Dead Congregation › Promulgation of the Fall

L'entame d'une chronique est une chose périlleuse en ces temps d'immédiateté. Il faut un truc pour accrocher le lecteur d'emblée, essayer de faire en sorte qu'il ne se dirige pas toute de suite vers la note en bas, là, qu'il n'ouvre pas une nouvelle fenêtre pour taper nom du groupe + nom de l'album sur google, et s'envoyer un lien youtube du full album en qualité 128 (dans le meilleur des cas), de faire défiler la barre horizontale rapidos pour avoir un aperçu du machin, et balancer un commentaire en dessous de la chronique pour montrer que, oui, c'est écouté, emballez, c'est pesé. Rien qu'à lire cette phrase, déjà, j'en ai perdu la moitié (de lecteurs). J'aurais peut être dû commencer par un truc genre « Malveillant, malfaisant, maltraitant ». Non, trop cliché. « Dans un cercle dessiné à la craie sur le sol granuleux d'un trottoir de Hobb's End, une marmule mal rasée est en train de massacrer à main nue la carcasse d'un monstre anorexique ». Non, trop pompeux. « Le disque death de l'année ! ». Non, trop VS. J'espère, à ce stade, avoir au moins gardé la moitié de mes lecteurs. Dead Congregation, donc, vous l'auriez compris, fait du death metal de premier ordre. Sans être orthodoxe ni tout à fait classique, la brutalité mouvante de ces enfants de l'austérité s’enorgueillit à tout point de vue de l'art du ralentissement et du riff inexorable : Péplum d'invocations démoniaques, d'enterrements de masses, voir de larmes sous la pluie. Lourd et implacable, dense et souterrain. En contraste, les accélérations deviennent Homériques : blasts hyper secs voir militaires, grunts infernaux, simultanément old school dans cette frénésie qui confine presque à l'hystérie, et moderne dans ce que le groupe développe de venimeux dans le génocide au gaz moutarde ; avec une production attenante, énorme et sale, façon anciens novateurs et nouveaux réactionnaires. Soit le meilleur d'un Gateways to Annihilation avec la ferveur d'un Failures for Gods, et des saloperies de trucs suédois mais ricains à la Incantation en moins neuneu ou à la Grave Miasma en moins malsain (merde, après vérification, ils sont anglais ces cons). Du neo-revival quoi, mais avec personne pour le chamailler sur ce terrain pourtant archi balisé et qui arrive quand même pas loin de la saturation, niveau prolifération. Comme un Clive Barker dans un monde infesté de Stephen King.