalités parfois creuses et parfois acuités dans des teintes tantôt sombres et tantôt diaphanes sur une longue période de 8 minutes avant qu'une structure de rythme un peu plus fluide que la phase 1 envahisse nos sens. Plus vif et plus dynamique, voire un peu funky, le rythme sautille avec un mélange de délicatesse et de dureté dans les tintements de serpentins séquencés dont les tonalités de verre éparpillent un rythme limitrophe aux percussions et aux croassements organiques plus sautillants. C'est un peu comme un angelot qui jouerait du xylophone afin de calmer un troupeau de crapauds et dompter les sauts des sauterelles dans une zone de sécheresse. Eh oui, nous avons toujours cette sensation d'entendre les spectres de TDSOTM IX rôder autour de nos oreilles. En tout cas, moi ça m'a donné le goût de l'entendre. C'est un très beau passage qui s'étend jusqu'au-delà des 42 minutes. Là où nous attend une chorale séraphique et ses chants sibyllins. Un bref moment assez intense qui précède le dernier chapitre de "Interaction II" et son délicat rythme ambiant. Les séquences sautillent dans l'ombre de la dernière, forgeant un superbe mouvement sériel harmonique qui roule en boucle par son écho. C'est hypnotique et ça envahit l'oreille. Cette phase s'intensifie avec des sauts et des séquences plus vives ainsi que les percussions qui les guident vers les chants des synthés toujours un brin nasillards, toujours un brin séraphiques. Des synthé toujours aussi présents mais dont on oublie si facilement le rôle dans tous ces charmes des séquences et des rythmes minimalistes dont ils ont les plans. Des séquences et des rythmes qui ne cessent de bonifier leurs parures avec un impressionnant amalgame de nuances tant dans les tonalités que les teintes et leurs agiles sauts quasiment oniriques. Oui mes amis, “Interaction” est un très grand album qui s'insère très bien entre Mirage et The Dark Side of the Moog IX.

note       Publiée le samedi 4 avril 2015

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