Black September › The Forbidden Gates Beyond

J’ai connu Black September à une époque où je m’enfilais (dans l’oreille) les albums de Thou à longueur de journée : ils avaient alors sorti un split ensemble, celui-ci pourra être chroniqué un jour ici, peut-être… Black September, Septembre Noir pour les français, je ne sais s’il y a rapport avec la prise d’otage de 1972, est donc un groupe américain de metal sombre qui revendique haut et fort son origine de Chicago. Ce groupe a une growleuse au micro, ce qui me fait sourciller de suite car je viens de le découvrir, persuadé que c’était un mec ! On sait déjà depuis un moment que n’importe qui, avec ou sans yeux de biches peut moduler sa voix pour se transformer en gorille d’outre tombe, il suffit d’écouter Arch Enemy ou Marlène Dietrich pour s’en persuader. Mais là, voilà, je me suis fait avoir : complètement transgenre le death metal en fait, ahah ! Laissons le genre de la chanteuse où il est, passons à celui du disque… et ben, on va encore un peu se perdre ! On se retrouve ici dans quelque chose à cheval entre death et black metal, avec une intention derrière bien crust noir pleine de patches Amebix et de cheveux sales, avec des riffs parfois hardcore triste à la Integrity, ce qui pourrait nous faire pondre un autre sous-genre inutile comme “blackened death crust”, qui sait. Sorti chez Prosthetic Records, label américain publiant des galettes pour les “openminded metalheads” comme les œuvres des folkeux noirs Ancient VVisdom ou celles des djenteux écoutables Scale the Summit, cet album est assez simple d’accès. Les morceaux sont de construction très classique : intro+break+couplet, et on répète tout ça jusqu’à la fin de la piste. Black September, comme Alain, c’est Bolt Thrower (encore une fois…) vu De Loin, par cette linéarité efficace, et pour le respect des canons du rock : vous n’aurez pas d’apparition d’accordéon, de synthé ou de clochettes ici, c’est guitares/batterie/chant au même niveau dans les potards, tout le long de l’album, la basse me semblant un peu oubliée dans le magma. Se dégage une puissance pleine de révolte plus seulement contre un Dieu, ou pour un Satan : cette musique se veut contre tout et pour la découverte, la connaissance et la domination de tout, les dents serrées, le poing levé quoi ! Les paroles sont imprégnées d’un paganisme sanglant, le graphisme de l’objet, réalisé par le guitariste, faisant le point sur l’oeil dans le triangle en noir et blanc, bis repetita de l’esthétique occulto-punk. Reste quand même un léger sentiment d’inachevé de mon point de vue pour vraiment me rendre fou et balancer des parpaings sur les flics ou dans des vitraux d’Eglise… de plus, l’objet ici chroniqué ne me plonge pas assez dans des espaces intérieurs pour que je puisse le ranger du côté d’un psychédélisme sombrex pouvant m’aider à choper la pierre philosophale. Un album donc simple, bien exécuté mais un peu court, sur lequel il manque peut être la patine du temps sur les musiciens pour que tout cela respire plus le sapin de combat : on restera donc calé entre trois et quatre, trois et demi genre ! Style !