Lucie Cries › Auctor terminat Opus

Aaaah Lucie Cries, plus qu’un groupe, le symbole d’un combat, celui d’un groupe farouchement indépendant et de ses galères pour se promouvoir et vivre de sa musique. Une musique exigeante, héritière du gothic rock et du punk, illustrée par des textes soignés inspirés par le goût de l’histoire de son leader, Olivier Paccaud. Celles et ceux qui ont connu cette époque de la fin des 80’s connaissent les efforts menés par le jeu homme pour gérer son label Alea Jacta Est, tisser des liens avec d’autres formations tant hexagonales qu’étrangères, sortir des disques, jouer, bref faire vivre une scène intègre totalement ignorée des médias…Et ça a marché…Un temps. Avant la chute annoncée...Quel plaisir donc que de voir assemblés en deux magnifiques LPs vert marbré les quatre premiers minis du groupe. Voilà qui vous évitera de chercher le cd ‘Prima Verba' à 80 euros minimum sur Discogs. Merci qui ? Brouillard Définitif, bien sûr, qui rend pleinement justice à la musique de Lucie cries. D’abord orientée cold wave, mélancolique, un peu naïve, elle va vite muer (dès le second maxi en fait) en quelque chose de plus fier, de plus tribal, de plus conquérant, en parfaite adéquation avec les paroles. Les synthés de ‘Timisoara’ sont abandonnés au profit d’un son se rapprochant de la scène post punk goth britannique du début des 80’s, avec rythmique tribale, guitares acérées et un chant sincère assénant ses références historiques comme autant de métaphores de sa propre époque. Lucie Cries n’a pas eu droit au rayonnement de Noir Désir et pourtant ils en avaient la trempe. Trêve de nostalgie, ‘Auctor terminat Opus’ n’est pas un rêve, inutile de vous pincer; je répète: toute la genèse du groupe déclinée sur deux LPs colorés servis dans une magnifique pochette représentant les derniers jours de Pompéi qui, contrairement à Lucie Cries, ne s’est jamais relevée de ses cendres.