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Bernd Kistenmacher › Paradise

cd • 7 titres • 65:37 min

  • 1Ghosts 4:52
  • 2Born from Innocence 16:18
  • 3Devastating Destruction 7:33
  • 4Raindance 12:09
  • 5Distant Danger 6:53
  • 6Everlasting Magic 8:45
  • 7Belt of Forests 9:14

informations

Composé, performé, mixé et enregistré entre Janvier et Octobre 2014 au Ivory Tower Studio à Berlin

On peut avoir des informations supplémentaires sur cet album, de même qu'entendre des extraits, en visitant le lien suivant: http://berndkistenmacher.bandcamp.com/album/paradise-2014

line up

Bernd Kistenmacher (Synthés analogues et numériques, voix, arrangements et effets électroniques)

chronique

Bernd Kistenmacher avait littéralement rivé les oreilles à mes haut-parleurs avec le puissant Utopia. Il avait réussi à implanter un cachet assez dramatique dans noir univers envahissant où la dissonance parvenait à trouver les routes de l'harmonie. Nettement plus mélodieux, un brin moins discordant, un peu plus ambiosphérique mais toujours aussi nappé d'une immense toile dramatique, “Paradise” étend sa fascinante emprise sur nos sens. Le paradis en question est littéralement celui que l'on se souhaite à la fin de nos jours. Est-ce une utopie? Le lien est à faire, tant Bernd Kistenmacher nous entraîne avec tant de subtilité dans les sphères d'une chimère dont seul on a les clés du secret.
Des chants d'oiseaux attendent nos oreilles en ouverture de "Ghosts". Ces chants se fondent dans un décor menaçant où grondent des souffles de tonnerre et suinte une pluie qui devient de plus en plus abondante. Une séduisante faune sonique déploie peu à peu ses charmes à mesure que le temps ne fasse évaporer "Ghosts". De délicates brises philarmoniques se mêlent aux chants des oiseaux paradisiaques, transportant ces douces ambiances hors des sentiers de la désolation. De tout cela, il ne restera les vestiges d'une mélodie oubliée qui ressuscitera dans les tumultes de "Born from Innocence". Mais avant, son intro rayonne comme un ruisselet de prismes délicatement fouetté de paresseuses brises. Une doucereuse onde se fait dorer par des charmes de flûte, alors que tout doucement des notes d'une guitare hispanique tentent de charmer des percussions qui tombent de plus en plus lourdement. Le tumulte, la dissonance de Utopia renaît ici. Le rythme de "Born from Innocence" est martelé par des percussions titanesques qui structurent une lourde et lente marche de guerre. La mélodie enfouie de "Ghosts" rejaillit ici par des souffles d'un synthé philarmonique. Le rythme s'agite avec des percussions frénétiques. Des voix angéliques parfument les ambiances d'une approche céleste alors que la lourde ligne de basse gonfle ses barrissements. On plonge dans le confortable délire Kistenmacher avec des tonnerres de percussions qui roulent comme des vagues de rythme infernales, propulsant chuchotements et ricanements. Des voix, des éléments de paranoïa se fondent dans un brouhaha aussi dissonant que cette structure de rythme lourde et violente qui s'affranchira de sa folie vers la 9ième minute afin d'embrasser une structure plus rock. Et comme si cela était possible, "Born from Innocence" se magnifie d'un rythme fluide, étonnement musical. Un genre de hip-hop lourd mais fluide qui tranquillement s'en retourne dans les repères électroniques de son intro. Magnifique et jouissif! Déjà, je sens que ce “Paradise” me comblera autant que Utopia. D'un ronflement de moteur de scie à celui d'un gros bourdon, l'intro de "Devastating Destruction" ne fait rien pour tempérer mes attentes. Et dès que les accords d'un Vangelis nostalgique sortent d'entre les poussières des arbres venant de tomber, la magie reste bien collée dans le fond de mes tympans. Triste et accablant, "Devastating Destruction" est un titre très méditatif avec un synthé aux harmonies tissées à même les larmes sur nos joues.
"Raindance" est l'autre énorme joyau de “Paradise”. La ligne de basse est d'un genre groove avec des notes qui ondulent sur les roulements des percussions. Des percussions qui frottent un hymne plus rock qu'électronique, tandis que des accords de clavier, embrouillés avec des riffs de guitare, tombent nonchalamment, picorant un rythme ambigüe qui nous magnétise de son manteau de rock cosmique. C'est ni plus ni moins une continuité de "Born from Innocence", mais dans une enveloppe moins dissonante et un crescendo plus saisissant. La lourdeur y est omniprésente. Et le voile cinématographique est tout autant intense avec d'enveloppantes nappes aux arômes de vieux orgue pénétrant. Idem pour "Distant Danger" où ces nappes flottent sur les tic-tacs d'un métronome déréglé. Là aussi les cendres de Utopia se mélangent aux nappes de synthé. Les tic-tacs deviennent des tamtams frénétiques et "Distant Danger" s'embase pour épouser un stupéfiant rythme tribale aux arômes très Roach où le mouvement, tout de même assez violent, flotte plus qu'il ne bouge. Il est transporté, animé par des nappes de synthé aux couleurs de vieil orgue apocalyptique qui flottent comme les ombres de vampires sur des tamtams déchaînés. Majestueux! Je suis cloué sur mon fauteuil. Et ça n'arrête pas! Un lointain drone émerge du silence pour mouler ces fascinantes torsades noires qui étreignent la mélodie tourmentée, et tambourinée sur un clavier, de "Everlasting Magic". De son cocon minimaliste, la mélodie s'enveloppe de nuances dont les voiles sombres façonnent les lentes impulsions qui guident son mouvement à travers une nuée de prismes scintillants. On ne peut nier les influences de Vangelis sur les œuvres de Bernd Kistenmacher et c'est encore plus criant sur ce titre qui se parfume de superbes orchestrations. Et ces orchestrations sont lentes, anfractueuses et enveloppantes dans "Belt of Forests". Les prismes y scintillent toujours, mais ils sont nappés de caresses orchestrales qui se transforment en de violents torrents de staccato, imposant un rythme hachuré où les violons et violoncelles se chamaillent entre violence et tendresse dans une structure cinématographique où le désordre chevauche les paradoxes avant de perdre toute vélocité dans les cliquetis des accords et les pulsations de basse qui conduisent des oreilles marquées au fer rouge par toute cette dimension d'une œuvre que l'on espérait plus après le puissant coup de canon qu'était Utopia. Chapeau Bernd, voilà ton meilleur album à vie!

note       Publiée le mercredi 28 janvier 2015

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