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Radikal Satan › Nueva Marginalia

cdr • 4 titres • 32:35 min

  • 1Natacha8:57
  • 2Boycott6:05
  • 3Doña Isabel5:25
  • 4Cadenas12:08

extraits vidéo

informations

Enregistré à Bordeaux (Cours de l’Yser) et à Montreuil (Instants Chavirés), France, par Mauricio et César Amarante. Plage 3 enregistrée par Étienne Foyer.

Tous les albums de Radikal Satan sont disponibles en téléchargement légal et gratuit – en mp3 320kpbs – sur le site officiel du groupe (voir lien ci-contre). CDr autoproduit, tiré à 200 exemplaires. Image d’insert (montage photographique) par Julie Latumeur. Photo par Joseph Charroy.

line up

Mauricio Amarante (piano, accordéon), César Amarante (contrebasse, guitare, percussion, voix), Johnny Bourguine (Johnny Bourguin) (batterie)

Musiciens additionnels : Melody Gottardi (guitare et percussion sur 1, 2, 4), Étienne Marchand (guitare préparée sur 2), Austin Townsend (guitare sur 4)

chronique

Toujours cet à côté, ce jeu d’invention entre les langues, les formes, les volumes. Le terme "marginalia" – pluriel du latin marginalium – désignait au départ les notes laissées par un copiste aux marges d’un livre ou d’un codex. L’usage, ensuite, en a fait glisser le sens : elles sont maintenant, ces margines, les enluminures, les dessins, les tracés, qui ornent le texte, transforment les lettrines en œuvres, fondent le signe en ravissement graphique, chromatique… Supposons – avec eux l’esprit s’y prend – qu’il s’agisse peut-être, aussi, d’un hispanisme par eux créé ; ce serait quelque chose comme "marginalisme". Pas "marginalité", pas une condition subie, désignée de l’extérieur. Une pratique, une volonté, le "défaut" choisi comme voie. Non parallèle – il faudrait pour ça qu’elle trace droit – mais non centrale. Je le disais plus tôt : la pertinence du Centre est illusion, piège, mensonge. Radikal Satan ne semble pas croire à l’utopie – au fond plutôt glaçante – d’un état de bonheur à la constante égalité, sans accident, où rien jamais ne trébucherait, glisserait, rencontrerait la résistance des matières. Mais pas non plus à une perpétuelle noirceur atone, un enfer sans plaisir, une admission de la défaite. Les plages de Nueva Marginalia sont particulièrement étales et épaisses, remuées sous les surfaces. La voix y déraisonne toujours des bribes essentielles, perturbantes, que l’oreille saisit sous l’accent, sous les textures qui par dessus passent, le voilent, l’enveloppent, l’ornent. La percussion, ici, est éparse, intermittente – elle disparaît longtemps, surgit en scansion lente quand César chante les chaînes. L’arrangement – plus souvent qu’ailleurs chez eux – se revêt de nappes de givre électronique, de brumes synthétiques ; on croirait alors la bande-son d’un vieux Mario Bava, d’un Dario Argento : l’une de ses scène à l’érotisme alangui, larvé dans la fatigue – où le mal rôde autours sans encore frapper, séduction, éveil latent dont se saoule doucement l’héroïne, l’homme bientôt victime (et l’assassin pour l’instant tapis, un moment amoureux de l’objet de son tourment). Encore une fois, cet apparent contre-nature – car ce sont, habillées ainsi, encore des musiques "latines", jazz, cabaret, coupées en leurs traditions dans des étoffes épaisses, chaudes – confère paradoxalement aux morceaux ainsi enveloppés comme un surcroît de présence humaine, animale et pensante, frémissante, désirante, désireuse d’une intimité, d’une conviction saisie par plusieurs à plusieurs de ses bords, d’une complicité. L’impossible à se conformer… Comme les autres disques du groupe, Nueva Marginalia déborde le concept, l’analyse, les dépasse plutôt qu’il ne les défie. L’annotation, sur les côtés, ne défait pas le texte : elle le libère en entamant sa limite rigide, sacrée – elle l’ouvre. Ce qui est en son temps recueilli ne peut se voir réduit par aucune étude postérieure, aucune certitude plus tard forgée, validée, rangée. Les notes, aux contraires, tessons ou esquisses d'idées, d’hypothèses, sont des résonances neuves aux jour où l’on remet ce corps. C’est comme ça qu’il faut transmettre. C’est par là que dans la statue de toute Grâce, on se rappelle la chair, le charme profane du modèle ; au moment d’entamer la pierre, le ciseau, la main, le sculpteur, en ont peut-être été saisis ; l’artiste, sûrement, a voulu les rendre au monde.

note       Publiée le jeudi 11 décembre 2014

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    non c'est bien un morceau apparemment entier en plus, j'ai verifié les longueurs des 4 titres sont bien celles que tu indiques, derniere piste de 12 min incluse (effectivement les 3 dernieres minutes sont a part, ces cordes acoustiques assurancetourixiennes); j'en aurai le coeur net!

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ah, bizarre cette histoire de titre en plus... Toutes les occurrences google donnent les quatre que j'ai reporté, en tout cas, il semble... Par contre le dernier titre est indiqué partout comme durant neuf minutes et quelques alors qu'il en dure douze et des poussières. Une sorte d'effet morceau caché, sans doute, mais c'est curieux du coup que chez toi il soit indiqué à part. (Surtout si on l'a chopé à la même source, quoi).

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Tiens j'ai un cinquieme titre dans mon fichier; un quatrieme plutot. "La Procession", bien martelant. et marchant a peu pres droit. Il est bien celui-ci aussi, mais je trouve que globalement il donne moins cette impression nawatfk que les precedents.

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