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Cyril M › Diffraction

cassette • 3 titres • 53:57 min

  • Face A
  • 1Diffraction27:25
  • Face B
  • 2Duo #110:00 [avec Sacha Navarro-Mendez]
  • 3Duo #216:32 [avec Sacha Navarro-Mendez]

informations

Piste 1 enregistrée en concert à la chapelle St Jean, Mulhouse. Pistes 2 et 3 enregistrées à Villeurbanne.

Peinture originale par M. Zussy. L'intégralité de l'album est en écoute sur la page bandcamp de l'artiste (voir lien ci-contre).

line up

Cyril M (guitare électrique), Sacha Navarro-Mendez (piano)

chronique

Pas toujours évident de la saisir : l’improvisation. Du point de vue de celui qui l’écoute, j’entends, qui la reçoit. De celui des musiciens aussi, à vrai dire. Ceux qui – la pratiquant – ne se contentent pas de routines, n’ont pas pour eux-mêmes l’oreille complaisante, l’admettent d’ailleurs : il y a des jours – des soirs souvent, c’est l’heure fréquente du jeu publique – où "ça passe" plus ou moins bien. Où quelque chose circule, s’attrape dans l’atmosphère et se restitue ou non, ou trop imparfaitement – où d’un côté ou de l’autre des instruments, du système de diffusion, ce qui devrait prendre corps ou faire halo, mouvement, n’est qu’effleuré ou reste réfractaire, carrément ; fermé. Difficile parfois de dire ce qui fait la différence. Délicat, spécialement, de faire passer sur disque, l’enregistrant dans l’espace littéralement moins habité, parfois très "neutre" du studio, ces musiques – art non-écrit, hors interprétation d’un texte préalable ; qui doit en revanche volontiers aux présences autour, à l’atmosphère où la place baigne… Je l’admets : je n’ai pas toujours été touché à l’écoute d’autres travaux de Cyril M. Parfois, quelque chose semblait y manquer tout juste pour que je l’entende, que son propos n’ait pas besoin d’être dit. D’autres fois – en concert surtout – je n’ai pas eu à me poser la question : le courant y était. En une occasion, lui-même avait conclu : "C’était pas la meilleure". Parfois c'est comme ça... Ici, j’aime ce qui arrive. Cette première pièce assez belle, en public, amplifiée par l’acoustique d’une chapelle – il semble que celle-là ne serve plus qu’aux concerts et à nul autre office – avec sa lente montée. Je ne saurai dire pourquoi ces moyens depuis longtemps connus – cordes jouées à l’archet apparemment, ou autre objet frottant ; boucles empilées, montées en strates ; bruit qui s’intensifie, se sature à mesure, déchire son spectre… – ne sonnent pas ici usés, à nouveau. Pourquoi même cette voix criée, soudain, sans doute reprise par le micro de l’ampli, aucun ne lui étant à priori dédié, trouve cette fois sa juste distance. J’aime bien cette houle… Mais aussi : j’aime l’autre face. Plus. Différemment. Je la trouve ailleurs. La pianiste qui joue là – debout, nous disent les notes – avec Cyril, est semble-t-il peu, pas coutumière du tout du sans-partition, de l’invention en direct des cellules, dynamiques, réponses, envois d’un musicien à l’autre. C’est peut-être bien ce qui crée cette attention palpable. Ces timbres qui s’interrogent et se complémentent, se décentrent de leur supposée justesse – au sens académique – pour trouver le sens de l’autre. Cette exactitude des vitesses qui s’emballent, qui semblent se prendre à la griserie de l’inconnu prochain souffle, de la flexion qui va suivre. La guitare a l’air de se muer en métallophone – sans doute des objets sont-ils glissés entre les cordes ; le piano carillonne, tache d’épouser, de survoler, de filer entre le oscillations du tintement et des impacts sourds. Tout à coup ça tourne aux arpèges presque folk. La bruine des touches aiguës, translucides, brillantes, perles aqueuses, continue, s’accélère. Le piano tout à coup sonne comme une harpe ou un clavecin. Probablement ladite Sacha pince-t-elle directement les cordes aux doigts, pulpes ou ongles ; ou bien s'est emparé de quelque plectre. C’est tout de suite et tout au long une autre contrée. La troisième pièce – le deuxième duo – est de ce même acabit, se tient tout aussi bien, exhale ce même plaisir à déjouer l’obstacle du "pour rien", du moment qui ne ferait que chercher. Y surviennent toujours ces laps bruités qui sont comme des plongées au plus près de la matière sonore, en elle, des accès de macroscopie qui tout aussi vite ou à mesure se desserrent, la perception regagnant sa posture debout, à l’échelle. Ce qui selon les manuels doit chanter, faire mélodies, accords, se mue en rythme : sur ses caisses, ses mécaniques. Les complexes de grincements deviennent un paysage qui donne envie d’y avancer, intrigant, mouvant, changeant mais pas effrayant. Pas vraiment. Pas rassurant non plus, complètement, mais cette musique – mais la musique – est-elle faite pour conforter, pour consoler ? Ou bien pour qu’on y risque le temps qu’elle accapare ? Je ne saurais répondre. Ce qui est donné là est fuite du péremptoire ; négation, pourtant, aussi, que tout se vaut. De l’improvisation pas consignée, pas simplement documentée – rendue plutôt telle quelle. Sans perte, cette fois, au moins pour ces deux pièces en duo – pour le concert, difficile de dire sans y avoir assisté si quelque chose échappe, s’égare dans la fixation sur support. On appellera ça, si on y tient, un mystère. Sinon, comme on voudra. Ce n’est pas toujours aisé de définir l’évident ; ce qui – à l’entendre – coule pourtant bien de source.

note       Publiée le vendredi 10 octobre 2014

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