La Chaux-de-Fonds, ça tabasse comme nom d’endroit ? Ces tirets, cette chaux dans le fond ! Non ? C’est ce que je me disais lors d’une de mes dernières escapades festivalières dans le Jura suisse, un soir que j’étais y a quelques années à me fondre dans quelque bière non filtrée du cœur du Locle, devant Neurosis et Entombed. La Chaux-de-Fonds se trouve donc dans un endroit environné de forêts glagla, de l’autre côté de cette frontière Pontarlière un peu Lynchienne avec ses industries, liqueurs et esprits de morts retors, aux marges d’une Suisse qui m’a paru un peu moins lointaine que d’autres coins que j’ai pu visiter avec mes yeux d’français (et qui apparemment attire aussi nos grands sportifs à tennis baskets, mais ça… hein !). Insane Kult vient de la Chaux-de-Fonds, de cet endroit froid, vert, beau, le regard absent, l’iris absinthe. Groupe de death / black quasi tout neuf, Insane Kult vient de sortir sa demo Prélude à la débauche. Ils mettent donc bien cartes sur tables (de bar) : c’est que le début, d’accord, d’accord ? OK ? Ben même si c’est la préface, je pense qu’il vont se tailler une bonne orgie ensuite, car ils ont quand même mis les moyens dans ces trois titres, dans la production déjà qui fera pleurer les fous du son sorti de la cave mais réjouir ceux qui en ont marre de ne rien comprendre sur une bande fatiguée par l’âge. On aura donc droit ici à écouter des growls ponctués de cris moins graves couplés à des guitares grasses et un synthé typé “train de l’angoisse avec Elvira” que les fanas de Dimmu Borgir goûteront avec plaisir mais que le vieux grigou ne jurant que par la corde de mi grave donotwantera, le tout dans une dynamique que je trouve très entraînante ! Comme quoi, on peut avoir envie de danser la gigue sur du metal extrême ! Mention spéciale dans cette ambiance horrifique à la Tales from the Crypt : la petite ritournelle gimmick du premier morceau qui à première écoute m’a un peu agacé... ben à la deuxième, puis la troisième je l'ai trouvé finalement bien fun si on reste dans une réception ouverte aux orgues artificiels et au côté Grand Guignol à haut de forme du metal extrême. Maudissant les chrétiens comme me dit le CD, Insane Kult sait aussi jongler avec les influences, créant un patchwork qui tient, mais je ne sais si le fan de Cradle of Filth et celui de Suffocation peuvent se retrouver autour d’une table, se prendre la main et boire une bière pour la paix, mais bon, Qui sait ? Dernière petite tête se rameutant au-dessus du couffin de ce groupe : Pink Floyd. Ben ouais, Rick Wright jouera le début de Shine on You Crazy Diamond Part 1 en conclusion de la demo. Étonnant non ? Revendiquant donc une volonté de désarmer l’auditeur mais armé suffisamment techniquement pour le faire proprement, cet EP est un premier jet convainquant, plein d’envie de révérer les anciens pour pouvoir déployer ses ailes avec un dédain de rockeur bourré au Pernot. Pour la suite du festin, quel chemin emprunteront-ils ? Une spécialisation dans des canons ultra éculés, soit côté black dit “symphonique”, ou celui d’un blackened death metal étiqueté brutal ? Ou une escapade vers une interdisciplinarité progressive, comme porte de sortie syncrétique d'écoles du metowl qui ont quand même déjà bien donné de leur sève avec l’âge…? En tout cas, ce disque m’a donné soif, je vais me servir un Pont. Bonne débauche à vous tous, chauffez les bûches, on amène le vin chaud !