Heavier Than Broken Hearts › Heavier than broken hearts

Raymond Chandler disait' Dead men are heavier than broken hearts'...Faut-il y voir l'inspiration des Polonais de Heavier than broken hearts ? Toujours est-il que lourde, leur musique l'est. Pas forcément de la manière dont on l'attendrait d'ailleurs. Oeuvrant dans le même registre que les Allemands de Sweet William, le groupe propose ce que l'on pourrait décrire comme une forme de gothic rock psychédélique joué au ralenti. Il y a définitivement quelque chose d'obscur et d'urbain dans cette forme de musique; le beat sec et lent de la boîte place les compositions au rythme de l'être humain, comme pour une descente aux enfers le long des boulevards illuminés de villes trop grandes, désincarnées...A moins de songer à une promenade sous champignons le long de Mullholand Drive ou une tournée des bars les plus interlopes dans les rues parallèles aux grandes artères...Ambiances sombres, en travelling avant comme dans un vieux film en noir et blanc des années 60, mais avec un style purement hérité du gothic rock comme en attestent le timbre grave de la voix, la sécheresse de la programmation, le poids de la basse et la tristesse sale et grinçante de la guitare. Cette lenteur monochrome aurait de quoi rebuter ou ennuyer mais en réalité, elle nous happe dans une brume cotonneuse et hypnotique dont on ne veut plus s'enfuir. C'est alors que l'auditeur se trouve mûr pour mieux capter les diverses nuances du jeu, l'efficacité des climats, les mélodies. Du coup, l'album gagne une vraie cohérence et si chaque chanson peut se suffire à elle-même, elle constitue clairement une partie d'une trame plus complexe. Un film noir au sens noble du terme. 4,5/6