Grave Miasma › Realm of Evoked Doom

Y a des fois, la vérité vous tombe dessus alors que vous n'avez rien demandé : les philosophes, ils sont gentils, mais quand c’est elle qui vous court après et que, au contraire, vous vous cachez pour pas la voir, ben vous devenez sofiaphobe ! Là, par exemple, alors qu’un disque d’Yves Simon passe au loin (argggggh), que j’essaye pour la trentième fois de m’occuper avec un jeu débile sur téléphone, j’ose pas dire smartphone, ça serait trop faire insulte à l’intelligence même, ben elle me tombe dessus cette ...! Que faire ? que penser ? T’es fatigué ? Va te coucher ? Ta vie est vraiment stupide en ce moment ? Fais le bon choix ? Et c’est là, messieurs et damoiseaux, contractuels et pervenches, marmottes et blaireaux (euh…) que le metal arrive : la voie de la main gauche, la délivrance par le nawak ! Je regarde autour de moi, je vois le CD de Grave Miasma. L’impression qu’il sort d’une carcasse de daim renversé par la route, déjà, vu de loin. Vu de près, c’est pas très joli non plus… ben allez, je vais me mettre ça ! Quelle erreur… Grave Miasma va vous garder éveillé mais le regard un peu torve, à force de récolter toute cette morve qui sort de cette bouche ébréchée en manque de ricola. Miasme de tombe, un champignon ? Que dis-je, une péninsule de crasse à la maison: regardez, y a un bouc dans la cathédrale ! Ça pue ! Brrrr… musicalement, c’est crado en effet, voix caverneuse venant d'en *dessous* de la caverne, riffs simplex, batterie cachée derrière au fond, de temps en temps elle revient, tout ça, on sent qu’elle en balance, mais on s’en rend compte par intermittence… Ma réception de ce disque est en général mêlée d’un souci de comprendre ce qui se passe parce que le son peut parfois tout mélanger, et de la satisfaction d’entendre un truc vraiment méchant quand j'arrive à capter! Non ! Vous les inviterez pas ce soir à manger du sabodet patate, vous irez directement les regarder tuer le cochon dans le jardin et se repaître de sang frais, pas besoin de faire cailler tout ça… “Vous me fendrez le crâne? C’est pour la cervelle, j’aime bien, vous me coupez pas la langue non plus. Moilà.” La recette de la glauquitude arrive donc ici, encore une fois chez les bons groupes de black death mort noir de la muerte qui sent des pieds, plus ou moins fendant, par le rythme et ses variations, la répétition de mélodies très standards étant mise en valeur par ces ruptures à base d'accélération, avec parfois des ajouts de synthés (ou simili à base d’effet de guitare?), comme ce moment “chaussée aux moines de la mort” que vous retrouverez de temps en temps. Cela reste encore assez lent en général même si on les devine ces accélérations dans le gloubiboulga, comme le bruit de l’estomac d’une goule, m’voyez, mais juste avant qu’elle ne vous gerbe dessus, ça se réveille, ça crépite ? Ceci n’est pas un album positif, ceci est l’album du “mauvais” choix, mais, si vous lisez ces lignes vous savez ce que c’est, ça commence comme ça, paf ! Plus aucun sens, cette vie est complètement débile, cette journée complètement conne, cette rue est dégueulasse, ces gens sont misérables, ces bus remplis de tarés, ces moutons font chier ! Alors, pourquoi pas un p’tit Slayer ? Une lichette dou Cannibal Corpse ? Un zeste de Grave Miasma ? Voilà, vous voyez, donc, en tout cas, c’est pas pour les amateurs de finesse, c’est pas pour les esprits religieux mais pour les grands gousiers de machins crado-lents à deux riffs qui blastouillent de temps en temps, pour les amat’ des expérimentations guidées par la voix du Maitre de la Main Gauche (MMG, si! Non ?), pour les amoureux du boudin et des yeux de lapins en salade, avec les lentilles. Pour les amateurs de metal quoi.