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Keiichi Suzuki › Zatoichi

  • 2003 • Milan 301 678-6 • 1 CD

cd • 15 titres • 66:34 min

  • 1A Road to a Post-Town04:36
  • 2Firewood-Chopping and a Farmer Who Wants to Be a Samurai02:08
  • 3Ginzo's First Command02:09
  • 4The Naruto-Ya Rice Merchant Massacre05:09
  • 5The Gambling House Massacre03:14
  • 6The Wasteland Masscre and the Reminiscence of Geisha12:24
  • 7A House on Fire and Massacres All Over10:45
  • 8Constructors02:14
  • 9O-Kagura01:30
  • 10Zatoichi Showdown02:17
  • 11Festivo03:44
  • 12A Road to a Post-Town (Alternate Mix)04:31
  • 13Ginzo's First Command (Alternate Mix)03:39
  • 14A House on Fire and Massacres All Over (Alternate Mix)07:16
  • 15Trailer (Musique de la bande-annonce)00:49

informations

Enregistré et mix par Masahiro "Darmatz" Matsuda (sauf 15, par Tatsuhiko Mori). Produit par Keiichi Suzuki.

line up

Keiichi Suzuki, Koji Yamaoka (programmation synthés)

Musiciens additionnels : THE STRIPES (claquettes, composition 9 & 11), Hiroyasu Yaguchi (saxophone 11), Masahiro Takekawa (trompette 11)

chronique

  • bo synthétique de chanbara trompe-l'oeil

La rupture étant consommée avec Joe Hisaishi, il faut quelqu'un d'autre à Takeshi Kitano pour composer la bande-originale de son nouveau film, une adaptation de la populaire série Zatoichi, le samurai-justicier aveugle, première oeuvre de commande à son actif, et premier chanbara (film de sabre) de Kitano qui s'inscrit alors dans une grande tradition. Compliqué de succéder à un tel compositeur, surtout après des oeuvres aussi marquantes que "Sonatine" ou "Hana-bi". Le choix se portera sur Keiichi Suzuki, connu pour être le leader des Moonriders, groupe phare de la new-wave japonaise, mais aussi pour avoir collaboré avec Yukihiro Takahashi au sein des Beatniks ou encore avec des groupes comme les délirants Halmens, le français nippophile Pierre Barouh ou la divine Miss Maki Nomiya (de Portable Rock puis Pizzicato Five). Egalement porté sur l'artisanat du remix et de la musique électronique (et ayant aussi travaillé sur des bande-originales de jeux vidéo), le rendu sera bien différent du travail de Hisaishi, en tout cas de ses dernières compositions plus opératiques. Comme les giclées de sang volontairement fausses et synthétiques qui jaillissent à chaque coup de sabre du redoutable samourai aux cheveux blonds (une trahison visuelle frappante de la tradition voulue par Kitano), cette bande-originale sonne totalement électronique, et même si le piano y fait des apparitions qui rappellent malgré tout certaines ambiances les plus flottantes de quelques BO passées, l'accent est clairement mis sur les rythmiques et les nappes de claviers. Chaque lieu, chaque scène cruciale se voit accompagné d'un thème souvent en suspension, délité sur la longueur, à la limite de l'ambient, aux beats qui clapotent comme des gouttes de pluie dans les flaques de boue. Au détour de l'un d'entre eux, on entend des instruments traditionnels en toile de fond, comme captés d'une autre époque, mais de world music ou de recréation traditionnelle il n'est pas question. Ces sons-là, artificiels, aplanis sur la durée, auraient bien pu faire office pour accompagner un jeu vidéo, pourquoi pas un Ages of Empire oriental où il serait amusant d'envoyer un super guerrier aux cheveux blond décimer des salauds, tels sept samurais en un ? Car Zatoichi est un film ludique, où les paysans font de la musique avec leurs outils, où l'on patauge dans les flaques en faisant des claquettes aquatiques. Un film sur le jeu, un film-jeu, il n'est pas surprenant qu'il soit le plus grand succès populaire de son auteur. Mais pas un film moins ambitieux que les autres. Le jeu et le rythme. En un mot : la comédie, au sens large. Le gag, une affaire de rythme, comme la musique, comme le sabre, il faut savoir trancher au bon moment, pour faire éclater un rire ou une aorte. Là où "Dolls" ne laissait qu'à Hisaishi qu'une faible place de pure peinture sonore, "Zatoichi" permet à Keiichi Suzuki de travailler une matière à la fois atmosphérique, souvent sombre et menaçante comme le village où débarque le justicier aux yeux fermés, mais aussi façonnée par les beats, parfois poussant leur logique jusqu'à des formes extrêmement contemporaines, comme la ferveur hip-hop de la scène finale, absolument jouissive, où les claquettes de music-hall (une des multiples facettes de Kitano) croisent le break-dance au son des scratches. Ou encore illustrant la mort qui rode et qui frappe enfin, avec des nappes de basses sourdes traversées de cliquetis ténus qui se muent en drum & bass mid-tempo dont l'avancée inéluctable accompagne les sinistres massacres des renégats. Et pourquoi pas remanier cette patte sonore façon dub ou electro mélancolique ? C'est la grande force de cette BO, percussive sans donner dans la simple reconstitution, assumant en sa nature synthétique l'aspect purement factice des images de Kitano, car ce qu'on voit n'est jamais ce qu'on croit voir. Mieux vaut fermer les yeux et entendre, nous dit Suzuki, la joie des menuisiers au travail dont les outils sont autant d'instruments, à moins que les faux instruments tous programmés sur des ordinateurs ne donnent en fait vraie vie à ces ouvriers pour de faux en leur conférant une musique qui leur est propre. Car tout est trompeur sinon le rythme, qui porte les corps vers la transe de la danse. Ce n'est qu'à cela que se fie le samurai aveugle, le son du vent qui fend l'air et les bruits des tambours au loin qui guident ses pas, lui à qui ses yeux ne servent à rien. A moins que… Peut-être les garde-t-il simplement clos pour mieux entendre, pour mieux écouter. Comme lui, une fois la terreur passée, vous pourrez vous taper un freestyle sur la scène, prétendre être un autre, le temps de quelques beats, de quelques vibrations, qui vous transporterons ailleurs, qui feront de vous un aubergiste trompeur, une geisha vengeresse ou même un samourai.

note       Publiée le dimanche 7 décembre 2014

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    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    Je réécouterai alors. De mémoire c'était une version différente.

    Note donnée au disque :       
    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Tiens j'avais pas capté l'étiquette "dark ambient", ça m'intrigue rodrigue, par contre entre les moments très cocasses de tapage de bêche en rythme, j'ai bien mémoire d'un voire plusieurs petits passages troubles avec un synthé bien cheap correspondant au second extrait (mais surtout de regretter les mélodies de Hisaishi), va falloir tester ça. Film extrêmement sympathique sinon, culte en ce qui me concerne (belle chro-hommage, as usual), une vraie originalité cet effet chambara-musical, avec la bonhommie de la taupe Katsu remplaçée par le masque habituel de notre Takeshi Kétamine.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Hum… C'est bien le morceau "Festivo" qui est dans le film qu'on retrouve sur la BO.

    Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

    De mémoire, une BO plaisante. Mais bordel de merde, pourquoi ne pas avoir proposé la version du film de Festivo ? Argh ce gachis.

    Note donnée au disque :       
    Jesuis Envoyez un message privé àJesuis

    Encore la sélection chanel n°6, merci pour la découverte encore une fois