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Zühn › Los Sueños, Lucifer [taped]

mp3 • 8 titres • 44:41 min

  • 1La Conjuration – Grande Ouverture2:12
  • 2Célébration5:06
  • 3Les Loups7:43
  • 4La Sainte Chapelle5:33
  • 5Le Débâptème9:15
  • 6Purgatoire5:24
  • 7Walpurgisnacht5:50
  • 8L’Aube Ensoleillée – Petite Finale3:38

informations

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Les quatre albums de l'artiste sont disponibles en téléchargement libre sur le site du label Los Emes Del Oso (voir lien dans la catégorie « éditions ») ainsi que sur freemusicarchive.org - où l'on peut également les écouter en streaming (voir lien ci-contre).

line up

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chronique

On entend un instant un ampli qui bourdonne. Avant la mélodie. Courte. Encore une fois comme prise d’un Orient peut-être bien inventé – entre Égypte et Liban, vers une steppe, voire ; l’espace, le ciel, sont les surfaces où tout s'étend et se réverbère. Certes, le son n’est toujours pas luxueux – peu d’effets, sans doute pas ou très peu de production, le moment passé de l’enregistrement. Mais tout est cette fois parfaitement audible. Les fréquences toutes en place, les volumes adéquats. Du côté de la modestie de moyens où elle prend sens de proximité, de visée, d’essentiel, de choix à la juste intuition. Et la musique est proche, très proche, de celle jouée sur le premier album. Lignes de guitare nues, arpèges, larsens onctueux qui s’étirent, mélismes, arabesques. Orgue luisant, en écoulement pulsé dans le noir ; accès de percussion qui sombre comme il avait affleuré. Est-ce la pochette ? Le titre ? Simplement ce son cette fois complètement lisible ? Il me semble cette fois que tout ici est bien plus attirant, que tout se nimbe ou se couvre d’une sensualité magnifique, sombre et vive, textures caressantes mais – en bouche, en fosses olfactives – fortes, puissantes, capiteuses. Les titres – et cette none qui se montre, dans le carré en niveaux de gris – annoncent une messe dévoyée, prise à revers et remontée, désenvoûtement d’un culte pour une autre communion – à même le monde, par le toucher, l’enivrement ; s’il le faut : par la sensation violente qui libère, la peur du grondement des fauves ou l'amour de la grâce à leurs courses ; la nostalgie des mousses jamais connues, le savoir des abris où l'on entend encore bruissements et cris et chants dehors ; passage qui affranchirait du Verbe, peut-être, de son hypnose néfaste, mensonge quand il se prétend souffle divin et pur – à l’exception de ces titres, au fait, aucun mot cette-fois ci ne sera encore prononcé, aucune voix humaine émise. Sous l’apparente simplicité première les timbres, en fait, se multiplient ; subtilement se dégradent, s’enrichissent ; les phrases énoncées par la guitare donnent soudain l’impression de filer à l’envers ; l’étale fascinant de ces plages se trouble, se ride, attrape les rayonnements du jour ou de la bougie, sensation que le reflet dans l’œil se détache soudain pour se fondre dans cette matière audible. Il nous est dit – c’est d’ailleurs à peu près tout ce que l’on sait de ses circonstance, de ce qui a préludé sa marche – que cette musique est improvisée. C’est en tout cas parfaitement crédible, tant le sens du temps – des permutations de rôle, dans l’instant, aussi, des renversements sur un détail infime – qui la tend et sinue, l’infuse de cette qualité insaisissable, pénétrante, semble tenir d’un jeu dans l’imminence, concentration dans l’instant même. Conjointure qui dépasse en finesse – ou surtout : en diffère – toutes les prévisions et logiques des écritures préalables. Avec le risque en plus de l’erreur, de l’approximation ; qui, déjoué, évité, saisi, rend plus belle l’unisson, aussi : les délectables dissonances ; qui donne plus sensibles le temporaire miracle de l’entente. Les rêves – los sueños, en espagnol – ne peuvent se fixer ; leur mode est celui de la hantise, de l’avertissement qui ne peut se traduire en d’autres langues, impulsion d’un fragment de seconde dont, une fois éveillé, on invente la longueur, on modèle la forme ; peut-être sont ils simple accident de charge, images aléatoires que l’esprit saisit sans les chercher, qu’il calque au cœur de l’inconscience sur des fragments de souvenirs neufs ou presque fossiles, sur des aspirations encore informes, sur des craintes, des goûts irraisonnés, des motifs réprimés ou sans cesse ré-avoués. Lucifer, dans l’histoire, n’est pas, parmi les noms donnés à l’ange tombé, celui qui dénonce le mal. Il nie la permanence d'un salut. Il est l’occasion du danger, le don de perdition au delà des jouissances déjà connues et assurées. Il porte la vibration qui rend mortel, corruptible et conscient – celle qui oblige à vivre hors de la moitié d’ombre où tout est trop tranquille. Ce corps est beau et périssable. C’est en ses plis, ses foisonnements et ses recoins que s’enroule prête à jaillir l’onde qui aveugle, et qui dévoile ; qui consume et révèle en avant de son pas.

note       Publiée le jeudi 18 septembre 2014

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(Pas seulement pour la pochette...).

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    et comme il est nécessaire d'évoquer la pochette à chaque fois qu'on commente cet album, sous peine de sacrifice de chaton de l'autre coté de la terre sous les tropiques: on pourrait lui rajouter le tag : Banned in RYM.

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    oui Earth période raiford donc moins intéressant. Ce suenos m'a travaillé 3 fois aujourd'hui, à des volumes allant crescendo; et déjà je ne doute pas de son coté grower. Je suis retourné à Lucifer Rising, aussi, entre les écoutes.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Celui-là "grandit" avec les écoutes en tout cas, je trouve. (Et Furnaces & Pyre est nettement plus dronesque, oui, à la Earth période désert... Mais pareil, hein, en fait : plus on s'y plonge moins il s'use. Enfin, pour moi, toujours et jusque là).

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    Largement moins emballé par le Furnaces et Pyres, plus typiquement Earth. Mais celui-ci est impressionnant, surtout la suite Sainte Chapelle - Debaptème. Une cérémonie sans prêtre, sans audience non plus. A tel point que les mains si proches sur la percu - tamtam sont surprenantes.

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